A moins de vivre en confinement total depuis une semaine, il ne vous aura pas échappé que Donald Trump est devenu le quarante-cinquième président de l’histoire des Etats-Unis d’Amérique. Désormais à la tête d’un pays où le sport est un pilier médiatique, il serait bon de s’intéresser d’un peu plus près aux relations qu’a entretenu Trump avec ce milieu.
Un gestionnaire mégalo
Magnat de l’immobilier et acteur récurrent de l’entertainment américain depuis plusieurs décennies, Donald Trump a tenté à plusieurs reprises de s’immiscer dans le milieu du sport. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que son bilan n’est pas glorieux. Sa débâcle la plus mémorable demeure celle de la United States Football League au milieu des années 80. L’USFL fût créée dans le but de concurrencer la NFL, avec une saison se jouant en été et au printemps, un créneau vierge de matchs de football américain. Lancée en 1983, l’USFL connaît des débuts prometteurs. De futurs grands noms de la NFL rejoignent les franchises de cette ligue dissidente dès la sortie de l’université, et le niveau de jeu global est plutôt bon. Sentant le bon coup, Donald Trump crée une franchise dès 1983: les New Jersey Generals. Considérée comme une alternative intéressante à la NFL, l’USFL va toutefois sombrer trois ans après sa création.
Déjà positionné anti-establishment et un brin mégalo, Donald Trump milite auprès des autres propriétaires de la ligue pour faire jouer la saison de l’USFL en même temps que celle de NFL. Il mène une violente campagne médiatique à l’encontre de la National Football League, qu’il qualifie de vieillotte et ringarde. Le milliardaire se positionne en faveur d’une fusion entre les deux ligues, afin de redynamiser l’image du football américain. Les analystes financiers ont beau l’avertir de la dangerosité d’un tel projet, Donald Trump fonce. L’USFL attaque le monopole de la NFL en justice en 1986, dans une guerre légale que Trump qualifiera de « superbe procédure ». L’USFL sera finalement déboutée par la justice, accusera plus de 167 millions de dollars de perte, malgré un dédommagement décidé par les cours de… 3 dollars. L’arrogance du propriétaire des New Jersey Generals aura eu raison de la ligue dissidente.
Pas refroidi par cet échec, Donald crée trois ans plus tard une course cycliste sobrement nommée « Tour de Trump ». Une course par étape sur la Côte Est américaine remportée deux fois par le jeune Lance Armstrong (1995 et 1996). L’aventure sera là encore de courte durée, Trump quittant la présidence de la course au bout de deux années. Affaibli par des scandales publiques, financiers et personnels, il est contraint de céder la direction de sa course au groupe DuPont. Pas spécialement intéressé par la petite reine, Trump considère avant tout son tour comme un habile moyen de promotion pour ses nombreux casinos et hôtels de la côte Est, en atteste l’arrivée de l’étape finale de l’édition 1989 au pied du monumental Trump Casino d’Atlantic City.
Un Entertainer chevronné
La campagne présidentielle l’a prouvée, Trump aime faire le show et se retrouver sous les projecteurs. Le goût de Trump pour le divertissement n’a toutefois pas étonné ceux qui passaient leur samedi soir devant Catch Attack sur NT1 avec les mythiques Philipe Chereau et Christophe Agius au commentaire. Car oui, le nouveau président des Etats-Unis a eu une brève carrière de catcheur. En 2007, le natif du Queens a été engagé dans une « guerre » avec le président de la WWE Vince McMahon. Le point d’orgue de cette rivalité orchestrée entre les deux milliardaires excentriques ? La tonte intégrale du chairman de la WWE par Donald Trump. Entrant sur le ring au son du titre « Money, Money », Donald Trump se positionne une fois de plus comme un personnage qui compte dans le paysage audiovisuel américain. Mais là encore, le business n’est pas loin. En réalité amis, Trump et McMahon collaborent depuis longtemps, les hôtels et casinos de Donald ayant accueilli plusieurs Wrestlemania et d’autres événements majeurs de la WWE.
Depuis son ascension à la tête du groupe Trump, le républicain n’a eu cesse de multiplier les amitiés avec des personnalités du monde du sport, de Mike Tyson pour qui il organisera plusieurs combats, à l’extravagant Dennis Rodman, sans oublier le puissant Brian France, le boss du NASCAR. Même si Hillary Clinton a bénéficié de la majorité des soutiens des sportifs américains, Donald Trump a récolté les faveurs de certains influents propriétaires de franchises NFL, comme le montrent bien les dons conséquents des propriétaires des Houston Texans, des New York Jets et des Tampa Bay Buccaneers pour soutenir sa campagne. En bon milliardaire qu’il est, Trump ne manque pas une occasion d’apparaître dans sa loge de Flushing Meadows à l’occasion de l’US Open, ou d’arpenter les terrains de golf du pays. Networking et jeux d’influence seraient au cœur de ses parcours avec d’autres chefs d’entreprises et représentants politiques.
Le futur en question
Les Etats-Unis sont des candidats déclarés à l’organisation des Jeux Olympiques de 2024, ainsi qu’à celle de la Coupe du Monde de football 2026. Même s’il faudra attendre le début de sa gouvernance pour se faire une idée plus claire sur la question, la présence de Trump au sommet de l’état américain risque de fragiliser ses deux candidatures. En ballottage avec Paris pour l’obtention des JO 2024, Los Angeles pourrait subir les dommages collatéraux des propositions du président élu. Certains représentants du CIO ont déjà exprimé des réserves à l’encontre du républicain l’été dernier, et il ne fait aucun doute que ses positions extrêmes sur les communautés latinos et musulmanes risquent de faire beaucoup de mal à la candidature de la Cité des Anges auprès du collège électoral.
Concernant la Coupe du Monde 2026, la situation est légèrement différente. Les premiers échos font part d’une volonté de la FIFA d’élargir le nombre de pays qualifié pour l’évènement, passant de 32 pays à 40 (48 pays a même été évoqué). L’instance dirigeante du football mondial verrait donc d’un bon œil une organisation conjointe par plusieurs pays, à la manière de la Coupe du Monde 2002 au Japon et en Corée du Sud. Logiquement favorite, la collaboration Canada/USA/Mexique pourrait prendre du plomb dans l’aile en cas de rupture des accords de libre-échange entre ces pays, mesure proposée par Trump lors de sa campagne. Et que dire de sa volonté d’ériger un mur à la frontière mexicano-américaine ? Les relations que le nouveau président établira avec ses voisins permettront d’y voir plus clair quand à la force de la candidature Nord-Américaine. Trump parviendra-t-il à obtenir l’organisation d’un grand événement mondial sur son sol ? L’avenir nous le dira. Sa relation avec le monde du sport le montre bien, quoiqu’il arrive, The Show Must Go On.
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