Comment Paigey Cakey est devenue l’une des phénomènes du rap britannique

La scène féminine du rap outre-Manche se développe à une vitesse impressionnante. De Lady Leshurr à Little Simz, nombreuses sont les rappeuses qui font leur chemin dans un milieu essentiellement masculin. Paigey Cakey à son tour commence à prendre la lumière, à l’aide de bangers rythmés et d’une polyvalence à toute épreuve. Immersion dans la vie de la chanteuse.

Après plusieurs années où elle n’a pas eu de rythme stable, Paige, de son vrai prénom, a maintenant sa propre routine : après s’être réveillée, avoir fait son sport et petit déjeuné, elle commence sa journée avec une session studio ou une interview radio puis passe du temps avec ses amis. C’est à ce moment là qu’un jour de mai, en naviguant dans ses fils d’actualités, elle a découvert que son titre Down avait été repris par deux rappeurs français : SCH et Lacrim. Depuis ce jour, la britannique a vu grandir sa fanbase française :“je pense que tout arrive pour une raison et ça m’a aidé à avoir de la visibilité, qui a mené à plusieurs dates de concert à Paris. Il y a donc beaucoup de positif qui est sortit de cette situation.”

La rappeuse vit à Hackney, dans l’Est londonien. En grandissant, c’est surtout la grime et le hip-hop US/britannique qui tournaient en boucle dans ses écouteurs, la conduisant à tenir aujourd’hui ses inspirations musicales de Ms Dynamite, Missy Elliott et autres So Solid Crew. Paige se fait appeler “Paigey” par tout le monde depuis son plus jeune âge, après quoi elle a ajouté à ce surnom “Cakey” car cake désigne l’argent en argot et, puisqu’elle était fille unique, toutes les personnes de son quartier avaient pour habitude de lui dire ‘Paigey you’re so cakey’ car elle détenait toujours les dernières sneakers et gadgets à la mode. Le surnom Paigey Cakey lui colle donc depuis toujours à la peau.

Dès l’âge de 10 ans, Paige écrit des textes tout en les partageant avec sa mère. C’est à 11 ans qu’elle enregistre son premier son sur la cassette d’une machine à karaoké. Elle n’arrêtait pas de rapper et d’écrire, tout en y partageant avec ses amis à l’école. De son propre aveux, c’est grâce à eux qu’elle a continué : n’arrêtant pas de lui dire qu’elle était douée, ses proches lui ont donné la confiance nécessaire pour qu’elle décide de commencer à rapper sérieusement. Aujourd’hui encore, Paige n’est jamais sans son groupe d’amis, que vous pouvez retrouver dans presque toutes ses vidéos.

À seulement 24 ans, Paige a déjà sortit 5 mixtapes « The First Paige », « The Next Paige »,  « The Right Paige », « Red » et « Red Velvet ». Tout s’est déclenché pour elle suite à un examen de musique pour lequel elle a présenté une de ses compositions et obtenu un “A”. Son professeur de musique lui a conseillé de mettre son morceau sur YouTube, ce qu’elle a fait, et pour lequel elle a comptabilisé plus de 10 000 écoues le premier mois. Aux vues d’un tel succès, elle a partagé son morceau sur Facebook et a créé un petit buzz au niveau local. C’est depuis ce moment là que Paige ne se présente non plus comme Paige mais comme Paigey Cakey, soit le surnom que lui donnaient ses amis depuis son adolescence. La rappeuse d’Hackney a réalisé son premier clip “Rip Dragons” en 2012, puis a travaillé avec Lady Leshurr peu de temps après. Au cours des années suivantes elle collaborera avec Stormzy, Chip, Yungen, Sneakbo, Fekky et bien d’autres, ce qui lui permis de se faire un nom au Royaume-Uni ainsi qu’à l’étranger.Passer du quotidien d’une jeune femme lambda à celui d’une rappeuse connue semble s’être fait en un claquement de doigt pour Paige, que l’on reconnaît maintenant partout où elle va. Toujours en transition entre le monde de l’ombre et celui de la lumière, Paigey se décrit comme étant “très humble et reconnaissante de tout l’amour et le soutien” qu’elle reçoit, d’autant plus pour son statut de rappeuse féminine.

