Thierry Reboul, tête pensante de la cérémonie d’ouverture de Paris 2024
Thierry Reboul, tête pensante de la cérémonie d’ouverture de Paris 2024
Depuis 20 ans, il multiplie les coups d’éclat dans l’événementiel. Thierry Reboul s’attaque aujourd’hui au plus grand défi de sa carrière : Paris 2024.
L’ambition est claire, elle est de marquer l’histoire. Pour la toute première fois, l’ouverture des Jeux Olympiques sera célébrée au cœur de la ville-hôte. Cette cérémonie investira la Seine, au fil d’un parcours de 6 kilomètres entre les ponts d’Austerlitz et Iéna, passant en revue les monuments mythiques de Paris et les grands symboles de l’histoire de France. Au total, 10 500 athlètes embarqueront à bord de 160 bateaux, pour voguer devant un public de 600 000 personnes.
Depuis 20 ans, il multiplie les coups d’éclat dans l’événementiel. Thierry Reboul s’attaque aujourd’hui au plus grand défi de sa carrière : Paris 2024.
L’ambition est claire, elle est de marquer l’histoire. Pour la toute première fois, l’ouverture des Jeux Olympiques sera célébrée au cœur de la ville-hôte. Cette cérémonie investira la Seine, au fil d’un parcours de 6 kilomètres entre les ponts d’Austerlitz et Iéna, passant en revue les monuments mythiques de Paris et les grands symboles de l’histoire de France. Au total, 10 500 athlètes embarqueront à bord de 160 bateaux, pour voguer devant un public de 600 000 personnes.
Conçue pour être partagée avec le peuple français et des visiteurs du monde entier, cette cérémonie sera très majoritairement gratuite. Du jamais vu pour un tel événement. Pharaonique, le projet dévoilé par Paris au mois de décembre s’accompagne d’une somme inédite de défis, qu’ils soient logistiques, politiques, sanitaires, écologiques… Cette idée de parade fluviale, aussi folle que brillante, est née dans l’esprit de Thierry Reboul il y a plus de deux ans. Reconnu pour son travail au sein de l’agence événementielle Ubi Bene, qu’il a lui-même fondée en 2000, ce créatif est à l’origine de dizaines d’événements ayant marqué la mémoire populaire.
Du passage du Tour de France sous la Nef du Grand Palais à la création d’une piste d’athlétisme sur la Seine pour appuyer la candidature de Paris 2024, Thierry Reboul n’a eu cesse de célébrer le sport et ses valeurs grâce à une approche audacieuse et sans limites. Moins d’un mois après la présentation de ce projet, il revient sur la conception de cette cérémonie, qui doit faire entrer les JO 2024 dans l’histoire. Et ce, dès leur premier jour.
À quel moment le comité Paris 2024 fait-il appel à vous et pourquoi ?
C’est Tony Estanguet qui vient me chercher. L’équation était simple. J’étais à la tête de l’une de leurs agences événementielles pendant la candidature, Ubi Bene, spécialisée dans la créativité et les expériences hors-normes. On s’était fait connaître avec un certain nombre de coups d’éclat, comme le maillot de Tony Parker sur la statue de la liberté, la tyrolienne Perrier sur la Tour Eiffel, la destruction du bus de Knysna pour adidas, la chambre immergée dans un bassin de requins pour AirBnB… Pour la candidature de Paris, on avait créé cette gigantesque piste d’athlétisme posée sur la Seine, qui a été l’une des images fortes de la candidature et qui a fait le tour du monde.
À quel moment le comité Paris 2024 fait-il appel à vous et pourquoi ?
C’est Tony Estanguet qui vient me chercher. L’équation était simple. J’étais à la tête de l’une de leurs agences événementielles pendant la candidature, Ubi Bene, spécialisée dans la créativité et les expériences hors-normes. On s’était fait connaître avec un certain nombre de coups d’éclat, comme le maillot de Tony Parker sur la statue de la liberté, la tyrolienne Perrier sur la Tour Eiffel, la destruction du bus de Knysna pour adidas, la chambre immergée dans un bassin de requins pour AirBnB… Pour la candidature de Paris, on avait créé cette gigantesque piste d’athlétisme posée sur la Seine, qui a été l’une des images fortes de la candidature et qui a fait le tour du monde.
Depuis le début, l’objectif est de laisser un héritage.
Thierry Reboul
Depuis le début, l’objectif est de laisser un héritage.
Thierry Reboul
Le comité souhaitait continuer de développer cet aspect spectaculaire ?
Le comité Paris 2024 désire casser les codes et marquer l’histoire. Depuis le début, l’objectif est de laisser un héritage. On veut évidemment offrir un certain nombre de choses matérielles, qui serviront aux populations, comme le bassin olympique en Seine Saint-Denis. L’enjeu est aussi de laisser une trace mémorielle, les souvenirs dans l’esprit des gens pouvant durer très longtemps. C’est pour ça qu’ils sont venus me chercher.
