Alors que 2018 sera l’année de la sortie de son premier album, Take A Mic récolte ces derniers mois le fruit d’un travail de longue haleine.
Son premier album, son premier million de vues, sa série de freestyles “Strict Minimum”, sa relation avec la mode, les sneakers, ses influences, son évolution, le rappeur parisien s’est confié à Views.
Tu peux te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?
Moi c’est Take A Mic, je suis un rappeur de 24 ans et j’ai sorti 8 projets en tout. Je ne saurais pas donner l’équivalent en nombre de morceaux, mais ça représente sûrement beaucoup… J’ai commencé à écrire à l’âge de 10 ans et j’ai posé mon premier son à l’âge de 12-13 ans.
Tu l’avais enregistré ou tu l’avais juste kické avec tes potes ?
Je l’avais enregistré dans un studio qui était dans ma cité à l’ancienne, à Orly (94). C’était le studio d’un groupe de ma ville, un home studio chez un mec qui s’appelle Zinax.
Et à 12-13 ans tu t’es ramené là-bas et tu as posé ton morceau ?
Ouais, mon tout premier. J’avais envie d’essayer, il s’appelait “Système scolaire”. J’étais un élève très turbulent avec plein de soucis à l’école, du coup j’en ai parlé dans le son et c’était pas si mal que ça.
Comment ça se fait que tu aies eu envie de faire du son à cet âge ?
J’ai baigné dans le hip-hop, depuis que je suis petit j’ai toujours écouté du rap US, du RnB, de la soul… J’ai été imprégné dans cette culture, jusque dans mes tenues vestimentaires.
De toi-même ?
Via mon père, il a toujours été dedans aussi. Un de mes oncles a vécu un petit moment à New-York et mon père allait régulièrement le rejoindre. Il en profitait pour me ramener des vêtements, et des mixtapes entre autres…
Comment tu as franchis le pas de « kiffer le son » à « faire du son » ?
J’écoutais vraiment beaucoup de morceaux, je connaissais les paroles par cœur, et puis je faisais du foot aussi. J’étais en sport études, et mes coéquipiers écoutaient du rap français. Il y a toujours eu ce débat entre rap américain et français, même à cette époque. À 17 ans je préférais le rap US et une fois j’ai voulu écrire, j’ai voulu m’exprimer, sauf que je ne parlais pas couramment anglais donc j’ai commencé à écrire en français. Avec les références de ce que j’écoutais quand j’étais plus jeune, que j’écoute encore maintenant d’ailleurs. Mon premier titre était pas si mal que ça, j’étais dans les temps, j’avais de la forme et du fond. Bon, il y avait quelques petits problèmes de voix mais au moins c’était déjà dans les temps. Donc j’ai continué. Un son, deux sons, trois sons, je faisais des morceaux en vrac, des featurings, et puis un jour je me suis dit : “il ne faut pas que je m’arrête là, je vais sortir un projet“. Et je l’ai sorti. Ça s’appelait “Mauvaises Habitudes Mixtape” et y’avait des freestyles sur des phases B, tout ça.
Et à 17 ans, tu voulais déjà te lancer à fond dans le rap ?
À la minute où j’ai commencé je me suis dit que je voulais en faire quelque chose !
Tu sentais que tu étais particulièrement bon, que tu avais quelque chose à tenter ?
Ouais, j’avais ce truc-là. J’avais une histoire à raconter, j’avais une certaine culture par rapport aux autres gamins de ma génération. J’écoutais pas la même chose, je m’habillais pas de la même manière, j’avais une vision différente, alors j’en ai fait mon personnage, mon image. Même si, finalement, c’est pas vraiment un personnage, Take a Mic c’est toujours le même mec. J’ai senti un truc et je me suis dit qu’il fallait foncer.
Et du coup, dès le début, vu que ton père revenait des États-Unis et te ramenait des habits, du son, ça a été le moment de lier les deux pour toi ?
Bien-sûr !
