En ses mots, Lou nous explique que sa passion pour les sneakers prend racine dans une grosse frustration : “Depuis toute petite j’ai une maladie aux pieds qui fait que je n’ai pu porter que des chaussures en cuir toute ma vie pour ne pas empirer ma condition. J’ai appris à marcher avec des sabots en bois !” À 17 ans, elle craque et finie par acheter sa première paire. Six ans plus tard, celle qui ne se considère pas comme une « sneakers addict » pourrait bien designer la prochaine Air Max de la marque de sneakers la plus emblématique au monde. Le destin fait finalement bien les choses.
Seule parmi les 18 finalistes à avoir choisi de retravailler le dernier hybride agressif et futuriste de la marque à la virgule, Lou Matheron a tapé dans l’oeil du jury en proposant un design authentique et harmonieux. Elle expliqué s’être inspirée des travaux, qui semblent être, selon elle, la représentation même du Grand Paris : “On a un peu toujours l’impression qu’il va y avoir des travaux sans cesse et que ça va être sans fin.” Dans une matière flexible et respirante grise à l’aspect métallisé, la paire n’affiche pas de lacets et laisse place à un strap industriel, entourant les swoosh interchangeables, proposés en gris et dans des teintes oranges et jaunes fluorescentes, comme un rappel aux vêtements de la main d’oeuvre ouvrière. Et si les travaux de la capitale sont sans fin, le moins que l’on puisse dire, c’est que celui de Lou Matheron est lui abouti.
« Je suis actuellement en train de finir mes études de photographie à l’école des Gobelins donc je me destine à être photographe/vidéaste, mais je suis aussi très intéressée par la D.A et la production ! » C’est ainsi que la jeune femme de 23 ans, finaliste du concours ON AIR de Nike, nous présente son parcours et ses centres d’intérêts. Passionnée par la photographie en premier lieu, tenter sa chance dans un concours de design de sneakers était évidemment une manière de sortir de sa zone de confort et d’allier son esprit créatif à un domaine différent de la photographie ou la réalisation de vidéos. Dès lors, Lou explique les prémices de sa création : “Pour la première partie du concours sur Instagram j’avais imaginé mon concept sur une paire de Tn qui est une de mes paires préférées notamment pour la forme de la semelle.” avant d’expliquer son choix de Air VaporMax Plus : “Sur le workshop, la Tn ne faisait pas partie des modèles proposés donc j’ai choisi la VaporMax Plus car c’est le modèle qui s’en rapproche le plus.”
Son choix de s’inspirer des travaux du Grand Paris n’a pas manqué de faire réagir, aussi bien pour son originalité que pour son excentrisme. Elle explique que cela ne l’inspirait pas particulièrement au début, avant qu’un déclic se produise : “J’ai repensé à ces photos que j’avais pu faire dans le chantier du nouveau Palais de Justice de Paris. Le bâtiment, designé par l’architecte Renzo Piano, viens d’ouvrir ses portes mais j’ai eu l’occasion de suivre un chef de chantier pendant plusieurs jours durant la construction en 2016. Du coup le concept m’a paru évident, en relation avec les couleurs, les matières, l’aspect pratique de ce qu’on peut voir comme équipements sur les chantiers.”
Inspirée notamment par le travail de l’agence Bonsoir Paris, des designeuses Julie Richoz et Danielle Cathari ou encore de Alexandra Hackett alias @miniswoosh, Lou explique toutefois que la création de sa VaporMax Plus est avant tout très personnelle : “J’ai surtout pensé à la paire ultime pour moi, une paire que j’aimerais porter. Je pense qu’elle correspond bien à mon univers en général !” Pour réaliser cette paire en adéquation avec son univers, il a fallu toutefois sortir de sa zone de confort créative, comme nous l’expliquions plus haut, puisque la tâche était bien différente de ce qu’elle a pu connaître par le passé : “Sur le workshop, je dois dire que j’ai eu pas mal de difficultés avec les matières. Je suis photographe, le design de sneakers ce n’est pas du tout mon métier donc j’avais beaucoup réfléchi au visuel de ma paire mais pas tant que ça aux matières. Heureusement, j’ai eu de l’aide de la part des designers qui étaient sur place. J’ai donc choisi des matières plutôt synthétiques, éventuellement imperméables, mais ce sont des choses dont je discuterai avec les pros si je gagne..”
Lorsque les amateurs de sneakers ont découvert la création de Lou, les réactions autour du swoosh ont été nombreuses. Et pour cause, on y retrouve une vis, un moyen donc de personnalisation, mais surtout d’offrir un aspect singulier à cette sneaker : “J’avais vraiment envie de créer une paire ‘customisable’, qui serait fun, ludique à porter ! Au final tout le monde n’aura pas forcément la même paire du coup. L’idée de la vis était de rappeler les échafaudages, et je n’avais pas envie de mettre un scratch car c’est quelque chose qu’on voit de plus en plus chez pas mal de marques de chaussures et j’avais envie de me démarquer de ça.”
Au-delà de sa création, le simple fait de participer à ce concours organisé par la marque à la virgule est une chance énorme et Lou en est la première consciente, d’autant plus dans l’espoir d’en apprendre plus sur le milieu de la sneaker, du design mais aussi de la mode : “Je pense que c’est une extraordinaire opportunité pour moi, surtout au niveau des personnes que j’ai pu et que je vais pouvoir rencontrer ! Pour une jeune fille qui se lance dans le milieu de l’image et de la mode, c’est déjà une belle plateforme de visibilité, mais surtout c’est l’occasion de découvrir un monde à part, de l’intérieur.” L’opportunité est d’autant plus belle que la principale intéressée compte, en compagnie de sa meilleure amie, créer des vêtements l’année prochaine : “C’est donc super de pouvoir échanger avec des personnes dont c’est le métier.”
Notre entretien se termine par une question qui est sans doute aujourd’hui la plus importante dans sa riche actualité : quelle raison doit pousser les gens à voter pour elle lors de ce concours ? Elle explique tout d’abord : “Je précise que j’ai imaginé la paire unisexe. Beaucoup m’ont demandé si c’était uniquement pour les femmes vu que j’en suis une, ce n’est pas du tout le cas.” Avant d’ajouter : “Je pense vraiment que le fait que ma paire soit customisable et personnalisable est un point fort ! L’idée c’était d’aller à l’opposé d’une paire classique, pour créer quelque chose qui serait presque un ‘objet d’art’, quelque chose d’unique. Enfin, je pense aussi que c’est super cool que des filles soient misent en avant, que ce soit à Paris ou dans les autres villes du concours !”
Vous pouvez retrouver Lou sur Instagram et voter pour sa Air VaporMax Plus ici. Le premier épisode de notre série « Au cœur de la culture » consacré à Seezy est à retrouver ici.