Le comité souhaitait continuer de développer cet aspect spectaculaire ?
Le comité Paris 2024 désire casser les codes et marquer l’histoire. Depuis le début, l’objectif est de laisser un héritage. On veut évidemment offrir un certain nombre de choses matérielles, qui serviront aux populations, comme le bassin olympique en Seine Saint-Denis. L’enjeu est aussi de laisser une trace mémorielle, les souvenirs dans l’esprit des gens pouvant durer très longtemps. C’est pour ça qu’ils sont venus me chercher.
Combien de temps s’écoule entre votre prise de poste et l’élaboration des premières pistes créatives pour cette cérémonie ?
La cérémonie, c’est la grande raison pour laquelle je rejoins le projet. Quand Tony (Estanguet, ndlr) m’a appelé, j’ai revendu ma boîte et j’ai foncé. Quand on bosse dans l’événementiel en tant que créatif, la cérémonie d’ouverture des JO représente le graal. Je ne rejoignais pas l’aventure pour refaire une énième cérémonie classique. Je voulais me creuser la tête pour que Paris laisse sa marque. Je suis arrivé en mai 2018 et l’idée de la Seine est arrivée six mois plus tard. La première fois qu’on a présenté l’idée à Tony, c’était en juillet 2019.
Combien de temps s’écoule entre votre prise de poste et l’élaboration des premières pistes créatives pour cette cérémonie ?
La cérémonie, c’est la grande raison pour laquelle je rejoins le projet. Quand Tony (Estanguet, ndlr) m’a appelé, j’ai revendu ma boîte et j’ai foncé. Quand on bosse dans l’événementiel en tant que créatif, la cérémonie d’ouverture des JO représente le graal. Je ne rejoignais pas l’aventure pour refaire une énième cérémonie classique. Je voulais me creuser la tête pour que Paris laisse sa marque. Je suis arrivé en mai 2018 et l’idée de la Seine est arrivée six mois plus tard. La première fois qu’on a présenté l’idée à Tony, c’était en juillet 2019.
Quand vous commencez à présenter ce concept, quelles sont les premières réactions autour de vous ?
Quand on regarde ce projet sans se poser sur ses contraintes, il y a d’abord de l’excitation. Si on est pas assigné à un poste de responsabilité, on regarde ça avec 100% d’enthousiasme. La seconde réaction, c’est de se dire qu’il va falloir beaucoup de temps pour résoudre toutes les difficultés, les unes après les autres, qu’il va falloir faire valider ça par tous les gens avec de l’autorité dans ce pays. En juillet 2019, on a donc décidé de consacrer une année pleine à analyser la faisabilité logistique de cette cérémonie.
Quand vous commencez à présenter ce concept, quelles sont les premières réactions autour de vous ?
Quand on regarde ce projet sans se poser sur ses contraintes, il y a d’abord de l’excitation. Si on est pas assigné à un poste de responsabilité, on regarde ça avec 100% d’enthousiasme. La seconde réaction, c’est de se dire qu’il va falloir beaucoup de temps pour résoudre toutes les difficultés, les unes après les autres, qu’il va falloir faire valider ça par tous les gens avec de l’autorité dans ce pays. En juillet 2019, on a donc décidé de consacrer une année pleine à analyser la faisabilité logistique de cette cérémonie.
Dans les faits, comment se déroule cette année ?
J’ai du parcourir les quais à pieds environ 200 fois. Je pense connaitre toutes les pierres du parcours (rires). En dehors de ça, mon équipe a cartographié l’intégralité des rives de Seine pour confirmer qu’on pouvait bien y mettre les 160 bateaux qui embarqueront plus de 10 000 athlètes. Quand on a travaillé là-dessus pendant 12 mois, on dispose d’un dossier solide. On le pose alors sur le bureau des autorités du fleuve, de la ville de Paris et de l’État français. L’année suivante, on reprend les points les uns après les autres, pour que tout le monde soit aligné sur la faisabilité du projet. Ça nous amène à la fin 2021, où on a fait voter le projet au Conseil d’Administration de Paris 2024. Dans la foulée, on l’annonce au monde entier.
Dans les faits, comment se déroule cette année ?
