Impossible de passer à côté : un véritable raz-de-marée s’est abattu sur la scène musicale française. Une perturbation venue tout droit du Val de Marne, plus précisément de Fontenay-sous-Bois. Déjà solidement installé au sommet des charts avec son précédent tube “Hé oh”, Gambi a conforté son nouveau statut en fin de semaine dernière avec l’imparable “Popopop.” Le million de vues sur YouTube en seulement 6 heures, avant d’aller pratiquement chercher les 2 millions de vues en 24 heures, les statistiques parlent d’elles-mêmes, car ces chiffres ahurissants, sont à même de faire rougir les boss des charts français. Ultra-dominateur sur YouTube, Gambi l’est aussi sur toutes plateformes de streaming, puisqu’il est le premier artiste francophone à se classer simultanément en première position des titres les plus écoutés sur l’intégralité des plateformes de streaming disponibles en France. Le jeune rappeur a par ailleurs réalisé l’exploit d’intégrer le top 200 de Spotify Monde, et surtout de réaliser le neuvième plus gros total de stream en 24 heures sur la plateforme, aux côtés de noms comme Juice WRLD ou Travis Scott. Un exploit retentissant pour un artiste inconnu du grand public il y a six mois. Pour comprendre le phénomène Gambi, qui suscite au moins autant de haine que d’admiration sur les réseaux sociaux, un bref retour en arrière s’impose.
Comme beaucoup d’autres, Gambi démarre sa carrière de rappeur en partageant ses morceaux sur sa chaîne YouTube, gagnant progressivement en expsoition grâce à sa série de freestyles “Makak.” Le cap symbolique du million de vues est atteint lors de la sortie du clip de son banger “La Guenav” le 10 mai dernier. Une date charnière pour Gambi, qui profite de cette vidéo pour annoncer sa signature chez REC.118, label connu pour être l’écurie de SCH, Hamza ou encore Ninho. En rejoignant cette filiale du groupe Warner France, Gambi s’est sans doute assuré un avenir radieux. En effet, REC. 118 n’en finit plus de prouver qu’elle est l’une des meilleures structures pour développer les talents de la musique urbaine en France. Le natif de Fontenay est donc (très) bien tombé, et s’il en fallait une preuve, Gambi a dans la foulée enregistré son premier numéro 1 dans les charts français au début du mois de septembre avec “Hé oh.” Un titre extrêmement efficace, possédant une refrain entêtant et un clip complètement loufoque : le potentiel viral était total et ce la folie communicative de Gambi s’est avérée payante.
Malgré (ou à cause de) son succès phénoménal, le rappeur du 94 divise le public depuis plusieurs mois. Personnage décalé, donc forcément clivant, Gambi est la cible de critiques plus ou moins violentes sur son style, sa personnalité et sa musique. Alors que certains l’accusent d’être une arnaque au succès uniquement dû au buzz qu’il engendre sur les réseaux sociaux, d’autres rejettent fermement son style criard et ses couplets lâchés à l’emporte pièce, tout en moquant ses refrains dansant. Le succès de Gambi et la défiance qu’il suscite auprès de nombreux amateurs de rap peut directement faire écho à la grande success story musicale de 2019 aux États-Unis, Lil Nas X. À l’instar de l’interprète de “Old Town Road”, le jeune Gambi sort de “nul part” et nourrit son succès viral en jouant de son côté clivant, ce qui renforce encore plus pour certains l’impression que son succès n’est pas mérité, au regard du temps et des efforts que certains de leurs artistes favoris doivent fournir pour espérer percer.
De son côté, Gambi “bénéficie” de ses milliers de haters, qui abreuvent constamment les réseaux sociaux, Twitter en tête. Le rappeur de Fontenay-sous-Bois occupe l’espace digital comme peu de jeunes artistes avant lui, en bien comme en mal. Il se retrouve ainsi fréquemment surexposé. Un atout de poids au moment de comptabiliser les streams. Les derniers jours l’ont démontré, qu’on l’adore ou qu’on le déteste, il est toute simplement impossible de passer à côté de Gambi. Et à l’instar de Lil Nas X, l’impression qui se dégage est que l’analyse de ses qualités musicales se retrouve reléguée au second plan au moment d’évoquer le cas de l’interprète de “Popopop.” Visé de toutes parts par certains critiques, le rappeur parvient néanmoins à capitaliser sur ce déchaînement, comme en attestent ces chiffres de streaming stratosphériques ou encore sa récente participation au défilé de la marque Afterhomework Paris lors de la dernière Fashion Week. Alors que le succès de son dernier single est total, la question est de savoir si Gambi est condamné à rejoindre la longue liste des “one-hit wonder” (bien qu’il soit déjà au pire un “two-hits wonder,”) ou s’il parviendra à confirmer son formidable buzz sur la longueur. Car avec un tel triomphe commercial pour ces deux derniers singles, la question du premier projet va très bientôt se poser pour le rappeur francilien, et Gambi serait bien avisé de suivre les trajectoires de carrière d’autres artistes qui ont à leur début (et parfois encore aujourd’hui) divisé le public, comme certains Koba LaD ou autres Jul.
En attendant de découvrir le futur du rappeur que l’internet français prend un malin plaisir à détester, on retourne profiter du refrain de “Popopop.”
Gambi est par ailleurs à retrouver dans notre playlist des meilleurs morceaux du moment, disponible ci-dessous.