Comment Russ a fait de son ascension un modèle de réussite dans le rap américain

Alors qu’il sera en concert au Zénith de Paris le 22 février prochain, Russ a connu une ascension remarquable ces deux dernières années. Pourtant, il n’a rien d’un rookie et ce succès est le fruit d’un travail acharné et d’une confiance en lui qui en deviennent pratiquement une leçon de vie et un exemple à suivre pour bon nombre de jeunes artistes.

Originaire d’Atlanta, Russ est l’un des rares artistes d’envergures de la ville, à l’image de ILoveMakonnen notamment, à ne pas être inspiré par Gucci Mane et plus globalement par la trap. À l’heure où les jeunes pousses du rap sudiste cherchent à créer le prochain hit qui tournera inlassablement dans les strip clubs de la région et qui les fera devenir des stars du jour au lendemain, Russ a suivi un parcours radicalement opposé. Il aura eu besoin de sortir 11 albums avant d’obtenir une reconnaissance nationale. Puis, à la suite de ça, près d’une centaine de morceaux ont été postés sur son SoundCloud avant qu’il ne s’offre le premier hit de sa carrière avec “What They Want,” certifié single de platine le 25 avril dernier qui lui a permis de toucher le monde entier à l’image de la France.

Là où beaucoup de rappeurs auraient perdu patience face à ces innombrables heures de travail avant d’en percevoir les récompenses, Russ a su garder une confiance aveugle en son destin qui a finalement fini par payer.

Autodidacte, persévérant et hyper-productif : les clés de sa réussite

Dans “Pull The Triger,” Russ explique n’avoir “jamais eu l’impression d’être un employé” et s’être “toujours senti comme le PDG” : c’est sans doute la phrase qui résume le mieux sa mentalité. Inspiré par Kanye West et Drake, Russ pense qu’ils sont “les seuls qui produisent des choses qui me font dire ‘Sérieusement comment tu fais pour faire ça ?!’ Tous les autres sont juste cools. Tous les autres ne font que rapper.” Ce discours n’a rien d’étonnant lorsque l’on se penche sur les sonorités présentes sur ses différents projets. Tirant souvent vers le pop-rap et n’hésitant pas à se mettre au chant sur des morceaux romancés, Russ s’épanouit dans un éclectisme auditif, des mélodies entêtantes embellies par des thèmes allant de l’egotrip pur à l’introspection sans complexe.

Véritable symbole des self-made men du rap et fort d’une fanbase créée en totale indépendance (jusqu’à l’année dernière et sa signature chez Columbia Records, le label de Beyoncé, Adele, John Legend ou encore Pharrell Williams), Russ a su rendre concret ce qui était jusqu’à récemment considéré comme un phénomène “d’euphorie Internet” en vendant l’équivalent de 50 000 copies de son premier album There’s Really A Wolf en première semaine. Assumant pleinement son statut d’outsider du jeu, Russ nous a offert un album qui résume bien sa montée en puissance entre travail et confiance en soi mais aussi déceptions amoureuses et difficultés à réussir dans la musique.

Ce premier album est une véritable consécration après des années durant lesquelles réussir dans la musique n’était qu’un doux rêve et où il essuyait les refus de bon nombre d’éditeurs de médias spécialisés pour relayer sa musique. Mais ces échecs ne l’ont pas arrêté et c’est la construction progressive d’une fan-base fidèle qui l’a rendu incontournable aux yeux des médias qui l’ont un temps ignoré. Cette situation le poussa à déclarer “blogs don’t matter“, signifiant bien que selon lui, réussir dans la musique était possible qu’importe le soutien du milieu. Vous l’aurez compris, dans le grand jeu qu’est le rap américain, Russ navigue en solitaire, ce qui semble lui convenir le mieux jusqu’à aujourd’hui.

Le succès des plus grands en guise de modèle

Si les influences musicales de Russ sont Kanye West et Drake, ce n’est pas seulement pour une histoire de sonorités ou de flows mais aussi pour le modèle de réussite que représentent les deux artistes. On notera d’ailleurs qu’en terme de franc-parler et de déclarations incendiaires sur les faux semblants de l’industrie, Russ suit la lignée de Yeezy qui, lui non plus, n’a jamais eu sa langue dans sa poche.

D’un point de vue commercial, Russ possède un style qui est particulièrement propice à un public qui dépasse le cadre du rap à l’image de Drake, et c’est bien ce qui pourrait lui offrir un succès commercial d’envergure à l’avenir : le rap en guise de socle immuable mais des tubes aux sonorités tirant vers la pop pour attirer une audience plus globale. Et cette volonté de triompher du rap game, notamment d’un point de vue commercial, Russ l’affiche sans détour “Je veux être le meilleur partout, transcender les genres, récolter le plus de Grammy’s, avoir le plus de singles et d’albums numéro 1” et s’il y parvient, au vu de son parcours, cela rendra sa performance d’autant plus impressionnante.

Un artiste qui a forcé son destin

En 2016, Russ déclarait au Billboard “Je fais des prods depuis plus de 10 ans. J’ai 24 ans; je fais ça depuis 10 ans et avant même d’avoir SoundCloud j’ai sorti 11 albums auto-produits et c’est l’histoire que je veux que les gens comprennent, ce n’est pas seulement ‘What They Want.’ Ce morceau n’est qu’un parmi 87 autres sur mon SoundCloud qui est arrivé après 11 projets que j’ai produits, masterisés et écrits.” Et c’est bien là que le sentiment que Russ a forcé son destin se construit.

Auteur, compositeur, interprète, producteur, ingénieur du son, réalisateur de certains de ses clips et promoteur de sa musique, il n’y a pas une casquette que le principal intéressé n’ait pas portée au cours de sa carrière pour forcer son succès tel l’acharné de travail autodidacte qu’il est depuis 10 ans. Au-delà même de ses tweets provocateurs ou simplement contestataires et de sa musique qui peut bien évidemment plaire ou non, c’est bien la success story qui l’a amené là où il est aujourd’hui qui le rend différent et qui force le respect.

À l’heure où sa chaine YouTube cumule les vidéos à plusieurs dizaines de millions de vues et où ses concerts sont à guichets fermés aux quatre coins du globe, Russ a transformé un rêve en une carrière à l’ascension impressionnante. Et avec une telle capacité à franchir les obstacles, son avenir dans l’industrie de la musique s’annonce radieux.

Vous pourrez retrouver Russ en concert au Zénith de Paris le 22 février 2018.