Comment LaVar Ball est devenu l’homme le plus détesté du sport US en 2017

Alors que son fils aîné Lonzo Ball s’est sans surprise fait drafter par les Lakers, LaVar Ball a abreuvé depuis des mois les médias américains en déclarations sensationnelles. Portrait d’un père à l’ambition sans limite.

“À mon apogée, j’aurais explosé Michael Jordan en un contre un.” Voilà une déclaration pour le moins osée de la part d’un homme ayant joué une seule saison universitaire à Washington State avec un bilan personnel de 2.2 points et 2.3 rebonds. Néanmoins, elle résume parfaitement le style LaVar Ball. Un mélange de confiance en soi aveugle, de provoc’ calculée et de mégalomanie assumée. Encore inconnu il y a de cela quelques mois, Ball est rapidement devenu une personnalité incontournable du monde du basket. Père de trois enfants, Lonzo, LiAngelo et LaMelo, LaVar Ball nourrit de grandes ambitions pour ses rejetons.

Alors que les deux cadets évoluent encore au lycée de Chino Hills, Lonzo était cette année le meneur des Bruins de UCLA. Et selon son père, il serait d’ores et déjà “meilleur que Stephen Curry”. Si on souhaite parler plus sérieusement, Lonzo Ball fut l’un des meilleurs joueurs de la NCAA cette saison. Excellent pour faire briller ses coéquipiers et pour organiser le jeu, il a tourné à 14.6 points, 7.6 passes et 6.0 rebonds. Un très bon bilan statistique pour celui qui a tenté sa chance à la Draft au bout d’un an seulement au niveau universitaire. Avec une seule destination en tête : les Lakers de Los Angeles. Et le rêve s’est concrétisé.

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LaVar souhaite en effet garder son fils à proximité. Établis à Los Angeles depuis de longues années, les Ball sont chez eux dans la cité des anges. Papa Ball a d’ailleurs commencé à exprimer ses ambitions concernant le niveau qu’atteindrait son fils au Staples Center : “Lonzo c’est Magic Johnson avec un shoot. Il aura le même impact que lui au Lakers.” Une déclaration de plus qui n’aura pas manqué de faire réagir de l’autre côté de l’Atlantique. C’est bien simple, LaVar Ball est aujourd’hui l’attraction numéro un du cirque médiatico-sportif américain. Totalement conscient de la mécanique du buzz, le patriarche multiplie les apparitions sur les plateaux télé pour vanter les qualités de ses fils.

Outre ses déclarations sur MJ et Magic Johnson dont nous parlions plus haut, LaVar Ball a également attaqué frontalement les enfants de LeBron James en déclarant qu’ils ne seraient jamais aussi bons sur un court que leur père. Réponse cinglante du King : “Garde le nom de mes enfants en dehors de ta bouche. Garde ma famille en dehors de ta bouche.” Nous n’oublierons pas non plus la réplique de LaVar face aux critiques de Charles Barkley à propos de la trop grande place qu’il occupait dans la carrière de son fils : “Si Charles pensait comme moi, il aurait peut-être pu gagner un titre de champion dans sa vie.” 

La stratégie de LaVar Ball est claire : Foncer dans le tas et égratigner tout ce qu’il peut sur son passage. L’ordre établi et le respect des institutions ne font clairement pas partie des priorités du paternel. Et on s’aperçoit vite que la réussite sportive de ses fils n’est pas l’unique objectif de LaVar Ball. En effet le marketing nous apprend que, là où il y a buzz, il y a business.

Outre ses fils, l’autre obsession de LaVar est Big Baller Brand, l’équipementier créé par ses soins. La marque de la famille Ball a bénéficié d’une exposition maximale ces derniers mois grâce aux multiples saillies médiatique de son fondateur. Il y a d’abord eu l’annonce de la première chaussure de l’équipementier, la ZO2, disponible dès novembre au prix ahurissant de 495 dollars. Pour un t-shirt ou une casquette siglée BBB, comptez un minimum de 50 dollars. Il y a également l’annonce du prix demandé par LaVar aux géants que sont Nike, Jordan et Adidas pour un partenariat éventuel avec Big Baller Brand : 3 milliards de dollars. Il souhaitait en effet faire de son fils aîné le premier joueur de l’histoire à être drafté avec son propre équipementier.

Pour cela, LaVar Ball peut être considéré comme un pionnier. Conscient du potentiel marketing de ses fils et des revenus que ces derniers peuvent engendrer si leurs performances NBA suivent, le père a pris les devants en écartant d’entrée de jeu les mastodontes du sponsoring. Un pari audacieux mais risqué, qui pourrait faire des émules dans les années à venir. Cette quête d’indépendance financière ne pourra toutefois être considérée comme une réussite qu’en cas de bonnes performances dans la cour des grands. Car si Lonzo parvient à exploser en NBA, ce qui semble probable au vu de son talent et de ses performances en NCAA, rien ne dit que ses cadets suivront sa voie. L’exposition médiatique subie par les enfants Ball, encore très jeunes il faut le rappeler, pourraient bien avoir raison des attentes démesurées de leur père et du milieu du basket.

À force de clash et de déclarations cinglantes, LaVar Ball s’est fait une réputation mais surtout des ennemis. Lonzo Ball sera très certainement l’un des rookies les plus scrutés de l’histoire. La moindre contre-performance de sa part sera attendue par les observateurs et l’opinion publique. En se lançant dans cette croisade médiatique, le père Ball a décidé de tout jouer à quitte ou double. Le problème c’est que ce n’est pas lui qui devra assumer ses déclarations sur un parquet, mais bien Lonzo, LiAngelo et LaMelo. Loin d’être évident à gérer lorsque l’on a seulement 19, 18 et 15 ans.