Nicki Minaj a fait des ventes la seule conversation autour de “Queen”, et elle a perdu

Goûter à la place de second après des années d’un règne sans partage est une position difficile à accepter. Nicki Minaj en est le dernier exemple en date.

Dévoilé le 10 août dernier, le quatrième album de l’autoproclamée reine du rap était attendu de longue date par ses fans. En effet, son prédécesseur The Pinkprint avait vu le jour il y a 4 ans de ça, en 2014. Et comme en 2014, le nouvel album de l’artiste de Cash Money doit se contenter d’une seconde place au Billboard 200, malgré une première semaine plus que réussie avec 185 000 ventes, streaming compris.

Au premier abord, un score pareil ne nécessitait pas une immense campagne de justifications et d’excuses. Pourtant, sentant sans doute le souffle chaud de Cardi B sur sa nuque, et de ce fait sa place au sommet du rap américain plus que jamais contestée, Nicki Minaj a ressenti le besoin de trop évoquer la performance commerciale de son nouvel album. Obnubilée par les ventes, là où personne n’en parlerait autant si elle n’en faisait pas elle-même le sujet de discussion principal autour de Queen, Nicki s’est fendu d’une série tweets dans laquelle elle multiplie les excuses et les accusations, traduisant l’insécurité d’une superstar déçue de la performance de son disque. Si elle débuta par contredire les chiffres de ventes de sa première semaine, alors que ceux-ci furent rapidement officialisés et donc confirmés, elle enchaina en reprochant à Travis Scott, qui l’a battue au Billboard 200 cette semaine grâce à AstroWorld, de vendre du merchandising pour booster ses ventes de disques et à sa petite-amie Kylie Jenner d’en faire la promotion sur Instagram. Allant jusqu’à mettre Stormi, leur nouveau né, dans la conversation.

Sur ce sujet, elle se justifie en expliquant notamment : “Je lui ai parlé. Il sait qu’il n’a pas l’album numéro 1 cette semaine.” avant d’ajouter dans un second tweet : “J’ai mis mon sang et mes larmes pour écrire ce super album, tout ça pour voir Travis recevoir le soutien de Kylie qui post des pré-ventes de concerts en disant aux gens de venir voir Stormi et elle. J’en rigole.” Pour faire simple, Nicki Minaj reproche à Travis Scott et son label d’usés de stratégies marketing déjà bien connues de tous n’ayant rien d’illégales pour l’heure et à Kylie Jenner de promouvoir l’album du père de son enfant. En matière de mauvaise foi, la Queen fait très fort et est devenue rapidement la “risée” des réseaux sociaux qui ironisent sa mauvaise foi et son esprit de (très) mauvaise perdante.

Les choses ne se sont pas arrêtées là puisque la rappeuse s’en est aussi pris à Spotify en mêlant Drake au conflit, toujours sur son compte Twitter. Elle a en effet expliqué en vouloir à Spotify de n’avoir pas assez promu son album, ayant été punie de l’avoir dévoilé en exclusivité sur Beats 1 d’Apple Music. Une décision qui ne fait aucun sens selon elle puisque Spotify a massivement mis en avant Scorpion de Drake, qui est l’un des artistes ayant le plus rendu sa musique exclusive à Apple Music. Si, sur le papier, son raisonnement peut paraitre factuel et donc sa colère logique, Nicki semble mettre de côté un détail important : ce privilège accordé à Drake fait sens auprès de Spotify seulement car il s’agit de Drake. Un artiste qui est, avec Kendrick Lamar, la plus grosse star du rap international. Dans une volonté purement économique, la plateforme suédoise a donc largement encouragé ses abonnés à écouter Scorpion car Drake l’a sorti à une période où chacun de ses singles deviennent des tubes et où il demeure indiscutablement au sommet de l’industrie. Du côté de Spotify, on nie évidemment toute « sous-promotion » de Queen. Un représentant de la plateforme de streaming a déclaré : “Spotify a soutenu Nicki Minaj avec des panneaux publicitaires dans Times Square et une place dans ses plus grosses playlists. Son morceau “Bed” a vu une augmentation de ses écoutes grâce à la promotion de ces campagnes publicitaires. L’entreprise continue d’être une grande fan de Nicki.

Là où Nicki Minaj y voyait sans doute de la discrimination, du sexisme, une envie de la voir échouer ou tout autre fait injuste, Spotify n’y voit qu’un calcul froid et purement financier. Comme avec le cas d’AstroWorld, Nicki Minaj se place dans une position victimaire loin d’être justifiable, là où elle aurait simplement pu se montrer fière de signer une première semaine à près de 200 000 ventes après 10 ans de carrière. Et les fans seraient tous passés à autre chose.

Une fois de plus, la plus grande erreur de Nicki Minaj ici n’est donc pas seulement la qualité très discutable des arguments qu’elle avance, mais bien d’avoir fait des ventes le seul sujet de conversation autour de Queen. La musique semble désormais être passée au second plan dans le jugement de son quatrième album. Et puisqu’elle a fait moins bien qu’AstroWorld de La Flame et bien sûr que Cardi B et son Invasion of Privacy, Nicki Minaj s’est donc aventurée sur un terrain de comparaison où la défaite est inéluctable. Une volonté dictée sans doute par son égo, qui est en train de la pousser vers le plus gros revers médiatique et populaire de sa carrière.

Une situation qui aurait sans doute pu être évitée en se concentrant sur ce qui a bâti cette fameuse carrière, pleine de succès comme elle aime à nous le rappeler : la musique, et simplement ça.