LeBron James s’apprête à jouer sa neuvième finale de conférence face à Boston ce soir, sa septième de suite. Écrasant encore et toujours la concurrence cette saison, la question mérite donc d’être posée : et si l’ailier de Cleveland jouait tout simplement son meilleur basket ?
À seulement 32 ans, James a tout gagné et tout prouvé. Tyronn Lue, son coach aime à le rappeler, son joueur est un remarquable scoreur, ce que beaucoup ont tendance à oublier. Pour rappel, James c’est deux saisons à plus de 30 unités de moyenne dont le titre de meilleur marqueur lors de l’exercice 2007-08. De multiples saisons avec un player efficiency rating (PER) au-dessus de 30 dès 24 ans, une première dans les années 2000.
LeBron a toujours fourni des saisons incroyables en NBA, à l’image de l’année dernière avec un premier titre de champion pour sa franchise. Mais aujourd’hui, lors de cette saison 2016-17, il se pourrait bien que LeBron réussisse l’exploit de sortir une saison encore meilleure.
Collectivement parlant, c’est une seconde place en conférence Est derrière Boston avec seulement 51 victoires. Un bilan déjà inférieur aux précédentes années et forcément une déception en soi. Bien que Cleveland n’a pas forcé pour aller chercher la première place, les mois de janvier et de mars ont été compliqués. Mais intéressons-nous plutôt au côté purement individuel de LeBron, tout d’abord en saison régulière.
Prenons les statistiques les plus connues et utilisées dans la ligue : points, rebonds, passes et quelques petits exemples en plus. Si le King marque moins que d’habitude (26,4 points de moyenne), cela s’explique avant tout par le partage impressionnant qu’il réalise en attaque. Entouré de joueur comme Kyrie Irving ou Kevin Love, le natif d’Akron prend moins de tirs que par le passé. 18,2 tirs de moyenne cette saison, c’est bien inférieur à ses 23 en 2005-06 ou ses 22 deux ans plus tard. LeBron partage plus, mais est toujours aussi efficace et lucide. Avec 54,8 % au tir, c’est sa troisième meilleure saison au tir ainsi qu’à longue distance avec 36,3 %.
En matière de rebonds et de passes, le constat est assez simple pour LeBron : ce sont ses meilleures. Avec 8,6 rebonds et 8,7 passes, il a optimisé son utilisation de la balle et cela se ressent au niveau statistique. Si l’on se penche sur son “usage rate” (le % d’utilisation du ballon, c’est-à-dire l’impact du joueur sur les points de son équipe), il est seulement de 30 %. Son troisième plus bas pourcentage en carrière et pourtant des statistiques meilleures, prouvant que LeBron utilise de manière plus intelligente le ballon, notamment grâce à sa connaissance du jeu en progrès constant. On peut tout de même noter qu’il perd 4,1 ballons par match, son pire total en carrière. Avec une utilisation du ballon (usage rate) similaire à Russell Westbrook (plus de 40 pour le meneur du Thunder), LeBron pourrait ainsi perdre autant de ballons que Westbrook, qui a été décrié pour ça cette saison.
Une autre statistique mérite d’être mentionnée, celle du temps de jeu de LeBron. 37,8 minutes, supérieures à ses deux premières années à Cleveland, mais inférieure au reste de sa carrière, le King comptant toujours plus de 40 minutes de temps de jeu durant les années 2004 jusqu’à 2008. Un temps de jeu réduit au fil des années, fort logique vu son âge, mais avec une efficacité constante. Car LeBron est un bosseur possédant une hygiène de vie irréprochable, demandez plutôt à Kyle Korver arrivé en cours d’année :
Il avait joué 38 minutes, il avait joué dur. Et le lendemain matin, il était sur le VersaClimber quand tout le monde est arrivé, en sueur faisant un énorme entraînement de puissance et cardio. Il était là “les playoffs arrivent ! Je dois être prêt ! Je dois être capable de jouer de nombreuses minutes et jouer à haut niveau !” J’étais époustouflé.