J’ai du parcourir les quais à pieds environ 200 fois. Je pense connaitre toutes les pierres du parcours (rires). En dehors de ça, mon équipe a cartographié l’intégralité des rives de Seine pour confirmer qu’on pouvait bien y mettre les 160 bateaux qui embarqueront plus de 10 000 athlètes. Quand on a travaillé là-dessus pendant 12 mois, on dispose d’un dossier solide. On le pose alors sur le bureau des autorités du fleuve, de la ville de Paris et de l’État français. L’année suivante, on reprend les points les uns après les autres, pour que tout le monde soit aligné sur la faisabilité du projet. Ça nous amène à la fin 2021, où on a fait voter le projet au Conseil d’Administration de Paris 2024. Dans la foulée, on l’annonce au monde entier.
On imagine qu’un projet de cette envergure remonte jusqu’au sommet de l’État. Emmanuel Macron a-t-il son mot à dire dans cette validation ?
C’est l’ensemble du sujet olympique qui remonte tout là-haut. Macron s’est très vite prononcé en faveur du projet. Tony Estanguet lui a présenté notre idée à l’occasion de la visite présidentielle aux Jeux de Tokyo cet été. Le Président a non seulement été d’accord, mais il a aussi donné une vraie dynamique en y apportant publiquement son soutien, comme l’avait déjà fait Anne Hidalgo.
On imagine qu’un projet de cette envergure remonte jusqu’au sommet de l’État. Emmanuel Macron a-t-il son mot à dire dans cette validation ?
C’est l’ensemble du sujet olympique qui remonte tout là-haut. Macron s’est très vite prononcé en faveur du projet. Tony Estanguet lui a présenté notre idée à l’occasion de la visite présidentielle aux Jeux de Tokyo cet été. Le Président a non seulement été d’accord, mais il a aussi donné une vraie dynamique en y apportant publiquement son soutien, comme l’avait déjà fait Anne Hidalgo.
Quels sont les principaux défis que vous avez identifiés pour cette cérémonie d’ouverture ?
Des défis, il n’y a que ça ! C’est un défi technique, logistique, créatif… Il n’y a pas qu’une seule scène de stade à faire vivre, mais vingt-cinq scènes tout au long du parcours, sur l’eau et sur terre. Le show sera à la fois mobile et fixe, c’est vraiment du jamais vu.
Quels sont les principaux défis que vous avez identifiés pour cette cérémonie d’ouverture ?
Des défis, il n’y a que ça ! C’est un défi technique, logistique, créatif… Il n’y a pas qu’une seule scène de stade à faire vivre, mais vingt-cinq scènes tout au long du parcours, sur l’eau et sur terre. Le show sera à la fois mobile et fixe, c’est vraiment du jamais vu.
Il n’y a pas qu’une seule scène de stade à faire vivre, mais vingt-cinq scènes tout au long du parcours, sur l’eau et sur terre. Le show sera à la fois mobile et fixe, c’est vraiment du jamais vu.
Thierry Reboul
Il n’y a pas qu’une seule scène de stade à faire vivre, mais vingt-cinq scènes tout au long du parcours, sur l’eau et sur terre. Le show sera à la fois mobile et fixe, c’est vraiment du jamais vu.
Thierry Reboul
En choisissant un lieu ouvert et accessible à tous tout au long de l’année, comment comptez-vous conserver le secret autour du contenu de la cérémonie ? On imagine que les répétitions vont par exemple poser problème.
Il y a deux manières de prendre le sujet. La première est purement logistique : comment organise-t-on des répétitions dans un contexte pareil ? Les réponses consistent à dire : quand on va répéter sur la Seine, on va répéter des morceaux, jamais l’intégralité du show. La deuxième solution consiste à ne pas répéter en plein milieu de Paris. On va chercher des endroits alternatifs, fluviaux ou terrestres, qui permettront de garder une forme de surprise. Enfin, ce qu’on ne peut pas cacher au public et aux médias, on va s’en servir et le revendiquer. Quand on va répéter au milieu de la Seine de manière non discrète, ça permettra de teaser la cérémonie. On se servira de ses fuites contrôlées comme le font certains grands blockbusters hollywoodiens, pour donner envie au public. Le secret total n’est plus du tout un sujet, bien au contraire. Les indiscrétions peuvent représenter une opportunité.
En choisissant un lieu ouvert et accessible à tous tout au long de l’année, comment comptez-vous conserver le secret autour du contenu de la cérémonie ? On imagine que les répétitions vont par exemple poser problème.
Il y a deux manières de prendre le sujet. La première est purement logistique : comment organise-t-on des répétitions dans un contexte pareil ? Les réponses consistent à dire : quand on va répéter sur la Seine, on va répéter des morceaux, jamais l’intégralité du show. La deuxième solution consiste à ne pas répéter en plein milieu de Paris. On va chercher des endroits alternatifs, fluviaux ou terrestres, qui permettront de garder une forme de surprise. Enfin, ce qu’on ne peut pas cacher au public et aux médias, on va s’en servir et le revendiquer. Quand on va répéter au milieu de la Seine de manière non discrète, ça permettra de teaser la cérémonie. On se servira de ses fuites contrôlées comme le font certains grands blockbusters hollywoodiens, pour donner envie au public. Le secret total n’est plus du tout un sujet, bien au contraire. Les indiscrétions peuvent représenter une opportunité.