Alors que c’était pas vraiment ça à l’époque, dans le rap français…
Ouais, de base c’était pas ça. Maintenant ils font tous un peu semblant d’être dans le coup, mais si tu leur poses de réelles questions sur la mode je doute qu’ils puissent te répondre. Mais voilà c’est ça, et même sans le rap je pense que j’aurais toujours été à fond dans ce milieu-là. Maintenant, les deux vont de soi, les deux ne font qu’un au final et c’est vraiment naturel, c’est pas un truc du genre “ouais bon alors je fais du rap comme ça, donc je vais devoir m’habiller comme ça…“.
Tu avais 12 ans quand tu as sorti ton premier son, et maintenant tu penses en être où, au niveau de ton évolution ?
Ça avance bien, j’ai pas à me plaindre, même si j’ai des objectifs et que je vois beaucoup plus loin. Mais ça avance, et je suis pas parti de grand chose. J’ai pas forcément d’équipe ni de grands qui me guident, je me débrouille vraiment solo. Et aujourd’hui c’est ma volonté qui fait que je suis en artiste chez Because Music. C’est vraiment mes idées et j’essaie de faire le maximum, de me débrouiller, et petit à petit ça prend forme. Ça demande beaucoup de temps mais ça avance sûrement.
Si je me souviens bien, tu avais fait un tweet pour dire que tu avais eu du mal à bosser sur ton premier album, notamment à cause de ça…
Les gens s’impliquent dans ce que tu fais en te faisant croire qu’ils sont autant déterminés que toi, mais il y a toujours un moment où ça bloque car mes envies sont parfois trop fortes pour certaines personnes. Du coup, ils vont le faire à 60% mais pas à 100%, voire 200%, comme moi je le fais. Là on fait une interview alors que je suis à environ 45 minutes de mes balances, mais je le fais parce que ça va m’apporter quelque chose. Donc c’est un peu ça, des fois les gens ont la flemme ou sont fatigués… Chez moi, ça n’existe pas.
Surtout que là, je t’ai prévenu il y a une heure !
Tu vois ! [rires] Ça prend beaucoup de temps parce que je suis obligé de me séparer des gens. J’ai perdu beaucoup de temps à aller dans la direction des autres et à croire qu’ils allaient réellement m’apporter quelque chose…
Tu as mis longtemps à t’en rendre compte ?
Je m’en rends toujours compte trop tard parce que je suis trop généreux, je fais trop confiance aux gens et après je me rends compte qu’il fallait pas. Mais ça c’est moi, c’est mon caractère…
C’est surtout ça qui forge l’artiste que tu es. Les choses ont commencé à prendre forme depuis environ un an et demi, quand tu as sorti “Blessure d’Amour”, ton premier million de vues.
Ouais c’est exact, premier million de vues !
Tu étais content ?
Ouais parce que, justement, c’est tout seul que je me suis fais. Bien sûr il y a eu des beatmakers, des réalisateurs, mais j’ai pas vraiment eu d’équipe. Tu sais, quand t’es tout seul dans ta chambre et que tu fais de la musique, que tu sors des clips, que tu fais 20 000, 30 000 vues et qu’à côté il y a des mecs qui font des millions, tu te dis “putain comment c’est possible ?”.
Et tu es justement en train de découvrir ça, les 3 ou 4 millions de vues, avec ton premier freestyle “Strict Minimum” qui tourne beaucoup.
Ouais, exact ! Je suis en maison de disque aujourd’hui mais j’ai fait ce freestyle dans son dos parce qu’ils voulaient pas appuyer le projet.
Alors qu’aujourd’hui c’est cette série de freestyle qui est en train de créer un engouement derrière toi !
Sans promo, sans plan marketing, sans budget. C’est pour ça que pour le moment les freestyles sont pas trouvables sur Spotify.
Ouais du coup comme c’est eux qui distribuent…
Voilà, ils ont pas voulu distribuer donc j’ai pas voulu leur donner tout simplement. Ça fait partie du jeu.
Et une fois que le premier freestyle a pris, ils se sont rendus compte de leur erreur ou ils s’en sont rendu compte trop tard ?