L’opinion de Paige quant à la scène rap féminine est très encourageante. Selon elle, la scène rap féminine est à son comble aujourd’hui. “Ça fait vraiment du bien de voir les autres artistes féminines faire leurs trucs et obtenir la reconnaissance qu’elles méritent”. Lady Leshurr et Stefflon Don ont vraiment porté la scène britannique rap et grime à un autre niveau. Cet élan semble porter ses fruits et emporter dans son sillage beaucoup de femmes dans le monde du rap, encore essentiellement masculin. “C’est bien de savoir que nous les femmes, obtenons le respect et les moyens que nous méritons.”

Paigey a avoué être ouverte à de nombreux genres musicaux tels que le reggae, dancehall, la musique classique, le hip-hop, le rap, la deep house et beaucoup d’autres, pendant son artiste favoris “reste et restera” Drake. Suite à toutes ces influences musicales, la jeune artiste a voulu offrir à son public une musique au style universel, qu’elle pense avoir plutôt bien réalisé dans son dernier EP Red Velvet. Réalisé en seulement quelques mois, tout est venu naturellement pour cet EPLe rouge étant sa couleur et le “Red Velvet” son gâteau préféré, Paigey a choisi un titre digne de l’amour qu’elle porte à son dernier projet. À la première écoute de Red Velvet, les prods entraînantes ne laissent pas indifférents, tandis que les lyrics percutent et entraînent. La rappeuse témoigne avoir écrit cet EP dans un très bon état d’esprit, afin de transmettre et faire ressentir de bonnes vibrations.

Selon Paige un bon morceau est celui qui permet à tout le monde de s’y identifier. Elle aime écrire des morceaux qui permettent aux gens de se sentir bien, de se reconnaître dans ce qui est dit. Cela dit, l’inspiration doit bien se trouver quelque part, et,  pour ce qui est de Paigey Cakey, elle la trouve principalement dans ce qu’elle a déjà vécu : des séparations, des rencontres, des commentaires négatifs sur les réseaux sociaux, et tant d’autres faits de vie. Elle aime écrire des chansons qui provoquent quelque chose chez les gens tout en partageant de bonnes vibrations.

Suite aux lyrics de son morceau “Hot Tings” : “Mummy never gave me no money, Only thing I could afford was chips and the hot wings.” / “Maman ne me donnait jamais d’argent. La seule chose que je pouvais m’acheter était des frites et des ailes de poulet”, Paigey atteste que grandir avec une mère célibataire n’a pas toujours été simple. Elle était obligé d’avoir deux emplois car elle n’avait pas toujours beaucoup d’argent à donner à sa fille pour manger les midis. Mais Paigey a toujours su s’en sortir par elle-même pour manger des “hot wings” à tous ses déjeuners, et pouvait se permettre d’acheter une paire de sneakers à la fin de certains mois. En étant élevée de cette façon, Paigey est très reconnaissante de tout ce qui lui est arrivé : grâce aux galères qu’elle a vécu avec sa mère, elle est devenue “une femme travailleuse et forte”.

Paige ne jure que par le positivisme et s’éloigne le plus possible des mauvaises ondes. Elle aime encourager les autres à faire de même, c’est pourquoi elle en parle dans sa musique notamment avec la phase “No negative vibes that ain’t my cup of tea / Pas de vibes négatives, ce n’est pas ma tasse de thé.”

Pour ce qui est de la suite, des singles sortiront plus tard en cette fin d’année voire un projet plus solide dans les mois à venir. Paigey a maintenant un rêve bien défini : “J’espère de tout coeur sortir LE son qui sera une révélation pour beaucoup et qui me propulsera au niveau supérieur.”

Écoutez ci-dessous le dernier album de Paigey Cakey “Red Velvet”. La chanteuse sera en concert à Paris à la fin du mois de septembre.