Photo : Jimmy Fontaine

Kyle : “Avec ma musique, j’essaye d’aider les gens à être heureux et en paix avec eux-même”

Révélé en 2016 grâce au tube planétaire “iSpy”, Kyle a enchainé en mai dernier avec la sortie de son premier album Light Of Mine. Depuis, le californien a fait ses débuts à l’écran avec le premier rôle de la production Netflix The After Party.

De passage à Paris, Kyle nous a accordé quelques minutes de conversation dans les bureaux de Warner, au milieu d’un emploi très chargé. Souriant et aussi débordant de bonne humeur que sa musique le laisse entendre, le jeune homme a ainsi eu l’occasion d’évoquer ses débuts dans la musique, ses influences, son premier album ou encore sa carrière naissante d’acteur.

Views : Je sais que ce n’est pas la première fois que tu viens à Paris, est-ce que tu as un intérêt particulier pour la ville comme beaucoup d’autres artistes américains ?

Je dis souvent aux gens à quel point cette ville est belle. Les bâtiments sont vraiment élégants. Souvent, quand je vais dans une ville, je vois quelques lieux sympas, mais dès que je conduis un peu en ville, je vois des endroits qui le sont beaucoup moins. Ça ne m’est pas encore arrivé à Paris et c’est vraiment la seule ville.

Pour parler plus spécifiquement musique, comment tu en es venu au rap ?

Mon intérêt pour la musique a débuté, comme beaucoup, en tant que fan. Le truc c’est que j’ai très vite commencé à chanter, mais si on parle de rap spécifiquement, mon père m’a initié. Le premier morceau de rap que j’ai écouté c’était un titre d’Ol’ Dirty Bastard et je me suis dit “Putain, mais c’est quoi ça ?” (il se met à chanter le morceau ndlr) Mais tu sais, c’est drôle, parce que je faisais de la poésie avant ça, mais dès que j’ai entendu du rap je me suis “Ok, je crois que je peux être bon à ça.

Avec le recul, quels artistes t’ont véritablement influencé ?

Du coup, ODB m’a évidemment influencé parce que c’est le premier, mais il y en a beaucoup d’autres. Mac Miller m’a influencé, Kid Cudi m’a influencé, Kendrick, Drake, Jadakiss, Snoop Dogg, tous ces gens m’ont influencé.

À quel moment tu as réalisé que tu pouvais vivre de ta musique et véritablement faire carrière ?

C’est à peu près quand j’avais 18 ans, je venais de terminer le lycée et je travaillais dans une station service. Et assez facilement, je réussissais à faire pas mal de vues sur YouTube. Donc je me suis dit “Si je consacre tout le temps que je passe ici à travailler à faire de la musique, je pourrais clairement gagner de l’argent“. Donc j’ai démissionné, j’ai déménagé à Los Angeles, et je ne me suis pas fait de l’argent tout de suite (rires). Mais quand même, c’est à moment que j’ai su et que j’ai décidé de faire de la musique à fond.

En 2016, le public t’as découvert avec le single “iSpy” en collaboration avec Lil Yachty. Comment ce morceau a-t-il changé ta carrière ?

Mec, je te jure sur ce morceau il n’a pas simplement changé ma carrière, il a changé ma vie. (rires) Personne n’avait entendu parlé de moi avant ce morceau, mais quand c’est sorti, tout a changé. Aujourd’hui j’ai des fans en France, en Asie, en Australie, partout dans le monde les gens ont chanté ce morceau. Ma famille, mes amis, tous les gens qui me connaissent, leur vie a plus ou moins changé avec ce morceau.

Tu as sorti beaucoup de mixtapes depuis 2010, et enfin, en mai dernier tu as sorti ton premier album Light Of Mine. En quoi le processus créatif et le travail ont été différents pour ce premier album ?

Je pense que la grande différence c’est l’honnêteté. J’ai eu l’impression d’être plus honnête sur cet album, d’abord avec moi-même mais aussi avec les auditeurs. Dans le passé, ce n’est pas que je cachais des choses, mais y’a certains sujets qui étaient difficiles à aborder parce que j’étais trop concentré sur le fait de faire une musique ayant souvent la même vibe. C’est pour ça que sur Light Of Mine, ça part plus dans tous les sens et que je tente beaucoup de nouvelles choses parce que je voulais explorer toutes les choses et toutes les émotions que j’avais en moi. Je pense que c’est la plus grande différence dans le processus créatif : être plus honnête et être plus ouvert.

La chose qui m’a le plus frappé avec Light Of Mine est la façon dont tu t’ouvres sur des difficultés et réalise ton introspection. On pourrait dire que tu es constamment à la recherche de ton bonheur avec ta musique et donc, que tu espères aider les gens à trouver le leur. C’est comme ça que tu le vois ?

Oui, vraiment, avec ma musique, j’essaye d’aider les gens à être heureux et en paix avec eux-même. J’essaye de faire ça parce que c’est quelque chose que j’ai toujours eu du mal à faire. En grandissant, j’ai eu du mal à trouver des raisons d’être heureux et savoir comment faire pour l’être.

Pour beaucoup, la musique est une thérapie. Mais est-ce que ça l’est toujours quand ça devient ton travail et avec la pression qui en découle ?

Peu importe mon statut, je considérerai toujours la musique comme une thérapie. Même si c’est mon travail, le processus créatif de la musique restera à jamais quelque chose qui m’aide d’un point de vue personnel. Et je ne pense pas que ça changera un jour.