Non c’est de la fierté mal placée, ils m’ont jamais appelé pour me dire qu’ils s’étaient trompés. C’est comme beaucoup de choses, le premier million de vues sur “Blessure d’Amour” je l’ai fait avec eux alors qu’ils croyaient pas au morceau. C’est moi qui ai dû appuyer pour faire le clip. Pour ma maison de disque c’était une mauvaise idée, aujourd’hui le morceau est à 3 millions de vues.
Et tu le prends comment ?
En bonne petite revanche.
Tu as quand même des revanches à prendre en fait, vu que tu t’es fait “tout seul” malgré d’apport d’autres personnes…
Tout artiste, pas seulement dans la musique, a une revanche à prendre quand son heure commence à arriver. C’est une sensation que je saurais pas expliquer. Je te dis la vérité, c’est encore plus fort chez moi, parce que je les connais tous dans ce « jeu », dans ce « rap jeu ». Que ce soit les artistes, les managers, les DA, je les connais tous et ils veulent pas se mouiller. Et Take a Mic c’est un ovni pour eux.
Et pourquoi tu penses que tu es perçu comme ça ?
Parce que tout simplement je me démerde seul. Ça finit par passer, j’ai une image qui est ni trop hype ni trop rue, donc ils savent pas trop où me situer. En fait je suis juste moi-même.
En fait tu es pas un objet marketing.
Les gens me collent à la hype pour ce que je porte, j’ai ta paire de Zoom Fly d’Off-White, mais c’est parce que j’ai grandi là-dedans. C’est pas un truc que j’ai cherché sur internet et je me suis dit “putain je veux faire un peu comme Famous Dex ou des gens comme ça”. J’aime la sappe, bien m’habiller, être propre sur moi, avoir des trucs exclusifs, très limités, mais ma tête…
Tu es formaté pour ça depuis le début en fait.
Ouais mais dans ma tête c’est comme Niska, c’est un autre truc. J’ai les mêmes codes que ces gens-là. Je peux très bien aussi m’adapter à un truc un peu plus branché, un peu plus street. Je peux très bien avoir une discussion avec un mec dans un café à Paris tout comme je peux à la fois trainer en bas de mon bâtiment et avoir une discussion avec les mecs de chez moi. Sans forcer.
Et ça, ça a jamais été bien perçu ?
Non. Les mecs passent leur temps à vouloir cibler leur public, alors que dès que je sens un truc je le fais. Si j’ai envie de rapper je rap, si j’ai envie de parler de meufs je le fais, parce que c’est ma vie. C’est la vie de tout le monde en vrai. Eux je pense que ça les bloque un peu, je pense qu’ils se mouillent pas trop.
Finalement ça paie pour toi.
Ça commence à payer et c’est pas terminé.
Un an après avoir fait les premières parties de Deen Burbigo, tu fais des tournées en ton nom, dans des plus petites salles mais c’est sur ton nom. Tu le vis comment ?
Je suis fier ! C’est comme pour les vues : t’es dans ta chambre et tu te dis “Putain comment ils font ? Est-ce-que ça m’arrivera un jour ?” et là je suis super fier de ce que j’ai accompli. Je sais que c’est pas la fin, j’ai des plus gros objectifs que ça. Mais y a quelques années je t’aurais peut-être pas dit que j’allais faire des salles de 200 personnes qui seraient remplies.
Donc c’est maintenant que tu commences à sentir le fruit de ton travail ?
Ouais, je commence à le sentir.
Ça impacte comment ta façon de travailler, ta musique ?
Ça me maintient et ça m’encourage à faire mieux, à faire des projets de meilleure qualité C’est sûr que des fois j’ai des coups de mou, comme tout le monde, mais ces gens-là je peux pas les lâcher. On est peut être pas beaucoup mais les gens qui suivent Take a Mic ils sont acharnés. Des fois je les vois se prendre la tête sur Twitter pour défendre ma musique ! Tu peux pas faire marche arrière quand t’as des gens comme ça derrière toi. Maintenant mon objectif c’est de convaincre les gens qui sont pas trop pour. Je le fais petit à petit, j’observe, et je vois comment il faut frapper.
