La présence en sélection ou non de l’attaquant du Real Madrid est un débat sans fin.
Apparu pour la dernière fois sous le maillot bleu face à l’Arménie le 11 octobre 2015, Karim Benzema avait ce soir là inscrit un joli doublé. Quelques jours plus tard, l’affaire de la sex-tape sortait dans les médias, causant un séisme médiatique dont l’onde de choc retentit encore aujourd’hui, à chaque rassemblement de la sélection tricolore. Le numéro 10 des Bleus est mis en examen en novembre 2015 pour “complicité de tentative de chantage et participation à une association de malfaiteurs”.
Le 13 avril, la fédération et le sélectionneur annoncent sans grande surprise que Benzema ne sera pas retenu pour participer à l’Euro organisé en France. L’avant-centre du Real Madrid ne correspond pas aux critères “d’exemplarité et de préservation du groupe” détaillés dans la charte éthique de la FFF, instaurée par Deschamps au lendemain d’un calamiteux Euro 2012.
L’équipe de France prépare sa compétition sans Benzema, dont l’ombre plane malgré tout sur Clairefontaine. En effet, le 1er juin, l’attaquant se montre extrêmement virulent à l’encontre de Deschamps et de la FFF au cours d’une désormais fameuse interview à Marca où il accuse le sélectionneur d’avoir “cédé à une partie raciste de la France”. Il n’en faut pas plus pour provoquer un nouveau déchaînement de l’opinion public. Tout le monde en France donne son avis sur le cas Benzema. Ses soutiens et ses détracteurs croisent une fois de plus le fer en laissant souvent la mesure et la nuance de côté. L’écart de trop pour certains, un constat lucide pour d’autres, cette affaire résumant bien les déchirements sociaux du pays.Un Euro presque remporté et l’affirmation d’Antoine Griezmann comme leader technique des Bleus plus tard, Benzema n’a toujours pas remis les pieds en équipe de France. Chaque annonce des 23 fait remonter ce vieux serpent de mer à la surface, relançant ainsi un débat qui paraît sans fin. Interviewé à Madrid par RMC vendredi dernier, Karim déclarait n’avoir reçu aucun coup de fil de Deschamps depuis plus d’un an. Reprochant aux instances du football français leur manque de clarté à son égard, l’ancien lyonnais a une fois de plus clamé son amour pour le maillot de l’équipe de France. Il ajoutera également qu’il ne voit pas en quoi il devrait s’excuser par rapport à ses propos tenus dans le quotidien madrilène. Chacun se fera son avis.
Ce lundi, après un nouveau match plein d’Olivier Giroud, certes face aux Luxembourg, Benzema refait parler de lui en likant un post Instagram le comparant à l’attaquant des Gunners. De quoi remettre en perspective ses propos avançant qu’il n’avait de problèmes avec aucun de ses coéquipiers, et surtout, de quoi donner du grain à moudre à ceux qui pensent que KB9 a une influence néfaste sur le groupe France. Il est désormais temps de se rendre à l’évidence. A un an et demi de la Coupe du Monde russe, Benzema n’a jamais paru aussi loin de l’équipe de France.
Je peux défendre H24 le génie foot de KB9 mais pas son cerveau défaillant
Qu'il prenne sa retraite int. qu'on finisse cette mascarade https://t.co/SSnSgXMEuB— Michel-Michel-Michel (@LeKouss) March 27, 2017
Ce n’est pas la première fois dans l’histoire de l’équipe de France qu’un joueur majeur est mis de côté. Eric Cantona et David Ginola peuvent en témoigner. Et à la même question de revenir encore et toujours : La sélection tricolore a-t-elle vraiment besoin du dernier rescapé de l’ô combien talentueuse génération 87 ? L’émergence de la force de frappe fraîche et explosive symbolisée par les Dembélé, Mbappé, Coman ou encore Lemar ne va pas dans ce sens. L’entente Giroud-Griezmann a fait ses preuves au plus haut niveau et Deschamps semble vouloir s’appuyer dessus. Derrière cette doublette, Kevin Gameiro et surtout Alexandre Lacazette, même si le gone n’a pas été appelé pour ce rassemblement, sont des choix solides.
Didier Deschamps est un pragmatique. Il semble peu probable de le voir chambouler l’équilibre qu’il a instauré à sa sélection. Même s’il n’est pas un tacticien révolutionnaire, le basque est un meneur d’homme de talent. Rappeler Benzema représenterait pour lui un gros risque de perturber la dynamique de groupe. Élement essentiel de la BBC madrilène, l’avant-centre n’a pourtant jamais véritablement éclaboussé l’équipe de France de son talent. Deschamps sait qu’un onze performant repose sur le collectif et non sur une addition d’individualités, aussi talentueuses soient-elles.
Bien évidemment, la situation Benzema doit être clarifiée. Un coup de fil de la part du sélectionneur à l’avant-centre du Real serait la moindre des choses. Une explication d’homme à homme afin d’envoyer un message clair est devenue vitale. Mais très touché par les attaques l’ayant visé (notamment la dégradation de sa propriété en Bretagne) après l’annonce de la non-sélection de la Benz’ à l’Euro, Deschamps n’a peut-être même plus envie de dialoguer avec son joueur.
D’un côté comme de l’autre, la stratégie de communication interroge. Ce flou continuel dessert Benzema, Deschamps et la FFF. Benzema n’est plus suspendu et il se montre performant à la pointe de l’attaque du champion d’Europe en titre. En équipe de France, les choix offensifs ne manquent pas et un socle de groupe est bien défini. Que Benzema revienne ou non n’est plus la question la plus brûlante. Non, ce qu’il faut maintenant c’est que des décisions claires soient prises et communiquées aux 60 millions de sélectionneurs que comptent la France. Il est temps de décrocher le téléphone, la mascarade a assez duré.