S.Pri Noir : “La patience définit ma carrière”

Entretien avec le rappeur qui vient de sortir son deuxième album "État d'Esprit."

Cela ne fait aucun doute, nous vivons actuellement une période assez délicate pour défendre un nouveau projet. En sortant son deuxième album vendredi, S.Pri Noir savait qu’il serait difficile d’optimiser sa promotion. Le rappeur parisien a tout de même tenu à maintenir sa date de sortie, afin d’offrir une parenthèse musicale salutaire à ses fans. À cette occasion, il a répondu à nos questions concernant ce nouvel album, ses émotions, son État d’Esprit.

Composé de 16 titres, dont 8 featurings, ce second long-format confirme un peu plus la place de S.Pri Noir dans le rap français. En effet, on constate rapidement qu’il a su affiner sa plume durant les deux années qui ont suivi son premier album Masque Blanc. Exploitant plus que jamais des mélodies pop, S.Pri montre toute sa l’étendue de sa technique et son goût pour le rap dans des morceaux comme “Dystopia” ou encore “T’as capté”, un titre en forme de réelle démonstration de force en compagnie d’Alpha Wann et Sneazzy. Avec État d’Esprit, S.Pri Noir nous offre un album éclectique et maîtrisé, quelque soit le style recherché. Entretien avec un rappeur décidément insaisissable.

Views : Premièrement, comment vas-tu ?

S. Pri Noir : Ça fait plaisir, c’est très rare que l’on me le demande ! Ça va plutôt bien.

Comment vis-tu, personnellement et professionnellement, cette période assez particulière de confinement ?

Personnellement, je suis un peu inquiet de la situation. Cette crise mondiale que l’on vit, le manque d’informations concrètes que l’on nous donne, ça rend facilement parano sur ce virus. Et professionnellement, beaucoup de travail, on fait de la promo confinée ! C’est different, mais ça se passe plutôt bien.

Tu as pensé à repousser la sortie de l’album étant donné les circonstances ?

Oui bien sûr, mais au final j’étais motivé par le fait que je sois un artiste et que ma musique puisse accompagner les gens dans leur confinement.

Qu’est-ce qui a changé pour toi au cours des deux dernières années, depuis la sortie de ton premier album “Masque Blanc” ?

Je me suis beaucoup inspiré des différents environnements dans lesquels j’ai pu évoluer, j’ai eu la chance de pouvoir voyager, de faire autre chose, de rencontrer de nouvelles personnes. Ce sont les choses qui ont changé dans ma vie. Sinon, le reste ça bouge pas !

Avec le recul et l’expérience, comment juges-tu ton premier album et l’impact qu’il a eu sur ta carrière ?

Il m’a permis d’affiner ma direction artistique. Je sais où je veux aller et ça se ressent sur ce nouveau projet.

Il a d’ailleurs été certifié disque d’Or, est-ce que ça revoit tes objectifs à la hausse pour ce deuxième album ? 

On vise le Platine si Dieu le veut ! (rires)

Tu as appelé ce projet “État d’esprit.” Justement, c’était quoi ton/tes état(s) d’esprit quand tu l’as créé ? C’était quoi le message derrière ce titre ?

C’est que dans la vie, tout ce que tu ressens, ton vécu, les choix que tu peux faire, tout est conditionné par ton état d’esprit.

Tu as été assez actif “en équipe” depuis le début de l’année. Tu est présent sur “Trinity” et “Nouvo Mode”, ce qui nous amène à retrouver Laylow et Sneazzy sur ton album. Ces gros featurings étaient un moyen de préparer le terrain pour le nouvel album ? 

Non pas vraiment, c’est pas comme un entraînement (rires). Si tu écoutes bien, chaque projet est différent avec sa propre identité. Pour moi, le fait d’y avoir participé a autant d’importance que le fait d’avoir leur présence sur mon album.

“État d’esprit” comprend de nombreuses collaborations. Comment est-ce qu’elles se mettent en place et en quoi sont-elles importantes pour toi ? Ça permet de créer une synergie ?

Elles se mettent en place naturellement, par téléphone ou quand ça passe au studio. C’est important pour moi, car j’aime partager la musique. Et oui, en plus de créer une synergie, cela donne du relief à l’album.

Dans cette lignée d’être un artiste qui collabore beaucoup, te vois-tu un jour sortir un projet commun avec un autre rappeur ? 

Oui bien sûr ! Ce n’est pas nouveau pour moi, nous avons déjà sorti un album commun en 2012 avec mon compañero Still Fresh. D’ailleurs il est toujours disponible sur toutes les plateformes (rires)

Le morceau “100 regrets” est très important dans l’album, c’est sans doute le plus introspectif. Dans quelle démarche l’as-tu réalisé ? Est-il particulièrement important à tes yeux ? 

C’est le morceau dans lequel je me livre le plus, et bizarrement, il a été le plus facile à écrire. Surement parce que c’est du vécu. D’ou son importance, car cela permet à mon public de mieux comprendre ma vie, notamment tout ce qu’ils ne peuvent pas voir à travers les réseaux sociaux.

En écoutant, on ressent que les femmes sont une grande source d’inspiration. C’est le sentiment que tu as eu aussi en travaillant l’album ?

Les femmes, tu connais… Les histoires d’amour sont, et resteront, une inspiration. Mais toujours parmi tant d’autres.

Avec “Dystopia”, tu as sorti l’un des clips les plus ambitieux du rap français ces derniers mois, voire même de ces dernières années. Qu’est-ce qui vous a inspiré à sortir un tel clip et comment vous avez travaillé dessus avec ton réalisateur ?

Dans un premier temps, merci pour le compliment. On a été très fortement inspiré par le contexte actuel. Il reflète quelque part “l’état d’esprit” de l’ordre mondial dans lequel on vit actuellement. C’est un clip réalisé avec peu de moyens, mais avec beaucoup d’ingéniosité et de coeur.

Tu as pratiquement déjà 10 ans de carrière dans le rap français. C’est quoi la plus grosse leçon que tu as retenu de cette industrie ? 

La patience, car c’est clairement le maître mot qui définit ma carrière.

Il y a des choses que tu regrettes dans ta carrière ? Ou en tout cas que tu ferais différemment ?

Aucune. Pour le coup sans regrets (rires)

Tu espères partir en tournée en 2020 pour défendre l’album ou il n’y a encore rien de prévu à ce niveau ?

En pleine crise de COVID-19, on va pas se mentir, c’est dur de se prononcer. Mais j’aimerais beaucoup, c’est certain.

Quels sont tes projets pour le reste de l’année dans le cas où le confinement ne se prolonge pas trop ?

Dans les mois à venir, la sortie de nouveaux sons.

État d’esprit est disponible sur toutes les plateformes de streaming.