Et tu frappes [rires]. Question un peu plus technique : comment est-ce-que tu écris ? Est-ce-que tu as un rituel, comme Damso qui écrit dans ses toilettes ?
Non, dans les toilettes je peux trouver une phase, mais c’est tout. J’ai un bloc note où je mets toutes mes idées, mes phases, mes pensées, que je dois reformuler après dans mes textes. Mais ma méthode numéro 1 c’est d’écrire sur la prod. Je sais comment je vais poser mon texte en fonction de l’instru. Des fois ça m’arrive de lire, de regarder la télé et d’écrire en même temps. Quand je suis un peu coincé, j’allume ma télé, je mets un film ou un documentaire que je suis pas vraiment, mais des fois juste 3 secondes ça fait la différence. Après, j’observe beaucoup, là je parle avec toi je retiens les trucs, j’observe tout, je m’inspire de tout : de la lampe, de la télé, du tapis, de tout ! Et c’est pour ça que des fois je suis un peu tête en l’air. Je suis tellement tout le temps en train de penser que je laisse passer certaines choses. Je m’inspire de tout et n’importe quoi sérieux.
Et tu décrirais comment ton style ? Quand on t’entend tu penses qu’on entend quel type de musique ?
Aujourd’hui je suis arrivé à un stade où j’ai envie de faire la musique, plus seulement du rap.
C’est quoi la différence ? Pas mal de gens qui disent ça aujourd’hui, mais personne n’explique la différence entre les deux. C’est juste un positionnement auprès du public ou c’est vraiment aller plus loin dans la recherche de sonorités, etc ?
C’est de la recherche de sonorités, le rap c’est qu’une catégorie dans la musique. Si demain je peux m’adapter sur un morceau électro je le fais, ou bien plus varié je le fais aussi. Le rap ça s’étend, mais en même temps c’est très restreint. C’est souvent les mêmes discours, les mêmes BPM, les mêmes sonorités. Aujourd’hui j’ai besoin de faire de la musique.
C’est ce que tu prévois pour ton album ?
Ouais bien sûr, y aura du rap aussi mais aussi des morceaux beaucoup plus ouverts. C’est l’objectif. Je pense que je suis capable de trouver l’équilibre entre les deux, donc pourquoi pas le faire ? Et puis même, le fait de pouvoir faire un autre style de musique ça enrichit ton rap, avec d’autres placements, d’autres idées, une autre musicalité.
Ta musique actuelle c’est déjà beaucoup une recherche d’équilibre. Tu as beaucoup de textes personnels et tu les fais quand même beaucoup rapper. C’est un équilibre que t’arrives à faire en compensant notamment avec du chant, de l’auto-tune, etc. En fait c’est un peu ça ta patte quand on regarde. Comment tu l’as trouvée ? Est-ce-que t’en es conscient ou bien c’est venu naturellement à force de faire ?
C’est un peu tout ça. Mais c’est surtout parce que petit j’ai écouté beaucoup de RnB, de choses beaucoup plus posées, plus mélodiques.
Tu aimais quoi en RnB ?
J’en ai écouté tellement, franchement. J’ai écouté du Aaliyah, du R. Kelly, trop de trucs… Jodeci, Black Street, Boyz II Men, Mýa, Keyshia Cole… J’ai écouté tellement de musique étant petit jusqu’à mes 15, 16 ans. Après la musique a commencé à changer, c’est devenu un peu plus trap. De là j’ai commencé à freiner, mais quand j’étais petit j’ai écouté trop de sons ! J’avais un iPod je crois, à l’ancienne, 60Go, il était plein !
Ah ouais à l’époque fallait les remplir les 60Go ! Au point où on en est dis moi plutôt ce que tu n’as pas écouté hein ! [rires]
J’ai pas écouté de L.I.M, Alpha 5.20, enfin des trucs comme ça.
