Mercredi 21 juillet 2021, peu avant 6h du matin en France. Les Bucks l’ont fait. Après une campagne de playoffs héroïque et pleine de rebondissements, ils remportent le deuxième titre NBA de leur histoire. La fin d’une disette de 50 ans. Un exploit possible grâce à la domination de leur franchise player : Giannis Antetokounmpo. L’histoire commune de Giannis et des Bucks débute en juin 2013, mais la vie du double MVP n’a pas attendu son arrivée en NBA pour être digne d’un film.
Une jeunesse difficile
Si Giannis est aujourd’hui la fierté de la Grèce, il ne l’a malheureusement pas toujours été. Il est né à Athènes de parents nigériens, ayant migré illégalement en Grèce dans l’espoir d’y trouver un avenir professionnel plus serein. De ce fait, il grandit dans une famille qui craint constamment l’expulsion et subit la discrimination qui touche les immigrés au sein de la société grecque. Adolescent, Giannis évite de sortir la nuit par crainte de subir des attaques racistes du parti neo-nazi grec, Aube dorée, responsable de nombreuses violences racistes.
La fratrie Antetokounmpo est très vite responsabilisée. Fragilisés sur le marché de l’emploi par leur statut de sans papiers, les parents Antetokounmpo ont rencontré beaucoup de difficultés financières. Pour les aider, les quatre frères vendaient des montres, des jouets, des sacs ou encore des sacs. Ce soutien devient nécessaire pour une famille qui cherche simplement à manger à sa fin et garder un toit sur la tête.
Après avoir subi racisme et pauvreté, Giannis a également dû attendre ses 18 ans avant de recevoir la nationalité grecque, son arrivée en NBA déjà établie. C’est également à ce moment où la famille fait le choix de changer son nom, passant de Adetokunbo à Antetokounmpo pour se rapprocher d’un nom à consonance grecque. En 2013, il découvre enfin la citoyenneté. Avant ça, le jeune homme n’appartenait officiellement à aucun pays, n’ayant ni papiers nigériens ou grecs.
Le basket pour s’en sortir
Il faut attendre 2007 pour que Giannis débute le basket. Cette année-là, LeBron James joue ses premières finales NBA et Kevin Durant se positionne en deuxième position de la Draft. Repéré par l’entraîneur de l’équipe de Filathlitikos, le futur joueur des Bucks découvre le basketball en club et la compétition. Quatre ans plus tard, il débute en 2011 dans le monde semi-professionnel en intégrant l’équipe première, en D2 grecque.
“J’ai commencé le basket simplement dans l’espoir de sortir ma famille de la misère… Je n’aurais jamais cru en arriver là.“
Giannis Antetokounmpo, 21 juillet 2021
Lors de sa deuxième saison professionnelle, l’ailier entre dans sa 18ᵉ année en franchissant un cap. Il tourne à presque 10 points et 5 rebonds de moyenne et commence, les regards des scouts NBA se posent sur ce potentiel intriguant. Impressionnant physiquement, il se démarque également grâce à son énergie des deux côtés du terrain. Petit phénomène local, Antetokounmpo participe au All-Star Game grec sans avoir été sélectionné. La raison ? Les organisateurs voulaient faire plaisir aux fans et à leur chouchou.
Le 28 avril 2013, l’ailier encore tout frêle s’inscrit officiellement à la Draft NBA. Les scouts le perçoivent comme un “prospect brut” sur lequel il faut investir beaucoup pour révéler toutes ces qualités, le Grec est alors comparé à Nicolas Batum. Finalement, c’est Milwaukee qui prend le pari en le sélectionnant à la quinzième place. La décision changera la face de la franchise.
À quelques heures de la soirée la plus importante de sa vie, le Greek Feak n’avait pourtant même pas prévu de costume pour assister à la cérémonie. Lorsque son agent lui demande de quelle couleur sera le sien, il lui répond qu’il ne savait pas qu’il fallait en porter un. Une anecdote qui illustre la simplicité et l’humilité que le basketteur à forger au gré de son parcours. À un moment où la Draft devient un évènement dominé par l’image, Giannis se satisfait seulement d’en faire partie. Sans même penser à comment il s’habillerait.
Pendant les cinq premiers mois de sa saison rookie, l’ailier vit à l’hôtel et envoie une grande partie de son argent via Western Union à sa famille en Grèce. À tel point qu’il se retrouve parfois en difficulté pour prendre le taxi qui l’emmène au match. La solution ? Giannis y va en courant. Le journaliste Chris Mannix révèle qu’un fan des Bucks l’a reconnu et déposé à la salle alors qu’il se rendait lui-même au match. “T’es bien le rookie des Bucks ?” lui avait-il demandé en s’arrêtant. Nul doute que cet habitant du Wisconsin pense très fort à cette incroyable anecdote ces dernières heures.
Depuis, la suite de la carrière de Giannis résonne mondialement par son immensité. Most Improved Player, double MVP de saison régulière, défenseur de l’année, MVP du All Star Game et désormais champion NBA. Celui qui aime garder des captures d’écran de critiques sur son téléphone pour se motiver a coché ce 21 juillet la case majeure qui manquait à son superbe palmarès. Une performance d’autant plus impressionnante lorsqu’on prend le temps de s’arrêter sur l’adversité rencontrée par le basketteur. Lui non plus n’a pas oublié : “J’ai commencé le basket simplement dans l’espoir de sortir ma famille de la misère… Je n’aurais jamais cru en arriver là.” déclara-t-il, trophée Larry O’Brien en mains. “Where Amazing Happens” aime clamer la NBA dans ses publicités. Giannis et son histoire en sont un nouvel exemple.