Roy Woods, le diamant encore brut d’OVO

À l’occasion de son concert au Trabendo, nous sommes allés à la rencontre de Roy Woods, l’artiste canadien de 22 ans signé chez OVO. Derrière la star en devenir du R&B mondial se cache un jeune homme qui se veut simple et surtout humble qui, plus que tout, savoure chaque instant de sa jeune carrière.

C’est à l’hôtel de Sers dans le 8ème arrondissement parisien que nous rencontrons Roy Woods, au cœur d’un samedi après-midi ensoleillé comme la capitale peut en offrir. Si l’artiste se dit assez fatigué des nombreux voyages effectués dans le cadre de sa tournée européenne, il est avant tout très heureux d’être là et de se produire à Paris : “J’ai déjà fait beaucoup de concerts en Amérique du Nord mais ici, c’est la première fois que je fais quelque chose d’aussi gros et en mon nom. Je dois dire que je suis bluffé, je ne parle pas la même langue que vous, et pourtant le public français a tellement d’énergie et est super réceptif. Les fans connaissent toutes les paroles, il y a une super alchimie, c’est fou. L’Europe me bluffe à chaque fois pour ça.

Dès lors, même lorsqu’il se réveille le matin épuisé, il ne cache pas son plaisir : “À la fois mentalement et physiquement, mais surtout physiquement, c’est épuisant. Mais d’un côté, c’est ce dont je rêvais depuis plusieurs années ce type de tournées…” Nous confie-t-il sourire au lèvres. Si la joie se dégage de Roy Woods aussi distinctement, c’est que réussir dans la musique est son objectif depuis l’adolescence, dès lors, il nous explique enfin avoir touché à ses rêves, bien que ce ne soit sans doute que le début.

Véritable passionné de musique, Roy “baigne dedans” depuis son enfance. Le jeune homme a ainsi découvert la musique par l’intermédiaire de ses parents qui “avaient pour habitude d’en écouter beaucoup. Mon père écoutait énormément de rap, mais ma mère ne voulait pas trop que j’en écoute. De son côté, elle était plutôt gospel, reggae, R&B, soul. Donc forcément, ça se retrouve dans mes influences variées d’aujourd’hui. Ce n’est qu’à partir de 14-15 ans que j’ai découvert beaucoup de musiques par moi-même. Avant ça, ça venait surtout de mes parents. Au final, j’ai vraiment découvert le rap et la culture hip-hop quand j’ai commencé à en faire.” S’il a vécu une enfance paisible à Brompton, joliment surnommée la “ville de la fleur”, la musique a véritablement été le moteur de son ambition. Il débute le rap à l’âge de 15 ans et nous explique qu’il constatait alors quelque chose d’assez surprenant : “C’est assez drôle parce que dès l’instant où j’ai commencé, j’ai toujours su chanter. Par contre, j’ai du beaucoup, beaucoup, travailler pour apprendre à rapper ou à écrire une chanson.

La volonté de réussir prenant le pas sur le simple loisir qu’a un jour été la musique, c’est à l’âge de 17 ans que Roy Woods décide de tout consacrer à la musique. Son objectif était simple à l’époque : “Je voulais juste créer une fan-base. Du coup, aujourd’hui, j’ai largement dépassé mes objectifs de l’époque. (rires)” Un pari qui s’est avéré gagnant puisqu’il sera récompensé de ses efforts par un DM sur Instagram. Contacté par Oliver El-Khatib, co-fondateur de OVO et co-producteur exécutif de plusieurs albums de Drake, qui lui explique à l’époque vouloir en savoir plus sur lui : “Il m’a dit qu’il aimait ce que je faisais et m’a demandé de lui envoyer d’autres morceaux. De fil en aiguille, on s’est rencontré, on a fait le tour de la ville en voiture, on a discuté de la vie, on a vraiment fait connaissance. La chose la plus marquante qu’il m’a dit ce jour là, et c’est resté en moi depuis, c’était : ‘L’industrie musicale, c’est comme le lycée, c’est le même principe’. En vérité, j’ai beaucoup appris d’Oliver.