Et c’était quoi tes journées ?
J’écoutais de la musique. J’allais dehors j’écoutais du son, je rentrais chez moi j’écoutais du son, j’allais me coucher j’écoutais du son, je me réveillais j’écoutais du son, j’allais au foot j’écoutais du son. J’écoutais du son tout le temps ! À l’école j’écoutais du son, partout j’écoutais du son, je mangeais j’écoutais du son, j’te jure, j’ai tout écouté de ma génération.
Et aujourd’hui tu penses que tu peux réussir à faire ressentir toute cette connaissance musicale que tu as réussi à accumuler au fil des années ?
Je le fais depuis longtemps, mais j’ai tellement d’influences musicales que les gens sont perdus. Aujourd’hui j’écoute beaucoup moins de musique, j’accroche pas à tout…
C’est quoi le dernier son que tu as écouté ?
“God’s Plan” de Drake, et puis c’est tout. Après en venant j’ai écouté Culture II que j’ai trouvé beaucoup moins bien que Culture.
Parce qu’il y a beaucoup moins de tubes ?
Ouais, enfin je sais pas j’accroche pas sur le II. “Motorsport” me parle peut-être… Mais pour moi je dirais le premier est meilleur, et de loin.
Ouais c’est vrai mais Culture le « problème » c’est que chaque morceau est un tube.
Ouais, mais c’est ça qu’il faut faire.
Mais tu peux pas le faire tout le temps ça…
Ils avaient la capacité de le faire, ils avaient la capacité de faire mieux même, parce qu’il y a beaucoup de tubes dans le premier, mais il y en a pas beaucoup où c’est la folie non plus. Je pense qu’ils sont capables de faire largement mieux. Mais voilà, j’écoute beaucoup moins de musiques aujourd’hui, j’en ai trop mangé…
Tu as peut-être besoin de digérer, de te laisser un peu de temps.
Ca doit être ça, et puis il y a beaucoup de sorties ! Avant aussi y avait beaucoup de sorties, Lil Wayne sortait des sons tous les jours, maintenant y a beaucoup de nouveaux artistes qui sortent des nouveaux sons et tous à la fois. Mais dans le fond ils sont pas si différents, donc j’accroche moins. Même quand j’accroche un son ça dure jamais trop longtemps non plus, tandis que les sons de l’époque je peux toujours les réécouter aujourd’hui et je pète toujours des câbles dessus.
Et c’est aussi le mode de consommation, la musique, qui ont changé. Avec le streaming et tout aujourd’hui…
C’est vrai, même si nous on avait notre forme de streming aussi. C’était l‘époque où ça téléchargeait de fou. Et ça allait vite aussi, dès qu’un son, un album, une mixtape sortait, tu les avais direct. Mais aujourd’hui c’est différent. Dans leur musicalité les artistes hip-hop ils se ressemblent beaucoup.
Tu penses que c’est en train de changer ?
Ouais c’est en train de changer ! J’ai l’impression que le vrai rap, le kickage, revient petit à petit.
Et on peut s’attendre à quoi dans ton album ?
À des morceaux très ouverts et des morceaux très sombres, c’est aussi simple que ça. Ça reste moi, ma vision des choses.
Tu en es où dans cet album ?
Il est à 95%. Y a plus qu’à attendre, équiper les morceaux et on est bons !
Tu vas encore faire ta série de freestyles ?
J’en ai encore beaucoup de côté, mais là il faut laisser la place aux morceaux de l’album.
Ca va commencer à sortir là ?
Ouais, là on va commencer à les sortir. Mais je pense que Strict Minimum ça s’arrêtera jamais, c’est un bon concept. Je l’ai fait assez vite. Tout ces freestyles je les ai enregistrés, clipés et mixés 5 jours avant de partir en vacances. Je passais les 5 derniers jours avant de partir à clipper 3, 4 clips par jour. Bien-sûr je les ai pas tous faits, enfin je les ai pas tous clippés, mais ça m’a permis de profiter de mes vacances sans trop de pression. À part quand il fallait sortir un Strict Minimum, ces jours-là j’étais accroché à mon téléphone, mais sinon je me reposais un peu.
