Avec Gurls Talk in Paris, Nike donne la parole aux femmes

C’est après deux ans de combat contre l’alcoolisme et la dépression, ainsi qu’une tentative de suicide, qu’Adwoa Aboah a repris goût à la vie et s’est nourrie de son expérience pour créer le mouvement Gurls Talk. La mannequin britannique s’est fortement inspirée de son histoire pour imaginer cette plateforme online, où il est librement possible de parler de santé mentale, d’image corporelle et de sexualité. Cette plateforme d’échange organise aussi souvent que possible des évènements gratuits, afin de rassembler une communauté autour de débats sans tabou et sans jugement, afin de discuter, d’écouter et de partager des questions importantes autour du sujet des femmes. Le 12 mars dernier, se tenait la conférence Gurls Talk in Paris, dans le troisième arrondissement de la capitale. Cet événement, organisé en étroite collaboration avec Nike Women, s’est déroulée sous la forme d’une sessions de Questions/Réponses avec le public, pour aborder des enjeux majeurs de notre époque, tels que la gestion de sa féminité, des problèmes que peuvent rencontrer les femmes dans leur quotidien, dans le sport et dans la société.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les invitées étaient à la hauteur de l’événement. On retrouvait en effet Caster Semenya, double championne olympique du 800 mètres, l’ancienne footballeuse Laura Georges, passée par l’OL et le PSG, 188 sélections en Équipe de France au compteur, l’entrepreneuse Lyna Malandro, ainsi que la musicienne et créatrice Grace Ladoja. C’est l’athlète sud-africaine qui prend la parole en première : “J’ai été éduquée pour être un soldat. […] Je m’entraînais tout le temps …” se remémore-t-elle, non sans émotion. Alors que le débat sur son véritable sexe fait rage depuis de nombreuses années au sein du monde de l’athlétisme, la sud-africaine a récemment créé un programme pour aider les jeunes de son pays natal à améliorer leurs conditions de vie et leurs performances dans le sport, pour qu’ils puissent un jour devenir des athlètes accomplis.

“Je ne suis pas frustrée par l’avis des autres, je me ferme par rapport à ça, on ne doit pas écouter les commentaires des autres. […] Quand je marche je suis un être humain, quand je m’entraîne je suis une athlète, quand je gagne je suis une championne” confie Semenya devant une salle comble et attentive. Elle poursuit, en délivrant un message plein d’espoir : “Si vous voulez être la meilleure, inspirez-vous, mais faites toujours les choses à votre manière.” Durant ce Gurls Talk x Nike, Caster Semenya n’aura cesse d’insister sur l’importance de la confiance en soi, une nécessité selon elle pour accomplir de grandes choses dans la vie en tant que femme.

La légende du football Laura Georges prend ensuite la parole, elle qui est désormais ambassadrice de la Coupe du Monde féminine, qui se déroulera en France l’été prochain. “Quand j’étais joueuse au PSG j’ai eu un appel du président de la FFF, Noël Le Graët” se rappelle celle dont le surnom sur les terrains était Le Roc. “J’ai eu un entretien avec lui, afin de promouvoir le foot féminin en Guadeloupe, et il m’a dit ce jour là : ‘J’ai besoin de quelqu’un qui puisse représenter et faire entendre sa voix pour promouvoir le foot féminin’.” Désormais retraitée, Laura Georges espère pouvoir parler au nom des femmes et devenir une représentante inévitable du football féminin.

Dans le milieu ultra-compétitif du sport, n’importe qui peut douter, se poser des questions. Voilà pourquoi Laura Georges fait résonner sa voix, pour dire aux femmes “d’avancer, d’essayer et de ne pas regretter.” Elle confesse ensuite son admiration pour des personnalités publiques comme Lilian Thuram ou Oprah Winfrey, notamment pour leurs prises de paroles en faveur de la communauté noire. “Je ne suis pas féministe, on a besoin des hommes, mais les femmes doivent savoir prendre la parole ! Rester soi même dans un tel milieu est difficile mais il ne faut pas changer, il faut garder ses valeurs, savoir être forte.” conclue l’ancienne internationale française.

L’entrepreneuse Lyna Malandro, créatrice du Instagram « Vrai Meufs », prend ensuite la parole pour mettre en avant ses portraits authentiques de femmes, sans maquillage, au naturel. “Vrai Meufs a été créé pour casser les codes sur les réseaux sociaux” explique-t-elle. “Je ne trouvais pas ma place en temps que femme sur ces réseaux. Je ne comprenais pas pourquoi, je me comparais à ces femmes parfaites. On a sans cesse l’impression qu’il faut se comparer aux autres.” Elle poursuit ce développement intéressant : “Je voulais créer une plateforme, pour montrer des vraies femmes, et non la perfection. […] Notre génération a tendance à oublier la valeur du travail et de l’effort.” Bluffante de maturité, Lyna finit son intervention sur un ton enflammé : “Il faut redéfinir la féminité, nous subissons trop de clichés, aujourd’hui un sweat et un jogging c’est tout aussi féminin ! Je me sens bien et féminine comme ça !”

La musicienne et créatrice Grace Ladoja s’empare à son tour du micro, pour faire part de son expérience et de son opinion sur les sujets précédemment évoqués. Cette dernière a beaucoup travaillé aux côtés de Skepta, pour que les jeunes s’approprient la musique, mais elle a aussi longtemps collaboré avec le shop londonien de Supreme. “Dans la musique on se crée ses propres objectifs” confie celle qui est aujourd’hui basée au Nigéria. “Avec Skepta, nous avons réussi dans notre domaine car nous sommes les pionniers. Maintenant je veux créer un paysage culturel, mais en Afrique. Pas pour moi, mais pour montrer qu’il y a une industrie viable là-bas et je veux y contribuer.” La à encore, le mot d’ordre est de toujours croire en soi-même et ses capacités, peu importe les circonstances : “Je me fiche de comment les gens me voit, je m’habille comme je veux, je ne veux pas obéir aux clichés qu’on m’a imposé comme ceux des filles qui portent des jupes et les garçons des pantalons. […] Je veux faire entendre ma voix et appliquer cette confiance que j’ai apprise dans mon expérience. Il faut avoir confiance en soi !”

Durant cette passionnante conférence, le public a également pu prendre la parole pour interagir avec ces intervenantes et ainsi créer un véritable espace de débat, la visée première du Gurls Talk. Un lieu d’échange, de partage, d’écoute et d’entraide entre les femmes, conçu par Adwoa Aboah pour que chacun puisse s’épanouir dans son sport, dans sa croyance, dans sa façon de vivre et dans sa perception du monde. Et surtout, à encourager les jeunes à croire en eux. Vu les sourires gravés sur les visages du public à la fin de l’événement, le pari est relevé haut la main.