Pendant vingt-trois mois, Zola a hiberné. Tout du long, il a appris à briller dans l’ombre. Il a éclairé la nochey grâce au diamant niché dans son cœur. Un diamant du bled, pur et éternel. Qui scintille de jour comme de nuit. Pour son come-back, Zola est parvenu à faire danser la France entière. À toucher un plus large public avec sa voix qui épouse nonchalamment l’électro, la trap, la jersey, l’afrocaribéen et la rage music.
Avant que le shooting ne démarre, Zola s’installe calmement dans la salle où sont disposées les pièces du stylisme. De ses yeux, il balaye les pantalons Louis Vuitton, les bijoux Paco Rabane. Ils sont étincelants, comme lui, qui vient d’apprendre que “AMBER” était certifié diamant. Ce n’est pas son premier disque qui est décoré de carats. Et vu la trajectoire qu’emprunte Zola, peu de chance que ce soit son dernier.
Blouson Louis Vuitton
Maille Paco Rabanne
Pourquoi avoir attendu aussi longtemps avant de revenir ?
Il n’y a pas longtemps, j’ai remarqué que je préférais travailler mes albums en deux ans. Si je devais faire un album en deux mois, je le ferais, mais je pense que les thèmes abordés, les inspis, les prods, seront trop similaires. Alors que quand tu étales ton travail sur deux ans, tu passes par tellement de phases qu’après, tu peux faire de la musique qui est variée. Si on m’avait donné un laps de temps de deux mois pour faire mes morceaux, je ne pense pas que j’aurais pu être aussi varié, ça aurait été des choses qui se ressemblent.
Pendant deux ans, je fais de la musique et à la fin quand on me dit “c’est bon là, tu as trop de choses”, je prends tous les morceaux que j’ai enregistrés et j’en fais un album. Sur deux ans, il y a beaucoup de titres inachevés, de brouillons. Mais au total, il doit y avoir 100 enregistrements pour atterrir sur un 16 titres.
Elle ressemble à quoi ta session studio idéale ?
En vrai, dès que je sors du studio avec un morceau fini, je suis content. Ma session idéale c’est mes potes, mon beatmaker, mon DJ habituel et mon confort [Rires].
Tu as le sentiment de t’être nourri de plein d’inspi différentes pendant ces deux ans ?
J’écoute toujours le même type de musique, mais ce que j’ai amené dans l’album, c’est surtout de l’électro. Je n’avais jamais essayé ce délire, c’est vraiment la nouvelle touche.
Le son avec SCH reprenait des sonorités électroniques.
Oui fort ! Même avec “Fuckboi” et “Extasy” je l’avais fait, mais c’était moins pur que sur “ELECTRO”. Et sinon, j’écoute toujours les mêmes délires, comme NBA YoungBoy.
Je n’ai jamais écouté d’électro, je n’aime pas forcément ça. Mais le soir où j’ai enregistré “ELECTRO”, j’étais dans cette vibe là. Je venais d’écouter “Sexy Bitch” de David Guetta et j’y suis allé au feeling. J’ai dit à mon pote qui fait mes prods, SHK, que je voulais partir dans ce délire-là. Vu que c’est mon beatmaker, je lui envoie toutes mes inspirations. Même les délires années 1980, MC Hammer etc, je trouve ça hyper intéressant. C’est passé dans mes oreilles une fois, je lui ai envoyé et on va voir si on ne peut pas faire un morceau sur ces sonorités-là.
Ça fait super longtemps que je n’ai pas voyagé. En ce moment, j’ai beaucoup de travail donc je n’ai pas trop le temps. C’est l’un des trucs que je préfère au monde. Je préfère les expériences aux choses matérielles, aux biens.
Quand tu fais un titre en studio, tu ressens le besoin d’être dans ta bulle ou tu aimes bien recevoir des avis extérieurs ?
Quand je travaille, je n’aime pas être dérangé. Ce sont mes choix, mes paroles. J’ai besoin que les retours et avis interviennent à la fin. Au pire, je peux demander un avis à mon ingé son, voir ce qu’il préfère entre telle ou telle phrase. Mais sinon, les avis extérieurs et le travail d’équipe viennent à la fin quand il faut concevoir l’album. Moi, toute l’année, je fais mes titres, sans recevoir de pression, rien du tout. Et à la fin, c’est en collectif.
Tu te considères comme un artiste têtu ?