Côté playoffs, deux sweeps face à Indiana et Toronto, et une domination totale du King. Avec 34,4 points, l’ailier réalise sa deuxième meilleure performance en playoffs derrière sa saison 2008-09, encore elle. Ajoutez à cela 9 rebonds et 7,1 passes et vous obtenez des performances toujours aussi complètes, même si l’on est loin de ses records, comme avec ses 11,3 rebonds de moyenne il y a deux ans en playoffs. Cependant, avec 46,8 % sur les tirs primés, le King n’a jamais été aussi adroit qu’aujourd’hui. Une domination face à Paul George et ses compères qui n’a jamais aussi semblé lourde, prouvant une fois de plus sa capacité à être clutch.
Les 10 derniers matchs de Lebron en PO
41-16-7-3
41-8-11-4
27-11-11-2
36-6-13-3
25-10-7-4
41-13-12-1
33-10-4-4
35-10-4-1
39-6-4-3
35-8-7-1 pic.twitter.com/Il0ZUZJprJ— Cavs France (@CavsFRA) May 6, 2017
Ses statistiques avancées sont toujours aussi bluffantes. Si LeBron ne bat pas spécialement de record en la matière, c’est peut-être la première fois qu’il semble dominer sur tous les tableaux en même temps. Première saison à plus de 25 points, 8 passes et 8 rebonds en saison régulières avec d’énormes pourcentages, LeBron domine. Seul un point vient entacher ses performances, et peut-être l’un des rares points faibles du joueur à l’heure qu’il est : les lancers-francs.
Avec 67,4 % en saison régulière, LeBron n’a jamais aussi été maladroit sur la ligne, 7,2 tentatives par match, seulement 4,8 lancers rentrés, c’est relativement peu pour un joueur qui veut tutoyer la perfection. En playoffs son pourcentage s’améliore avec 72,8 %, mais encore une fois, rien d’extraordinaire. LeBron rentre toutefois les lancers qui comptent, les plus décisifs, et c’est là le plus important.
Avec un jeu tout aussi puissant, mais plus juste, LeBron semble dominer plus que jamais sur le terrain, dictant le jeu de son équipe, son tempo et sa vitesse. Il a dominé sa saison et domine encore plus que jamais en playoffs. C’est simple, dès que le King accélère, personne ne semble capable de l’arrêter. Au terme d’une saison régulière maîtrisée, il ne semble pas y avoir de MVP cette saison pour le King, sauf retournement incroyable de situation, mais pas de doute quant à qui est le meilleur joueur dans la NBA actuelle.
Sa saison est propre individuellement, remplie de réalisme et de dominance. LeBron continue de jouer juste. A 32 ans, Il s’apprête à rentrer dans le cercle très fermé des joueurs à 50.000 minutes de jeu. Sa saison 2008-09 était un bijou, un monstre lâché, mais sa saison aujourd’hui impressionne toujours autant. Par l’âge, par la facilité qu’il dégage, par ses choix, LeBron dégage une présence incalculable sur le parquet, le joueur parvient encore à impressionner, même ses détracteurs. Un joueur que beaucoup voyaient décliner avec le temps, mais qui semble pourtant être capable de se réinventer de jour en jour. Plus adroit, il sait que sa puissance ne sera pas toujours à ce niveau et qu’il devra compter sur son tir de plus en plus, demandez donc à Vince Carter qui passe de beaux jours à Memphis.
Pour le consultant Jeff Van Gundy, il faudrait commencer à débattre entre Michael Jordan et LeBron James en cas de titre pour les Cavs face à ces Warriors là. Une comparaison qui suit LeBron d’année en année, mais qui ne semble pas l’atteindre. Michael Jordan est une légende, LeBron James en est d’ores et déjà une autre. Un nom qui résonnera encore pendant plusieurs générations sur la planète basket.
C’est maintenant au tour de Boston de trouver un moyen de battre Cleveland et son roi ce soir, sur une série de 7 matchs avec un joueur d’un tel niveau, cela relève de l’exploit. Avec 29,3 points, 9,5 rebonds et 9,8 passes cette saison sur 4 matchs, LeBron apprécie plutôt bien les Celtics jusqu’à présent. Plus que jamais, Golden State et Cleveland sont faits pour se retrouver.