Leonard Cohen, un artiste au panthéon de la musique

Comme un symbole, c’est le 11 novembre dernier que la nouvelle se répand : les obsèques de Léonard Cohen, alors âgé de 82 ans, ont eu lieu la veille. Une mort accidentelle lors de la nuit du 7 novembre. Ce poète et chanteur canadien laisse derrière lui 50 années de carrière et un dernier album aux allures prémonitoires intitulé You Want It Darker.

Portrait d’un homme venu des sixties’, laissant son empreinte sur le paysage musical moderne.

Une plume derrière une voix

C’est par dépit (ou par chance), que Léonard Cohen se lança très tardivement (la trentaine tout juste passée) dans le songwriting. D’abord modeste poète et romancier, il ne connaît pas un grand succès dans la « littérature » à proprement parler.

Mais Cohen est un génie, et bien plus que ça ; au point de réinventer le concept de littérature : il est consenti depuis quelques temps au prix Nobel de Littérature, au même titre que Dylan maintenant récompensé. Cette « littérature », nous l’avons retrouvé à travers ses nombreux albums, quatorze au total. Une littérature réfléchie, complexe, touchant du doigt la perfection. Admiré par certains comme détesté par d’autres, cet énigmatique chansonnier à la voix aussi grave que profonde ne laissera jamais personne indifférent.

La pop, la folk ont marqué sa carrière. S’essayant même à l’électro et à la country, le « style Cohen » n’a ni âge et ne s’identifie à aucun genre musical. Entre mélange des genres et complexité de ses paroles, Cohen restera le monstre sacré de la musique.

 

Un air « baudelairien » dans sa personne

leonard_cohen_2127 L’amour, le voyage, la religion, la solitude, la question de l’Homme sont des thèmes « hantant » l’œuvre de Cohen, jugée trop courte par certains. Il mit même de côté sa carrière un temps dans les années 90’ afin de se consacrer entièrement au bouddhisme dans un monastère. Un auteur humaniste ? Certainement. Il est clair que ce dernier était en recherche de réponses, de spiritualité. L’histoire n’a jamais dit s’il les obtenues un jour.

Ses 14 albums nous délivrent des textes sombres, mélancoliques, intimistes, manifeste de la torture d’un esprit qui n’hésitait pas à « plancher » des heures pour trouver enfin les mots tant espérés. Un poète baudelairien ? Sans doute.

Tout comme son prédécesseur poète, en la personne de Charles Baudelaire, Cohen a toujours été comparé, et a vécu un temps dans l’ombre de certains. Comparé à Dylan pour son côté « troubadour » ou encore à Cash pour son « rock », Cohen n’a cessé d’entendre défiler ces noms mais a toujours répondu avec une modestie qui lui est propre. Le monde dira sûrement dans quelques années qu’il n’a jamais été égalé.

Un chanteur qui n’a jamais vécu à la bonne époque

Celui qui n’a rarement atteint les hit-parades ne s’est jamais installé dans le siège confortable de « l’interprète/auteur/compositeur de sa génération ». Mais à l’image de sa chanson Hallelujah (probablement la chanson la plus reprise dans le monde), le succès des nombreuses reprises des chansons de Cohen (parfois des années plus tard) est la preuve que ce génie n’a jamais été « en fusion » avec son époque. Un brin trop visionnaire ? Plutôt une réelle source d’inspiration.

 

Néanmoins, cet artiste en herbe laissera « balader » ses chansons, devenues des mythes, à travers les années. Nous retiendrons l’image d’un artiste « seulement » notable à son époque, devenue une référence de nos jours.

L’hécatombe continue, la pluie d’hommages qui s’en suit. 2016, une année noire me diriez-vous ? Je vous répondrai qu’indéniablement avec la mort de celui qui en a inspiré tant, en la personne de Cohen. Hier décédé, vous pouvez vous en assurer dès aujourd’hui, son ombre planera sur la musique de demain. Quant à nous, il ne nous reste plus qu’à lui adresser cette dernière parole : « Hallelujah ! ».