S’insérer dans le monde de la mode où règne l’entre-soi s’avère être un challenge pour beaucoup de jeunes issus de quartiers populaires. Pour y remédier, Jordan accompagne toute une génération de passionnés à se faire une place dans cette industrie grâce au programme Jordan Wings, dans lequel s’inscrit courir depuis 2020 en France.
En France, Jordan Brand s’engage à favoriser le mentorat à travers trois structures : Prométhée Education qui défend l’égalité des chances pour tous, le BAL qui permet aux jeunes de décoder le monde qui les entoure et l’école de mode CASA93. Créée en 2017 en Seine-Saint-Denis, la structure forme gratuitement aux métiers de la mode, sans condition de diplôme. Dans le cadre de Jordan Wings, les étudiants ont la possibilité de designer un produit pour la marque mythique. Pour cela, ils doivent respecter un thème et un brief bien précis et présenter leur création à un jury composé d’employés de la marque.
L’année dernière, c’est Powtana qui a gagné la toute première édition. Cette femme de 22 ans, originaire de Nanterre, a toujours rêvé d’être styliste. Quand l’opportunité de participer au concours Jordan Wings s’est présenté, Chloé (de son prénom) a tout mis en œuvre pour le gagner. Son objectif est maintenant atteint. Parmi les collaborations de Jordan, le nom de Powtana peut être cité au milieu de ceux de personnalités comme Travis Scott, Eminem ou encore Spike Lee. Fière de son parcours et de ses racines, Powtana a rendu naturellement hommage à sa ville à travers son design. Nous nous sommes entretenus avec la créatrice qui nous en dit davantage sur l’aventure Jordan Wings et sa vision de la mode.
La création de Powtana est disponible depuis mercredi 19 mai sur le site Courir ainsi que dans le magasin Courir La Défense. Les bénéfices de la vente seront reversés à Jordan Wings puis directement réinvestis dans le cadre du programme.
Peux-tu nous parler de ton parcours avant la CASA93 ?
J’ai fait toute ma scolarité à Nanterre, jusqu’au collège. C’est là où j’habite et où j’ai grandi. En seconde, je suis allée au lycée Maximilien-Vox à Paris pour passer un bac d’arts appliqués. J’étais très intéressée par la mode donc après avoir obtenu mon bac j’ai fait un BTS “Métiers de la mode et du vêtement”. Mais j’ai seulement fait une année parce qu’il n’y avait pas assez de place pour la créativité à mon goût. Donc, j’ai passé un brevet des métiers d’art en broderie. J’ai appris les techniques de broderie à la main, au crochet et un petit peu à la machine.
D’où te vient cet intérêt pour le milieu de la mode ?
Quand j’étais petite je disais que je voulais être styliste, mais je n’y ai jamais vraiment cru parce qu’il aurait fallu payer les écoles qui sont à 10 000€ l’année. Je ne m’imaginais pas être là où j’en suis aujourd’hui. Je pensais que je n’y aurais jamais accès. Mais ma mère m’a beaucoup soutenue, c’est elle qui m’a dit de passer un bac en arts appliqués. Petit à petit j’ai vu que je pouvais faire certaines choses et j’ai persévéré.
Quelles sont tes influences ?
En ce moment j’aime bien la marque Tongoro. La créatrice congolaise de la marque Hanifa aussi. Après, c’est pas forcément les créateurs que je regarde. Il y a plein de choses que j’aime. Par exemple, je m’inspire de ce que vois dans la rue, ou même dans des clips. Les clips de musique congolaise ont toujours pris une place importante dans ma vie. Fally Ipupa ou Koffi aiment s’habiller et être assortis à leurs danseurs. J’aime bien Shay aussi et le style de Lous and the Yakuza.
Tu es issue de la Promo 3 de la CASA93. Comment es-tu entrée dans cette école ?
La CASA a été créée au Brésil au départ. Je connaissais cette école-là mais je ne savais pas qu’il y en avait une en France. Une amie m’en a parlé. Donc j’ai envoyé un dossier. Ensuite, une fois que ton dossier est sélectionné, tu passes en entretien.
Qu’as-tu as appris au cours de ta formation au sein de la CASA93 ?
Au cours de ma formation, je n’ai pas appris forcément des techniques. Je savais déjà dessiner, je savais broder et j’avais des notions de couture. Mais c’est vraiment sur le mental que ça m’a beaucoup aidé ! La formation m’a aidé à voir plus loin et à me lancer. J’ai pris confiance. J’ai créé mon univers et j’ai pris conscience de tout ce que j’étais capable de faire.
Tu as gagné le programme Jordan Wings l’année dernière. À travers ton design, tu as choisi de rendre hommage à Nanterre.
Oui ! Le thème était : “Qu’est-ce qui unit ta ville ?”. Même si je savais que Jordan parlait de Paris, ma ville à moi c’est Nanterre. C’est là où j’ai vécu toute ma vie. Pour moi, Paris sans la banlieue, c’est vide. Les deux vont ensemble. Je voulais vraiment le montrer, c’est vraiment un hommage parce que c’est mon histoire ! J’ai choisi de poser avec mes frères et sœurs, c’était aussi une évidence. Ma famille est importante, sans elle, je n’en serai pas là. Tout comme si je n’avais pas grandi à Nanterre, je ne serai pas celle que je suis devenue.
Justement, tu as mis en avant tes frères et sœurs dans le shooting. Beaucoup de jeunes peuvent s’identifier à vous. La question de la représentativité de toutes les franges de la société est importante pour toi ?
Je trouve ça super important ! Après, en ce moment, il y a un effet de mode sur la banlieue. Moi, je veux que ce soit plus profond que ça. Beaucoup utilisent certains codes de la banlieue, mais je veux qu’on la voit comme elle est vraiment dans sa diversité. Il y a plein de gens différents et on ne peut pas dire qu’il existe un seul type de banlieusard. Même si on a grandi dans la même ville, on a tous des influences différentes et des cultures différentes. Il y a plein d’artistes, plein de talents, je voulais montrer qu’on est tous singuliers. J’ai aussi repris des statues du Louvre dans mon design, pour faire ce lien avec la Capitale.
Quelle est la création dont tu es la plus fière ?
Honnêtement, c’est ce t-shirt avec Jordan ! C’est une création vraiment aboutie. Les gens vont pouvoir l’acheter. C’est mon design avec une marque comme Jordan, c’est énorme ! En fait, je ne réalise pas du tout ! J’ai eu la chance de créer le design et ensuite j’ai fait toute la direction artistique pour le shoot. J’ai pu parler à tous les gens qui travaillent chez Jordan, même ceux aux États-Unis et aux Pays-Bas. Tout ça, c’est du concret, c’est ouf ! C’est la toute première fois que mes créations sont commercialisées.
Tu peux nous parler de tes autres projets actuels et futurs ?
En ce moment, je couds des vêtements pour moi. Je fais aussi de la customisation. J’aime beaucoup peindre sur des vestes et des costumes aussi. J’espère pouvoir continuer à faire ça, que mes projets plairont aux gens. Je continue de créer !
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