Toujours sur le plan des défis, Paris 2024 a identifié l’écologie comme l’enjeu majeur de cette olympiade. La cérémonie que vous avez imaginée s’inscrit-elle dans cette démarche responsable ?
Oui, car c’est une cérémonie qui s’appuie en premier lieu sur le transport fluvial. Sur le trafic proprement dit, près de 500 rotations de bateaux sont effectuées quotidiennement sur la portion de Seine qui se trouve dans Paris. Le dispositif envisagé verra donc moins de bateaux naviguer sur la journée de la cérémonie d’ouverture que lors d’un jour classique. On collabore déjà avec les acteurs de l’écosystème fluvial pour suivre les innovations du secteur en la matière, d’évaluer les possibilités d’y avoir recours et ainsi contribuer au rayonnement des technologies, notamment françaises, permettant la réduction de l’impact climatique et environnemental de ce type de transport.
Toujours sur le plan des défis, Paris 2024 a identifié l’écologie comme l’enjeu majeur de cette olympiade. La cérémonie que vous avez imaginée s’inscrit-elle dans cette démarche responsable ?
Oui, car c’est une cérémonie qui s’appuie en premier lieu sur le transport fluvial. Sur le trafic proprement dit, près de 500 rotations de bateaux sont effectuées quotidiennement sur la portion de Seine qui se trouve dans Paris. Le dispositif envisagé verra donc moins de bateaux naviguer sur la journée de la cérémonie d’ouverture que lors d’un jour classique. On collabore déjà avec les acteurs de l’écosystème fluvial pour suivre les innovations du secteur en la matière, d’évaluer les possibilités d’y avoir recours et ainsi contribuer au rayonnement des technologies, notamment françaises, permettant la réduction de l’impact climatique et environnemental de ce type de transport.
L’horizon 2024 est encore éloigné, mais la crise sanitaire intervient-elle dans vos discussions ?
Malheureusement, la question de la Covid-19 est présente en permanence. On ne sait même pas à quoi ressemblera la situation dans huit jours. Dans notre cas, nous devrions schématiser tous les scénarios possibles sur les 2 ans et demi à venir. En clair, il faudrait écrire un roman. On est conscient que ça peut nous tomber dessus. Si on avait organisé la cérémonie dans un stade, les mêmes questions se seraient posées. On y pense, mais on ne se focalise pas dessus durant la conception de l’événement. Heureusement d’ailleurs, sinon on n’organiserait plus rien.
L’horizon 2024 est encore éloigné, mais la crise sanitaire intervient-elle dans vos discussions ?
Malheureusement, la question de la Covid-19 est présente en permanence. On ne sait même pas à quoi ressemblera la situation dans huit jours. Dans notre cas, nous devrions schématiser tous les scénarios possibles sur les 2 ans et demi à venir. En clair, il faudrait écrire un roman. On est conscient que ça peut nous tomber dessus. Si on avait organisé la cérémonie dans un stade, les mêmes questions se seraient posées. On y pense, mais on ne se focalise pas dessus durant la conception de l’événement. Heureusement d’ailleurs, sinon on n’organiserait plus rien.
Le chiffre impressionnant de 600 000 spectateurs a évidemment retenu l’attention lors de la présentation du projet. Votre réflexion a-t-elle été principalement axée autour de cette idée de partage ?
C’est le coeur du sujet. On peut parler de l’ambition créative, Dieu sait que j’y suis attaché, mais la rupture fondamentale qu’on opère ici, c’est la démocratisation de la cérémonie. Même avec plusieurs dizaines de milliers de personnes dans un stade, les JO conservaient un aspect inaccessibles vu le prix des billets. Ici, l’idée est de permettre à tous de suivre cette cérémonie gratuitement.
Le chiffre impressionnant de 600 000 spectateurs a évidemment retenu l’attention lors de la présentation du projet. Votre réflexion a-t-elle été principalement axée autour de cette idée de partage ?
C’est le coeur du sujet. On peut parler de l’ambition créative, Dieu sait que j’y suis attaché, mais la rupture fondamentale qu’on opère ici, c’est la démocratisation de la cérémonie. Même avec plusieurs dizaines de milliers de personnes dans un stade, les JO conservaient un aspect inaccessibles vu le prix des billets. Ici, l’idée est de permettre à tous de suivre cette cérémonie gratuitement.
On n’est pas loin du plus grand événement de l’histoire de France.
Thierry Reboul
On n’est pas loin du plus grand événement de l’histoire de France.