Sur les sonorités, oui, complètement. J’ai déjà utilisé un topliner mais sinon non. Il n’y a que sur “AMBER” où je ne me sentais pas du tout à l’aise sur ce son. Kore m’a parlé du mouvement jersey et m’a proposé de faire un morceau dans ce délire. Moi, je n’étais pas convaincu. C’est d’ailleurs pour ça que je pose le couplet pas trop fort, c’est parce que j’étais en train de m’essayer. J’avais le micro sur une chaise, je n’étais même pas dans mon studio et j’ai posé des trucs sans vraiment être convaincu. Je me suis barré pendant la séance et après, c’est lui qui a élaboré le morceau, qui a fait la structure. C’est lui qui a fait le morceau.
Et quand Kore t’a fait écouter le titre fini ?
Je n’en voulais même pas, je te jure [Rires]. Je voulais encore moins faire un retour avec ce morceau, vu que ça faisait longtemps que je n’avais rien sorti, j’avais peur de décevoir les gens qui me soutiennent et m’écoutent. Je voulais leur envoyer de la trap et au final, j’ai vu tout à l’heure qu’il était certifié diamant donc c’est chaud de ouf. Mais au final, j’ai bien fait de suivre Kore, ça a payé pour ce titre. Kore est très attentif aux sonorités qui se développent. Je ne suis pas dans sa tête, mais ce que je peux constater, c’est qu’à chaque fois, il a les bonnes pistes.
J’aime trop la trap, je trouve que ça fait trop mal à la tête de rapper sur de la jersey.
Veste en cuir @e.r.e.m.vintage
Jean carpenter Louis Vuitton
En revanche, tu ne t’es jamais essayé à la drill.
Non, moi, j’aime trop la trap. Je réfléchis, il me semble que j’ai tenté de la drill sur un seul morceau, qui n’est pas sorti. Honnêtement, je n’aime pas trop ça. J’aime bien en écouter, mais pas en faire.
Tu penses que ça va s’essouffler avec le temps ?
Moi je n’y crois pas. C’est seulement mon point de vue mais j’ai vu que ça en avait dérangé. Après, je crois quand même plus en la drill qu’en la jersey. Je n’aime pas trop ces deux courants, moi c’est vraiment la trap que j’aime. Je trouve que ça fait archi mal à la tête de rapper sur de la jersey. J’imagine même pas en concert comment ça doit taper.
Ce que j’aime faire dans ce registre-là, c’est la jersey love, comme ce que j’ai fait sur “AMBER”. Je suis de plus en plus dans les sons love.
Tu es amoureux ?
Oui, mais en ce moment, c’est la haine avant tout, je t’avoue. J’aimerais bien ne pas l’être.
C’est ça qui panse les plaies pourtant.
C’est ça qui les crée aussi…
C’est de ce chagrin d’amour dont tu parles dans “BRÛLURES INDIENNES” ?
Maintenant, c’est vrai que ça pourrait lui coller, mais quand j’ai fait le morceau, je ne pensais pas à cette go. Quand j’écris, je me fais des films dans ma tête donc souvent, je ne parle pas de situations précises. Aujourd’hui, c’est vrai que ça pourrait lui coller et qu’elle pourrait se sentir concernée.
Tu t’es fait discret sur les réseaux ces deux dernières années. Ton rapport à ces plateformes a évolué ?
Je n’utilise presque qu’Instagram. J’ai arrêté les réseaux parce que je ne faisais pas de musique. C’était trop frustrant de mettre des photos, des stories alors que je n’étais plus dans l’actualité du rap. Donc j’ai décidé de me barrer tout simplement.
Parce que pour toi, un artiste qui est sur les réseaux sans proposer de musique, ça n’a pas de sens ?
C’est surtout que je ne voulais pas me perdre. Je suis là pour la musique de base. Donc vu que je n’en sortais pas, je ne voyais pas l’intérêt d’y rester. En plus, les gens me tiraillaient à mort par message en me demandant de sortir des trucs. De mon côté, pendant ces deux ans, j’avais grave la dalle, j’étais pressé de revenir, sans pour autant ressentir une pression. Après forcément, quand je faisais un morceau et qu’il était cool, je voulais direct avoir l’avis des gens qui m’écoutent. Mais sinon, je n’avais pas peur de décevoir. Plutôt une hâte de faire découvrir des nouveaux titres.
Je n’ai jamais trouvé le mot “rappeur” joli.
Je trouve qu’il y a une mauvaise association avec ça. C’est mieux de dire artiste.
Guipure P.O Views
Tu sais à quoi ressemble ton public ?
