Battu 6-1, le PSG vient de marquer l’histoire du football français et européen de la pire des manières.
Il y a eu les poteaux carrés de Glasgow en 76. Il y a eu Séville 82. Il y a eu Berlin 2006. Il y a eu la finale de l’Euro 2016. Il y aura désormais le Camp Nou, un soir de 8 mars. La déroute parisienne a rejoint la longue liste des traumatismes du football français. Jamais dans l’histoire des Coupes d’Europe une équipe n’avait remonté un déficit de quatre buts à rien. Barcelone l’a fait. Ou plutôt, le PSG l’a laissé faire. Lamentables du début à la fin de la rencontre, les parisiens ont montré le gouffre qui les sépare encore du très haut niveau européen. Et au lendemain de cet échec retentissant on peut se demander si ce gouffre sera un jour comblé.
Alors que le 4-0 infligé au match aller nous avait laissé entrevoir une équipe au sommet sur les plans tactiques et psychologiques, ce match retour s’apparente lui à un naufrage. Chacun trouvera son coupable idéal pour tenter de mettre des mots sur ce cataclysme, mais la faillite parisienne est avant tout collective. Emery et ses joueurs ont eu faux sur toute la ligne ce mercredi soir. Ils l’ont payé au prix fort. Paris vient de subir la plus grande humiliation de l’histoire du football français.
Des hommes contre des enfants
Tétanisés, livides, apeurés : Les parisiens étaient méconnaissables sur la pelouse barcelonaise. Evoluant d’entrée extrêmement bas et incapable de ressortir proprement le peu de ballons grattés dans les pieds catalans, le PSG s’est agenouillé sans même combattre. Bouffés dans l’engagement, les joueurs de la capitale ne gagnent pas un duel. Pire, les gros plans de la réalisation TV nous montrent les visages blêmes et inquiets des soldats d’Emery. Battu par les flots, Paris se prépare à sombrer.
Bien sûr, personne ne s’attendait à voir le PSG jouer le même match qu’à l’aller. Le contexte était bien trop différent. Mais personne ne s’attendait à voir évoluer un Paris aussi piteux et hors du coup. En garant le bus devant son but dès le coup d’envoi, Emery a commis une grosse erreur. Il suffit de constater l’absurdité des trois premiers buts encaissés par les parisiens pour s’en rendre compte. De son côté, Barcelone a joué son jeu habituel, sans pour tant être brillant. A l’exception de Neymar qui marchait sur l’eau ce mercredi soir. Les catalans n’ont pas eu à forcer leur talent, tant Paris s’est fait dévoré par sa propre peur.
PSG completed just FOUR passes between the 85th minute and full-time.
THREE of those were from kick-off after conceding Barcelona goals. pic.twitter.com/G0odu6jhjj
— James McManus (@JamesMcManus1) March 8, 2017
Un effondrement collectif
Si l’on met Edinson Cavani de côté, il était tout simplement impossible de reconnaître le moindre joueur du PSG hier soir. A l’image de la charnière Thiago Silva-Marquinhos à la rue pendant quatre-vingt dix minutes, les parisiens n’ont jamais paru aussi faibles et fragiles. L’exemple de Thiago Silva est peut-être le plus frappant. Censé guider son équipe dans les grands rendez-vous, il a une fois prouvé que son mental n’était pas à la hauteur. Il est peut-être temps de tourner la page.
Verratti, Rabiot et Matuidi ont eux livré leur plus mauvais match sous le maillot du PSG. Si impressionnant à l’aller, le milieu de terrain parisien n’a pas existé une seule seconde au Camp Nou. Sans cesse en train de reculer, incapable de tenir le ballon et d’aligner trois passes, le trio s’est fait piétiner par la maestria catalane. Sans véritable capitaine à bord, difficile de survivre lorsque l’on traverse une tempête comme hier soir. Les leaders ont encore une fois failli.
Unai Emery nous avait prouvé lors du match aller qu’il était l’entraîneur qui pouvait faire passer le Paris Saint-Germain dans une autre dimension. Le simulacre de football joué hier soir par ses hommes doit-il tout remettre en question ? Comme nous l’avons dit plus haut, chacun trouvera son coupable. Loin d’être le seul fautif dans ce fiasco, le basque a pourtant sa part de responsabilité.
Pourquoi avoir gardé Lucas et Matuidi aussi longtemps sur le terrain ? Pourquoi ne pas avoir fait entrer Pastore pour garder la balle ? Pourquoi avoir fait entrer Aurier ? Pourquoi avoir adopté cette stratégie suicidaire du tout pour la défense dès l’entame de match ? D’une nervosité extrême tout au long de la rencontre, Unai Emery a vécu la pire soirée de sa carrière d’entraîneur. La préparation et l’exécution du match aller frôlaient le sublime. Hier soir, Emery a tout raté.
Un projet remis en question
En inscrivant 3 buts lors des 7 dernières minutes de jeu, Barcelone a asséné un terrible coup au projet parisien. Cette claque est incomparable avec les éliminations des années passées. En position idéale pour éliminer un grand d’Europe, Paris s’est tout simplement effondré au cours d’un match qui fera date. C’est un aveu de faiblesse que le PSG a envoyé au monde hier soir. Pour parler grossièrement, le Barça a montré qu’il avait les cojones que Paris n’a jamais eu. Revenus de l’enfer, les catalans y ont traîné les parisiens.
Aucun des joueurs présents au Camp Nou ce mercredi soir n’oubliera cette soirée cauchemardesque. Aucun fan parisien n’oubliera ce calvaire conclu par une volée de Sergi Roberto. Mais maintenant déjà, la question de l’après se doit d’être posée. Comment expliquer un tel cataclysme ? Qui doit rester, qui doit partir ? Le PSG avait donné l’impression d’avoir franchi un cap cette saison. Il n’en est finalement rien. Même si les dramatiques problèmes de fond qui ont conduit le club jusqu’à ce mercredi 8 mars devront être traités au plus vite, Paris ne doit pas oublier qu’il a encore de nombreuses batailles à disputer en championnat et dans les coupes nationales. Mais après une telle humiliation, rien ne dit qu’il aura encore la force de sortir la tête de l’eau.