“Fallait pas me laisser sortir Barillet plein, le rap américain va se faire défoncer l’arrière-train” rappait Seth Gueko dans “Patate de forain” en 2005. Presque 15 ans plus tard, il semblerait que la flore anale du rap ricain soit toujours aussi intacte et c’est plutôt logique.
Le mouvement culturel hip-hop, dont le rap fait partie, est né à la fin des années 70 aux USA, popularisé par des groupes comme Sugarhill Gang, ou plus tard Grandmaster Flash et Run DMC. Ce sont ces groupes qui, par l’intermédiaire des radios pirates et des cassettes, ont pu inonder les walkmans français et marquer la première génération de rappeur français, de NTM aux X-mens en passant par Ideal J. Voilà pour le cours d’histoire accéléré. Oui, le rap français est bien le petit du rap américain. Nier l’évidence serait mentir et il faut parfois accepter d’entendre une dure vérité pour suivre son destin (coucou Luke Skywalker).
Il n’y a donc aucune honte à avouer que la majorité des rappeurs ayant évolué des années 80 à nos jours sont des évolutions en versions françaises de ce qui se fait outre atlantique. Un constat drôle, tant il correspond exactement à la raison pour laquelle les américains regardent nos rappeurs de haut. Ils appliquent le théorème reconnu du “Suis moi je te fuis et fuis moi je te suis”, autrement dit “ce n’est pas en essayant de me ressembler que tu vas me serrer.” À l’époque la copie était basée sur de grosses liasses, de grosses fesses, et de grosses voitures.
” D’hier à aujourd’hui nos rappeurs appliquent des codes qui ne sont pas les nôtres “
Aujourd’hui, la nouvelle génération pompe les codes du rap soundcloud, de la lean à outrance et des xanax en smarties. D’hier à aujourd’hui nos rappeurs appliquent des codes qui ne sont pas les nôtres donc forcément ça en devient très parodique. Si on pouvait excuser les premières générations de rappeurs, 30 ans après il faudrait peut-être penser à arrêter ce mimétisme et chercher à innover. D’abord pour donner un nouveau virage musical au rap français, mais aussi pour montrer au monde que la France est capable de dominer les charts europeens et mondiaux.
La prophétie arrive d’ailleurs doucement, avec la clique des MHD, Niska et autres Aya Nakamura qui s’ils se sont peut être inspirés de ce qu’il se fait aux US, ont aussi beaucoup repris les codes de l’afro trap. Une mouvance peu ou pas connue des Américains et qui leur vaut une validation totale au pays de l’oncle Sam tant au niveau du public, que des programmateurs ( MHD à Coachella ) ou des artistes ( Diplo en feat avec Niska ). Enfin, impossible de parler de rap français sans parler du duo de Tarterêts : PNL. Alors que leur dernier album défonce les records en France, les deux frères symbolisent la nouvelle puissance du rap français. En débarquant avec un flow, un imaginaire ( et des coupes ) assez novateurs; ont choqué toute la France et intrigué les US (couverture du magazine Fader et presque Coachella. )
Globalement, ce qui découle de cette relation compliquée entre américains et français, c’est l’importance de la notion de créativité. Longtemps, les rappeurs ont cherché à être de bons élèves en copiant formellement le modèle US, si la formule fonctionnait en France, l’influence ne dépassait que rarement les frontières francophones. Aujourd’hui la donne commence à être différente et si, internet joue au rôle majeur dans la nouvelle exposition des artistes français, les prises de risque créatives de PNL à Niska en passant par SCH montrent que 30 ans après ses débuts, le rap français commence enfin à prendre son indépendance.