Tu étais en vacances où ?
J’ai fait l’Île Maurice, Dubaï, et la Thaïlande. Je pars pas souvent en vacances, mais quand j’y vais, j’y vais un bon bout de temps. J’étais parti 1 mois, là. J’ai fait 1 milliard d’activités, vu plein de choses. Et au bout d’un moment t’as envie de rentrer, t’es fatigué.
Est-ce-que tu pourrais me parler un peu de ce que tu aimes dans la mode ?
En sneakers, j’aime bien ce que Nike fait en ce moment avec les Air Max 270. Après, comme tout le monde, j’aime bien la collection de Virgil “The Ten”, c’est une des vraies premières collaborations avec Nike où je pense qu’il y a un vrai travail sur la paire.
Tu penses que ça va pouvoir changer ce que seront les collabs dans le futur ?
Ouais, je pense que les prochaines personnes qui vont collaborer avec Nike vont commencer à vraiment se casser la tête, surtout avec ce qu’a fait Virgil. Avant c’était juste un petit coloris ou bien une signature sur le talon, comme avec Roc-a-Fella. Je te parle de sneakers là, parce que les collabs vêtements avec Nike c’est déjà plus poussé. Il a vraiment reconstruit la paire et j’aime bien. Après j’ai mes petites habitudes, j’aime bien ce que fait Margiela, je regarde ce que fait Givenchy, Saint Laurent aussi mais j’ai été déçu sur la dernière collection. Rick Owens je regarde souvent, Raf aussi même si tout ne me plaît pas. J’aime bien Agnès B. aussi, mais c’est moins connu, c’est un peu plus chic, plus carré. Plein de marques comme ça que j’aime, c’est comme la musique.
Ça t’a tenté un peu de faire des choses ?
J’ai fait des trucs par rapport à la mode. J’ai été shooté dans Vogue Italie et dans Shoes Up. Je vais des fois aux shows de fashion week, mais c’est pas un truc où j’ai un rapport maladif comme avec la musique. J’ai aussi été impliqué au début dans la marque d’une fille qui s’appelle Cindy Levy, qui est en train de prendre son envol en ce moment. J’avais donné l’idée de base : mettre des clips comme pour les catables sur le côté des oversize à la place de zips. Ça n’a pas suivi car je m’occupais de ma musique et j’étais pas beaucoup dispo. J’ai arrêté parce que j’ai pas envie de la ralentir, vu que justement je connais ça, être ralenti par les gens. Maintenant Cindy Levy commence à faire ses premiers pas dans la mode, elle fait ses premiers défilés, elle va shooter à Londres, à Tokyo, etc.
Tu as un regret à ce niveau là ?
Non, aucun. Je suis content pour elle parce que c’est un truc que je n’aurais pas pu gérer tout de suite. Je savais que ça allait marcher, elle avait des idées, donc je suis vraiment content pour elle. Aucun regret.
Très belle conclusion ça ! Et as-tu déjà annoncé une date ou un nom pour ton album ?
Pas encore. En fait je mettais des exclus dans les petites salles que je faisais, je jouais des exclus, et j’en parlais au public. Un jour un journaliste de Booska-P est venu dans une salle et a relayé le nom de l’album. Maintenant ça se sait, mais à la base c’était dédié aux gens qui me suivent, ceux qui se déplacent justement en salle de concert pour venir voir un show de Take a Mic et puis…
Mais tu as grosso modo une idée du moment où tu veux le sortir, même sans me donner de date précise ?
Ça devrait pas tarder, comme je t’ai dit on est à 95%, maintenant on peut pas se permettre de le sortir avec un seul extrait de l’album, il en faut d’autres et après ça sortira.
Take A Mic sera en concert à La Boule Noire le 15 mai prochain. Vous pouvez le retrouver sur Facebook, Twitter et Instagram. Photos prises et propos recueillis par Léo Devaux pour Views.