Marek Hamšík, le roi sans couronne du Napoli

La plus belle crête du football mondial attend le Real Madrid de pied ferme. Un exploit des napolitains face aux champions d’Europe passera forcément par une grande prestation de leur capitaine slovaque.

Le message est clair :  “Les supporters vont nous aider énormément et je sais que le cri ‘Champions !’, on l’entendra jusqu’à Turin. C’est un grand match contre de très grands joueurs et on doit en profiter. Ça ne doit pas nous donner plus de pression, mais ça doit nous donner de la force, comme le public nous donnera de la force. Pour les tifosi aussi c’est un match dont il faut profiter”. Marek Hamšík veut y croire et il a bien raison.

Evoluant dans la fureur du San Paolo depuis maintenant une décennie, celui que les tifosis appellent Marakiaro sait que tout est possible dans l’incandescence des nuits européennes. Véritable emblème du club, Hamšík a l’occasion d’entrer définitivement dans la mémoire collective napolitaine en cas d’élimination du Real Madrid. Ce potentiel exploit aurait la forme d’une apothéose pour le capitaine du Partenopei. Car Marek est un fidèle parmi les fidèles.

Un parcours limpide

Marek Hamšík débarque en Italie en 2004, à Brescia. Acheté au Slovan Bratislava pour 500 000 €, le jeune slovaque fait ses premiers pas en Serie A à seulement 17 ans. Il passera pourtant la majorité de son temps en Serie B, Brescia descendant à l’étage inférieur dès 2005. Le milieu de terrain n’arbore pas encore sa crête, mais il est déjà remarquable sur le terrain. Hamšík devient rapidement un pilier dans l’organisation tactique d’un club qui a notamment vu défilé dans ses rangs Roberto Baggio, Andrea Pirlo, Pep Guardiola, Luca Toni ou encore Alessandro Tacchinardi.

Epoque Brescia

Lorsque Hamšík pose le pied en Italie, le Napoli est au fond du trou. Relégué administrativement en 3ème division suite à une faillite, le club qui a accueilli Maradona est menacé de mort. Le producteur de cinéma Aurelio De Laurentiis décide alors de racheter le club dans le but de lui rendre ces lettres de noblesse.

Naples retrouvera la Serie A en 2007, après avoir passé deux ans en Serie C et un an en Serie B (la même année que la Juventus). De retour dans l’élite, le Napoli recrute afin de s’installer durablement en première division. Voilà que débarque un jeune argentin venu tout droit de San Lorenzo, Ezequiel Lavezzi, ainsi qu’un jeune slovaque impressionnant en Serie B : Marek Hamšík.

La folie et l’exubérance de la vie napolitaine ne semblent pas avoir d’effets néfastes sur le jeune joueur. Les débuts du natif de Banská Bystrica sous le maillot azzuri sont éblouissants. Meilleur buteur du club lors de ses trois premières saisons en Campanie, Marek Hamšík devient très vite indéboulonnable dans l’entrejeu du Napoli. Capable d’évoluer à peu près partout au milieu de terrain, que ce soit dans l’axe ou sur un aile, le slovaque possède un sens du but remarquable.

Le plus fidèle des soldats

Son intelligence de jeu bien au-dessus de la moyenne ainsi que son abattage constant lui valent d’être comparé à Pavel Nedved, dont nous vous parlions il y a quelques semaines. Une comparaison validée par le tchèque en 2010 : “Hamšík est mon héritier. Il est le joueur qui me correspond le plus en terme de caractéristiques et de style de jeu”. Une consécration pour le joueur qui porte le Napoli sur ses épaules depuis le retour du club dans l’élite.

Hamšík va ensuite faire partie d’un trio d’attaque redouté par toute l’Europe lorsque Edinson Cavani viendra poser ses valises dans la ville volcanique. Toujours placée mais jamais gagnante au sein d’une Serie A dominée par la Juventus, l’armada offensive napolitaine remportera tout de même la Coupe d’Italie 2012, en battant ces-mêmes turinois en finale, sur le score de 2-0 (buts inscrits par Hamšík et Cavani).

Cette saison sera également celle de la magnifique confrontation perdue face à Chelsea en 8ème de finale de Ligue des Champions (Victoire 3-1 au San Paolo avant de perdre 4-1 à Stamford Bridge), des rencontres que le trio partonopei éblouira par sa classe. Courtisés par les plus grands clubs d’Europe, Hamšík, Cavani et Lavezzi prendront des chemins différents. El Pocho partira au PSG à l’été 2012, rejoint par El Matador un an plus tard. Quand à Hamšík, il décide de rester chez lui, à Naples.

Un trio en or

Il faut dire que le slovaque se sent bien dans une ville qui respire football jour et nuit. Le ballon rond est une véritable religion dans les rues de Naples et cette ferveur oppressante colle parfaitement à la personnalité enflammé de Marekario.

Et force est de constater qu’il fait d’ores et déjà figure de monument dans l’histoire du club.

Hamšík est aujourd’hui le 3ème joueur avec le plus grand nombre d’apparitions sous le maillot napolitain, comptabilisant 433 matchs joués. Il est à 78 rencontres du record absolu de 511 matchs, détenu par Giuseppe Bruscolotti. Encore plus impressionnant, Marek Hamšík est à seulement 6 réalisations de devenir le meilleur buteur de l’histoire du club azzuri. Les 115 buts de Diego Maradona sous la tunique azzuri seront sans aucun doute effacés des tablettes d’ici la fin de la saison.

Ses records parviennent toutefois difficilement à masquer la cruelle absence de palmarès du capitaine du Napoli. Avec seulement deux Coupes d’Italie et une Supercoupe d’Italie au compteur, la liste des trophées remportés par Hamšík est rapidement dressée.

Quand ses fans salueront la fidélité exemplaire du slovaque à sa ville et à son équipe, ses détracteurs l’accuseront de ne jamais être sorti de sa zone de confort en allant se frotter au gratin européen au sein d’une formation d’envergure supérieure. Car c’est bien en tant qu’idole du San Paolo que Marakiaro ira se frotter au grand Real. Pour le plus grand plaisir d’une ville qui est amoureuse d’une crête depuis bien longtemps.