À l’heure où pour percer dans le rap, il semble falloir user et abuser de toutes les techniques pour attirer l’attention sur soi, Baby Keem grimpe les échelons avec discrétion. Longtemps désireux de conserver son anonymat, le jeune artiste originaire de Las Vegas existe seulement à travers la qualité de sa musique. Lors de sa première interview, accordée au média américain Complex, il expliquait : “J’ai été élevé dans une famille talentueuse, tous mes cousins plus âgés et mes oncles rappaient donc être dans les parages a fait que c’est venu naturellement. J’ai fait mon premier vrai morceau à 15 ans (…) Heureusement personne ne le trouvera sur Internet, enfin j’espère.“
Né en 2000, c’est à 16 ans (en 2016 donc) que Baby Keem sort son premier morceau sur SoundCloud. À partir de là, tout s’enchaine assez vite : en 2018, il sort 3 EPs entre janvier, mai et juillet qu’il enregistre dans sa chambre. Mais c’est bien en octobre, avec la sortie de sa première mixtape The Sound of Bad Habit, dont le producteur exécutif n’est autre que Cardo, que Baby Keem voit véritablement sa carrière décoller. Le projet n’est pas un succès commercial, mais il permet toutefois au jeune rappeur d’être identifié d’une tranche du public et de montrer toute la légitimité de son talent.
Mais Baby Keem n’est pas simplement un interprète, puisque ses premiers pas dans le gratin de l’industrie musicale se font grâce à ses talents de producteur et d’auteur. Désormais proche de TDE, il a co-produit et co-écrit le titre “Redemption Interlude” sur la B.O de Black Panther façonnée par Kendrick Lamar. Et cela s’est fait tout naturellement, comme il explique, toujours pour Complex : “J’ai envoyé un pack d’instrus sur le mail de TDE et il s’est avéré que j’ai atterri sur la soundtrack de Black Panther. C’était la volonté de Dieu.” Toujours lié au label californien, il a co-écrit et produit les morceaux “Knock It Off” et “Rotation 112th” de Jay Rock ainsi que le single percutant “Numb Numb Juice” de ScHoolboy Q issu de son dernier album en date. De quoi lui façonner un CV bien rempli à son jeune âge, d’autant qu’il a par la suite co-produit le morceau “NILE” de Beyoncé et Kendrick Lamar sur la B.O du Roi Lion.
En juillet 2019, Keem dévoile son excellente deuxième mixtape Die For My Bitch qui lui permet de franchir un vrai cap (notamment via des morceaux plus mélodieux) mais surtout de s’offrir un fan de choix : Drake considère ce projet comme le meilleur projet de 2019 (avec So Much Fun de Young Thug). En clair, sa carrière est sur une vraie pente ascendante et cela ne devrait pas diminuer dans les mois à venir. Entre sa relation de proximité avec le meilleur label au monde et le soutien de Drake (avec pourquoi pas un feat à l’avenir…), Baby Keem possède deux des meilleurs alliés possibles dans le rap américain.
Mais plus que via ses soutiens de choix, c’est bien pour sa palette artistique variée et son potentiel indéniable que l’on croit en Baby Keem pour 2020. À seulement 19 ans, il est capable de sortir des bangers courts mais denses et fougueux comme “Gang Activities” (dont le clip est réalisé par Shia Labeouf) tout comme des morceaux plus chantés et à l’influence punk et pop comme sur “Apologize”, conclusion brillante de Die For My Bitch. Grâce à un choix de production minutieux, facilité par son oreille musicale de rappeur et producteur, et à une voix pincée mais malléable qu’il utilise à merveille, Keem donne l’impression de ne jamais réaliser deux fois le même morceau.
Pour lui, la suite logique sera sans doute la sortie d’un nouveau projet en 2020. Non seulement ce sera l’occasion de confirmer toutes les promesses entrevues jusqu’ici, mais surtout de continuer à développer une fan-base certes nichée, mais qui ne cesse de grandir. Il n’est pas trop tard pour prendre le train en marche.
Sa mixtape Die For My Bitch est à retrouver ci-dessous.