À quelques semaines seulement de fouler la scène du Trabendo à Paris et celle des Nuits sonores de Lyon, Stormzy est devenu le nouvel homme fort de la scène hip-hop outre-Manche.
Le phénomène est tel qu’il a réussi en février dernier à placer son dernier opus « Gang Signs & Prayer » à la première place des charts anglais. Il peut désormais être le fer de lance du hip-hop anglais, tout en gardant son amour du rap encore « underground » et des sonorités R&B et pop.
Nous sommes en février 2016, les BRITs Awards, équivalents des Victoires de la Musique au Royaume-Uni récompensaient les nombreux artistes ayant marqué l’année. Adele en sortira grande gagnante avec 4 BRITs Awards et Justin Bieber ou encore James Bay rencontreront également un franc succès. Vous me direz : quel est le problème ? Aucun artiste noir n’a été nominé dans les catégories phares. Résultat, les fans de hip-hop pestent à juste titre contre l’absence de musique urbaine dans les nominations. Et pourtant, l’Angleterre, pays qui respire la pop, le rock ou encore les nouveaux boysband et girl-band, connaît aujourd’hui une véritable renaissance artistique dans cette culture, dont le nouvel emblème est Stormzy.
Le rappeur prêt à réconcilier les genres
Dès la première écoute de son album Gang Signs & Prayer, plusieurs questions tombent : est-ce un rappeur qui, comme beaucoup avant lui, s’est laissé emporter par la vague du commercial, lui qui ne berce désormais plus vraiment dans l’indépendant (il est aujourd’hui distribué par Warner) ou est-il resté cloîtré dans son rap, pur et dur, largement puisé dans la grime, comme il l’avait démontré de si nombreuses fois ? Finalement, le jeune rappeur anglais a décidé de ne pas choisir. Si certains morceaux mélangent parfaitement les univers du chant et du R&B comme le titre « Cigarettes & Cush », Stormzy s’offre des plaisirs très streets en choisissant pour singles « Cold », morceau punchy et purement dans son style, et l’énorme « Big For Your Boots ». Cet éclectisme fait désormais sa force, Stormzy sait jouer sur tous les terrains et compte bien le prouver, sans perdre les racines de ce qui a fait sa musique — et désormais son succès.
Acclamé par la critique anglaise, pourtant très dure quand il s’agit de donner son avis sur les albums mainstreams, Stormzy a réussi là ou d’autres se sont cassés les dents : affirmer son genre auprès des fans de la première heure, qui l’ont découvert avec des freestyles de rue, tout conquérant également ceux qui l’ont découvert lors de sa prestation de « Shape Of You » avec son grand ami Ed Sheeran lors des BRITs Awards 2017.
Longtemps comparé à Tinie Tempah, l’un des autres grand nom du rap britannique, Stormzy se différencie grâce à cet atout : avoir travaillé sa street-credibility.
Son influence, un atout majeur
Malgré sa jeunesse, Stormzy est déjà un personnage médiatique de poids au Royaume-Uni et l’un des rappeurs les plus influents auprès des fans de rap de la première heure tout comme auprès des plus jeunes. Un EP Dreamers Diseases sorti en 2013 et une mixtape 168 lui ont permis de jouir d’une notoriété sans précédent à l’instar de Skepta, l’autre géant de la grime londonienne.
Mais Stormzy, de par son style de caractère insaisissable, parfois produit marketing dans une publicité avec Paul Pogba pour Adidas, parfois freestyler obscur dans une Église avec une chorale de ghospel, fascine les foules. En clair, ce jeune homme de 23 ans possède déjà l’influence outre-Manche d’un Booba ou d’un Rohff en France, tout en étant qu’aux prémices de sa carrière. On peut aisément imaginer que son influence, sa notoriété et son talent vont servir de tremplin à une scène hip-hop anglaise talentueuse mais très peu médiatisée au-delà de ses propres frontières.
Alors que les nouveaux artistes britanniques comme Loyle Carner ou le génial Sampha fouleront tout comme lui la scène de Glastonbury cet été, Stormzy est, aujourd’hui déjà, la nouvelle idole du hip-hop anglais. À seulement 23 ans, Michael Omari de son vrai nom a tout les atouts en main pour étendre son influence au monde du hip-hop dans son ensemble.