À la suite de sa signature chez Young Money, Nicki Minaj dévoile son premier album Pink Friday le 22 novembre 2010 après avoir sorti trois mixtapes entre 2007 et 2009. Pink Friday s’écoule à 375 000 exemplaires en une semaine aux États-Unis, et est certifié disque de platine seulement un mois après sa sortie. Retour sur un album qui a contribué à hisser la rappeuse, peu connue du grand public encore quelques mois en arrière, au rang de « Queen Of Rap ».
Nicki Minaj acquiert une certaine notoriété grâce à plusieurs apparitions remarquées sur la compilation We Are Young Money sortie en 2009. Les singles Your Love et Right Thru Me annonçant l’album Pink Friday ainsi que son featuring avec Trey Songz sur Bottoms Up, connaissent à ce moment-là un succès considérable. La hype autour d’elle atteint son paroxysme lorsque Kanye West sort le morceau “Monster” dans le cadre des Good Fridays. La rappeuse y réalise une performance démentielle, en éclipsant totalement Ye, JAY-Z ou encore Rick Ross sur le titre. Son premier album est donc particulièrement attendu.
Ce projet est, d’une part, une transition entre l’ancienne et la nouvelle Nicki. L’album s’ouvre sur “I’m the best”, un titre egotrip dans lequel la rappeuse donne le ton en expliquant qu’elle est, tout simplement, la meilleure. Elle insiste sur le fait qu’elle mérite sa place et n’a rien à envier aux autres rappeurs. Elle y fait notamment référence à ses mixtapes précédentes et parle de la manière dont elle vit cette ascension très rapide. La question du passage brutal à la célébrité est également abordée dans “Dear Old Nicki” où la rappeuse fait le point sur les défis qu’elle a dû surmonter pour en arriver là. Elle constate qu’elle a changé et assume le virage mainstream qu’a pris sa musique. En effet, un son comme “Check it Out” qui est un sample de “Video Killed The Radio Star” des Buggles, très dansant (et en phase avec ce qui marche le plus en 2010 quand Lady Gaga ou Rihanna incarnent des personnages très extravagants) s’éloigne de ce que Nicki faisait à ses débuts. L’ancienne Nicki ne se serait sans doute pas reconnue là-dedans, mais elle admet que pour toucher un public large, elle a nécessairement dû se formater.
D’autre part, Pink Friday est un album qui, certes, suit la mode actuelle, mais parvient à sortir du lot grâce à la personnalité et au talent d’interprétation de Nicki Minaj. La rappeuse, souvent comparée à Lil’ Kim pour le côté très sexy est musicalement radicalement différente de son aînée. La Barbie assumée surprend par ses variations de flow, par les différentes voix qu’elle prend en fonction des personnages qu’elle incarne, et à certaines parties chantées à l’image du déroutant “Superbass” qui est l’un de ses plus gros succès commerciaux. Les thèmes abordés sont divers. Elle chante sa vulnérabilité sur “Save Me”. Elle part de ses doutes dans le morceau “Fly” et dit qu’elle veut être acceptée pour qui elle est dans “Here I am”, ainsi qu’être appréciée pour son travail.
En plus de will.i.am et Rihanna, Nicki s’entoure d’autres invités de marque. Drake se joint à elle sur “Moment 4 Life” quelques mois après leur collaboration sur “Up All Night” dans l’album Thank Me Later. Kanye West, lui, apparait sur “Blazin”. Pink Friday est co-produit par Swizz Beatz à qui l’on doit” Catch Me”, “Wave Ya Head” et “Here I Am”. Le New-Yorkais a également produit ce qui est sans nul doute le morceau le plus perché de l’album, “Roman’s Revenge” en featuring avec Eminem. Sur ce titre, les deux artistes se laissent contrôler par leurs alter-ego respectifs : Roman Zolanski et l’illustre Slim Shady.
La principale ambition de la protégée de Lil Wayne avec cet album était d’ouvrir la voie à d’autres rappeuses. Elle déclarait lors d’une interview sur la station de radio V-103 en 2010 qu’elle souhaitait que Pink Friday connaisse un succès commercial important afin d’encourager plus de femmes à prendre le micro. Mission réussie puisque le premier album de Nicki Minaj a eu un impact considérable sur la culture hip-hop et sur les rappeuses qui ont émergé et connu un succès important après elle : Cardi B, qui est à ce jour sa principale rivale, Doja Cat, Saweetie ou encore Megan Thee Stallion pour ne citer qu’elles.
En quelques années, Nicki Minaj est passée du statut d’inconnue du grand public à celui de rappeuse ayant vendu le plus de disques au monde. Elle s’est installée durablement sur le trône, bien que son titre de « Queen Of Rap » ne soit aujourd’hui, plus jamais, menacé par les jeunes rappeuses qu’elle a pu influencer avec Pink Friday. La rançon du succès.
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