Quelques mois plus tard, le rêve devient réalité : Oliver propose à Roy de signer chez OVO et comme nous l’explique ce dernier, toujours le sourire aux lèvres, il n’en croyait pas ses oreilles. Il nous en parle avec aujourd’hui un recul plein de reconnaissance envers cet évènement majeur de sa jeune carrière : “Signer chez OVO ça a tellement impacté ma carrière et ma vie.. Quand j’ai entendu parler de de Drake pour la première fois, j’avais 13 ans et c’était en 2009. J’étais super fan et je l’ai toujours été. Six ans plus tard, il me signe. Tu imagines un peu… (rires) J’étais fou.

https://www.instagram.com/p/BccCZ48Bx9D/?taken-by=roywoods

En 2015, Roy Woods dévoile son premier projet sous la bienveillance d’OVO. Intitulé Exis, ce bel EP de 6 titres fait l’effet d’une solide présentation pour son R&B romantique et parfois mélancolique, mais aussi de la variété de sa palette et de sa plume puisqu’il se confie sur de nombreux thèmes de la vie entre rap et chant, avec une inclinaison affirmée pour ce dernier. Au sein du projet, on retrouve le hit “Drama” en collaboration avec Drake, un featuring qu’il considère comme un avant-goût du succès pour lui et surtout l’occasion de se révéler aux yeux et oreilles d’une audience nouvelle. Si par la suite, le jeune canadien sort plusieurs projets, c’est en octobre 2017 qu’il dévoile Say Less, son premier album où sont notamment présents PARTYNEXTDOOR, dvsn ou encore PNB Rock. Avec quelques mois de recul, il considère l’étape comme réussie : “Les retours sur mon premier album Say Less me font très plaisir. J’ai le sentiment que même ceux qui n’ont pas aimé tout l’album ont au moins un morceau qu’ils aiment beaucoup. Que tu sois heureux, triste, que tu fasses l’amour, que tu ailles en soirée, que tu ais un long trajet en voiture… Il y a un morceau pour toi dans cet album, et c’était l’objectif.

Ce premier album s’accompagne d’un succès et d’une notoriété qui peuvent être à double tranchant selon lui :  “Devoir gérer une fan-base, la pression, le fait d’être connu quand t’as 21 ans, c’est pas facile mais je fais ce qu’il faut pour. Je suis entouré de personnes de confiance, qui sont là depuis mes débuts. Si une personne proche de moi me veut du mal directement ou indirectement ou encore me tire vers le bas, je m’en sépare immédiatement. Je ne veux surtout pas ça. Tout ce dont j’ai besoin, c’est de gens positifs.” Avant d’ajouter que sa nature discrète l’aide à rester loin des distractions inutiles : “Je n’aime pas trop me montrer, je reste discret, je ne sors que quand c’est nécessaire. Cette façon de fonctionner me va très bien parce que ça me correspond, je ne cherche pas à être quelqu’un d’autre, c’est le meilleur moyen de se perdre, surtout dans ce milieu.” Il précise ensuite essayer de “rester un mec normal mais d’être plein de confiance dans mon boulot. Il y a beaucoup de pression dans le monde de la musique qui est mise sur des personnes très jeunes.

Désormais, c’est avec beaucoup d’excitation que Roy Woods prépare la suite de sa carrière musicale, et il faut s’attendre à une véritable évolution : “Sur ma prochaine mixtape, je vais beaucoup plus rapper, à l’image des morceaux “Russian Cream” et “Snow White” que j’ai récemment dévoilé. Je suis heureux de faire cette transition et j’ai surtout hâte de le faire découvrir aux fans.” En précisant toutefois, que tout cela est très naturel pour lui : “Faire évoluer mon style ce n’est pas trop compliqué car c’est déjà en moi. Je rappe depuis longtemps sauf que là je vais véritablement le partager avec le public. Vous pouvez vous attendre à ce que cette mixtape sorte très bientôt. Ensuite, ça sera mon album. Les deux projets sortiront cette année.” Que ses fans de la première heure se rassurent toutefois, le chant sera toujours bien au rendez-vous de ses projets. Si jusqu’ici, Roy Woods n’a pas encore sorti le projet faisant de lui la superstar que son potentiel laisse transparaître, son talent n’est plus une interrogation pour personne. À seulement 22 ans, l’objectif pour lui et son entourage musical sera désormais de façonner un talent immense, mais sans doute encore très brut.

Après une enrichissante discussion, notre entretien se termine, mais avant de se quitter, nous demandons à Roy Woods ce que l’on peut lui souhaiter pour les prochains mois. S’il évoque évidemment la réussite dans ses projets, il insiste surtout le fait de “continuer à être heureux“. Tout un symbole de la bonne humeur qu’il ne l’a jamais quitté en ce samedi 9 juin.

Le premier album de Roy Woods Say Less est à (re)découvrir ci-dessous.