Il y a un peu moins d’une semaine, S.Pri Noir se produisait sur l’une des scènes de Lollapalooza Paris. À l’occasion de ce concert événement, Views a pu s’entretenir avec le rappeur parisien. Rencontre avec un artiste qui n’a qu’une hâte : poursuivre son ascension. Dans tous les domaines.
Views : C’est ton premier Lollapalooza ?
S.Pri Noir : J’avais déjà joué mais pas en solo, c’était l’an dernier quand Nekfeu m’avait invité sur son show.
Et tu en as pensé quoi alors ?
Incroyable ! Vraiment incroyable ! L’énergie, l’ambiance, les gens donnent trop d’amour ici, c’est vraiment un délire. J’ai vraiment kiffé. Il fait beau, on est à Paris… Le fait de jouer à Paname est vraiment très important pour moi.
Tu sens des différences entre le public parisien et le public de province ? Il est coutume de dire que ça se lâche moins à Paris.
Pour être honnête, depuis la scène je n’en vois pas. Quand t’es sur scène tu sens la même énergie, les gens sont vraiment là pour kiffer, la vibe est bonne partout. Je ne vois pas de villes qui se démarquent par rapport à d’autres.
Tu as ramené Sneazzy pour ton live ici, ça s’est fait comment ? C’était préparé bien en amont ?
Même pas ! Il m’a appelé une heure avant en me disant « Ouais gros, c’est comment Lollapalooza ? », je lui ai dit « T’es là ? T’es chaud pour chanter ? ». Il était chaud, il me demande quels sons on fait et c’était bon. Un petit coup de fil au manager et bim, réglé.
Après ça tu seras avec Nekfeu sur la main stage. C’est pas trop de pression ?
Non, c’est une bonne pression, t’es pressé d’y être. Ce qui est dur c’est l’attente !
Ça s’est fait comment ? Pareil un simple coup de fil ?
Non, encore moins que ça ! On est tellement potes que c’est naturel. C’est comme si t’es dans le quartier de ton gars, tu lui dis que t’es là, vas-y on va prendre un verre. Pour nous c’est la même dynamique.
Il paraît que tu bosses à fond sur le nouvel album, on en est où ?
On est à 60-70%, il reste quelques finitions à apporter. On va peut-être avoir des collaborations qui vont s’ajouter…
Tu peux nous en dire plus là dessus ?
(Rires) Tout ce que je peux dire pour l’instant, c’est qu’il y aura vraiment énormément de collaborations et que ce sera que du FR. Il y a du gros nom, mais il y aussi beaucoup de coups de coeur artistiques. Des gens qui ont un vrai truc, quelque chose qui me parle et avec qui j’ai envie de bosser. L’important c’est que les choses se fassent naturellement.
T’as commencé à bosser dessus quand ?
J’ai démarré après la fin de l’enregistrement de Masque Blanc, mais je suis vraiment à fond dessus depuis mars.
Tu parles de “Masque Blanc”, est-ce que c’est le genre de projet avec lequel tu sens que tu as franchi un cap ?
S’il faut parler purement en termes de chiffres, c’est indéniable. L’album est disque d’or, en route vers le platine, donc sur ce plan là c’est certain.
Tu t’y attendais ?
(Il hésite) Je l’espérais. Utiliser le terme « attendre » ce serait mentir. Tu sors du studio, les gens qui sont autour de toi aiment le son, mais au final tu n’as aucune idée de comment le public va recevoir une création. Le plus important pour moi, c’était que les gens comprennent mon son, qu’ils comprennent là où je veux en venir. C’est un projet éclectique, avec plein de sonorités différentes, donc c’était pas gagné.
C’est sûrement ce qui a plu aux gens d’ailleurs. Sur certains projets, on a l’impression d’entendre 20 fois le même son, alors que “Masque Blanc” est vraiment varié sur le plan sonore.
C’était un risque. On aurait pu perdre plein de gens, qui m’auraient pas suivi dans mes délires. Heureusement, le risque a été bien accueilli et le cap a été franchi.
Tu as gardé cet éclectisme sur le nouvel album ou tu as voulu te recentrer sur du rap pur et dur ?
Je l’ai gardé parce que c’est ce que je voulais. Mais ce projet est plus resserré, il est moins long. Après, que les lecteurs se rassurent, il y aura quand même majoritairement du rap (rires).
J’imagine que tu dois te tenir au courant en permanence de ce qui se fait dans l’industrie, surtout quand on enregistre un nouveau projet. Tu as écouté quoi ces derniers mois ?
Future est toujours très chaud. Il est imparable. Trop de productivité, trop de mélodies, c’est un très bon rappeur, il a un univers visuel super fort… Ça remonte un peu plus, mais le dernier Travis Scott m’a aussi bien influencé. Je suis aussi revenu sur des sons de 2005, avec du Lil’ Flip, du Ja Rule. Pour parler plus généralement, j’écoute tout ce qu’il se fait, par curiosité et parce que je suis un amateur de rap.
Tu as été très actif le mois dernier avec la Fashion Week. Comment ça s’est passé pour toi ?
J’ai fait Kenzo, Balmain, Études, System… C’est un monde qui me plaît toujours autant. Pour moi, c’est le b.a.-ba de s’habiller. Tout le monde s’habille à sa manière et donc d’une certaine façon, tout le monde façonne la mode à sa manière. J’adore aussi voir comment les créateurs articulent leurs shows, les nouvelles tendances qui émergent.
C’est un univers dans lequel tu aimerais te lancer à l’avenir ?
Complètement. Par exemple, sur scène je portais une pièce que j’avais confectionnée. Dans mes clips aussi, j’insère des sapes que je confectionne. C’est pas quelque chose que je mets spécialement en avant, mais c’est bien là.
Tu vois des liens entre la création musicale et stylistique ?
Dans les deux cas, tu pars de rien et tu construis quelque chose de fini. C’est une fierté extraordinaire. Tu fais grandir quelque chose à partir du néant. Voir se matérialiser une idée qu’on a eu, c’est vraiment un truc fou à vivre. En musique, tu pars de deux-trois notes, quelques lignes gribouillées et ça finit en morceau. Après le morceau, tu le joues en festival, les gens le connaissent, ils t’envoient des vidéos sur lesquels il le chante… Ça part de ta chambre, ça part de ton cerveau, tu ne peux pas faire plus intime. Et au final, tu le partages avec des milliers de personnes.