Hier, on célébrait le onzième anniversaire de la confrontation entre Graduation de Kanye West et Curtis de 50 Cent. Un moment considéré par beaucoup de gens comme le début d’une ère où les rappeurs n’ont plus eu à être (ou agir comme) des « gangsters » pour exister. Des artistes comme Kanye West, Kid Cudi ou Drake ont ouvert la voie pour ces artistes et tu sembles être l’un d’entre eux, rien qu’avec les sujets évoqués dans ta musique. Comment tu perçois cette évolution majeure du rap ?

Oh, c’était hier ? Wow, c’est fou, et je pensais pas que ça faisait déjà 11 ans. Pour te répondre, c’est un changement qui était peu à peu en train de se produire, et je pense que c’était nécessaire. Il faut se rendre à l’évidence, tout le monde n’est pas un thug ou un gangster dans le rap, tout le monde ne vend pas de la drogue. Grâce à ça, on ouvre le hip-hop à plus de gens. Et sincèrement, je dois remercier Kanye pour avoir défié le plus gros gangsta rappeur et avoir fait comprendre que ça c’était terminé, qu’il fallait parler de véritables sentiments humains. Mais ça a pris du temps, rien qu’en 2013 quand j’ai sorti une mixtape, j’ai été moqué parce que les gens disaient que j’étais trop heureux. Comme si être heureux était négatif, je me disais “Yo, what the fuck ?

 

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Tu as déjà eu l’occasion de travailler avec des noms bien connus dans le monde de la musique : Lil Yachty, 2 Chainz, Miguel, Ty Dolla $ign ou encore G-Eazy. Aujourd’hui, quelle serait la collaboration dont tu rêverais ? Et pourquoi ?

Ma collaboration rêvée ce serait avec Pharrell. Si je pouvais me retrouver en studio et travailler avec lui, je serais tellement épanoui. La raison est qu’il possède un son tellement intemporel, ses sonorités peuvent fonctionner avec absolument n’importe qui. J’ai le sentiment qu’il est un maître de plusieurs genres, c’est quelque chose qui m’inspire beaucoup et que j’aimerais maîtriser aussi. Donc travailler avec lui ce serait l’occasion de beaucoup en apprendre.

Ces derniers mois, le hip-hop a traversé des moments très difficiles avec la mort de plusieurs jeunes rappeurs : Lil Peep, XXXTENTACION, Fredo Santana, Jimmy Wopo et Mac Miller tout récemment. Entre la santé mentale, la drogue et la violence, penses-tu que l’industrie fait assez pour protéger ces jeunes artistes ?

Je ne dirais pas nécessairement que c’est la faute de l’industrie, je pense que c’est un problème qui dépasse la musique. La jeunesse est exposée à cette société qui en est grandement responsable. Mais le problème des addictions est vraiment inquiétant, beaucoup de gens consomment des drogues pour ressentir une certaine sensation ou tenter d’oublier une forme de dépression qu’ils ressentent. Évidemment il y a la solution de consulter un thérapeute, mais de façon plus globale je pense que le problème des addictions et de la santé mentale n’est pas assez traité comme une priorité. Aider et éduquer les plus jeunes sur ces questions est vital à ce niveau. Il faut aussi ne pas les isoler ou les traiter comme des gens bizarres, sinon c’est le meilleur moyen de ne pas leur donner envie de se faire aider par des professionnels, et donc qu’ils tentent de régler ça par eux-mêmes, avec notamment la drogue.

As-tu toi même vécus des difficultés personelles inattendues en devenant un artiste reconnu ?

Ouais, à vrai dire j’ai cru un moment que les choses allaient aller beaucoup plus vite que ça. Garder assez de confiance en soi pour ne pas changer et rester soi-même a été un vrai défi lorsque j’ai découvert ce qu’était le succès avec “iSpy”. Il faut savoir garder les pieds sur terre dans ces moments.

Tu as récemment obtenu ton premier rôle à l’écran dans le film The After Party sur Netflix, félicitation pour ça. Peux-tu nous en dire plus sur cette expérience ?

Merci, j’en suis vraiment heureux. Comme tu l’as dit le film s’appelle The After Party, il est réalisé par Ian Edelman et comprend beaucoup de rappeurs au casting. Le tournage, c’était sans doute les 3 mois les plus mémorables de ma vie. C’était super impressionnant de voir tous ces gens travailler à l’unisson, animés par un seul objectif commun. Ça m’a inspiré à travailler encore plus dur sur ma musique parce que l’éthique de travail des gens dans le cinéma est complètement folle.

Est-ce qu’on peut s’attendre à te voir tourner dans d’autres films prochainement ?

Clairement ! Ça arrive bientôt. Plus de films c’est l’objectif.

Que peut-on attendre de toi au niveau de tes projets professionnels dans un avenir proche ?

Déjà, j’ai cette tournée mondiale qui arrive et que je compte bien rendre mémorable, avec un concert à Paris le 7 décembre, après ça je veux clairement faire un autre album, et tourner dans d’autres films. Au-delà de ça, je veux continuer de m’améliorer afin de devenir une meilleure personne.

As-tu un mot de la fin ?

« Be nice to people. »

Le premier album de Kyle Light Of Mine est à retrouver ci-dessous.

Propos recueillis par Selim Moundy.