Il est varié, comme ma musique. J’ai remarqué qu’avant, quand je faisais beaucoup de trap, il n’y avait pas beaucoup de meufs. Et maintenant, c’est l’inverse. De ce que je vois, il y a plus de meufs que de mecs. À l’époque de “Belles Femmes” par exemple, il n’y avait que des mecs qui m’écoutaient presque. Je ne faisais pas de son love ou dansants, donc forcément dans la composition de ton public, ça se ressent. Après aussi, c’est des questions que je ne me pose pas vraiment, je t’avoue. Parfois, quand j’arrive en interview, je n’ai pas les réponses parce que ce ne sont pas des choses auxquelles je pense.
Tu as déjà dit que tu te considérais plus comme un artiste que comme un rappeur.
Oui et je ne suis pas sûr que ça ait été bien compris d’ailleurs. Je n’ai jamais trouvé le mot “rappeur” joli. Je trouve qu’il y a une mauvaise association avec ça. C’est mieux de dire artiste que rappeur, je trouve. Par exemple, aux États-Unis, Young Thug c’est un artiste avant d’être un rappeur. Il est dans la mode, le visuel, il chante. Les rappeurs, je ne sais pas comment t’expliquer, mais ils sont toujours ghetto, ceci, cela, le terrain, le truc, les sacoches, au bout d’un moment ça casse les c***. Les rappeurs parfois, ils sont bridés dans leur truc, “rap rap rap”, moi, j’ai vraiment envie de m’élargir.
Tu ne penses pas qu’il existe une forme de complexe dans le fait d’être rappeur ? Dans le sens où les classes sociales supérieures ont décidé que ce n’était pas un vrai art.
Il y a moyen. Les gens qui ne sont pas forcément issus de cette culture vont avoir un imaginaire chelou. Quand on leur dit rap, il y en a qui vont tout de suite penser à la drogue.
Et puis au-delà de ça, quand je regarde les mecs avec qui j’ai commencé à rapper en 2018 et qui, aujourd’hui, ne font que du rap, je me dis que c’est dommage pour eux. Ils auraient pu évoluer, trouver leur sauce, faire des trucs artistiques, je ne sais pas…
Il y a encore parfois certaines réticences d’artistes à sortir de leur personnage de rappeur. Notamment sur le stylisme.
Moi je m’en fous de ça. Au contraire, je pense qu’il faut savoir jouer sur les deux tableaux et bien mélanger. Aux États-Unis, il y a plein d’artistes qui ont réussi à prendre ce tournant. Par exemple, Kanye West, P.Diddy c’est des artistes qui ont pas peur de tester d’autres choses que le rap pur.
Une fois, à propos de Damso tu as dit “J’aurais pu le ramener et faire simplement de la mélo, gratter ma certif mais ça ne m’intéresse pas”. J’ai l’impression que tu t’affranchis du regard des autres lorsque tu fais de la musique. Comme un vrai artiste qui ne pense pas forcément à la réception du public lorsqu’il crée. Tu partages ce sentiment?
Pour “ELECTRO”, “FINISH HIM”, “AMBER” carrément. J’ai voulu prendre des risques avec ces nouvelles sonorités.
Tu parles de rage ?
Ouais j’aimerais bien ramener ça en France. Mais même sur ça, les gens m’ont attrapé la veste. Apparemment, le mouvement existe déjà en France. Il y a déjà des mecs qui font ça, des geeks que je ne connais pas du tout. Moi j’ai dit que je voulais être le précurseur et c’est un grand mot, ça veut dire que c’est vraiment toi qui ramène le truc. Et quand ces mecs là ont entendu ça, ils pensaient que je voulais sm’auto-proclamer avant-gardiste, ils n’étaient pas contents : “ouais on fait ça depuis longtemps, il vient nous voler le truc”.
De toute façon, toute l’année je ne regarde pas ce qu’on dit de moi. C’est juste quand j’ai sorti l’album, j’ai voulu voir ce qui se disait. Autrement, je suis vachement déconnecté de tout ça et c’est notamment pour ça qu’il y a plein de questions que tu me poses auxquelles je n’ai pas de réponse [Rires].
Veste Namesake
Pull Paco Rabanne
Collier @heal.the.brokenheart
Jean Louis Vuitton
Chaussures Crocs
À côté de ces nouvelles propositions artistiques, il y a des choses qui n’ont pas bougé en deux ans. Tu avances toujours en équipe restreinte, comment ça se passe de travailler en famille ?
Ça se passe bien et je m’en rendrais encore plus compte, et que Dieu m’en préserve, si j’étais amené à changer d’équipe. Je ne le ferais jamais, mais il n’y a pas longtemps, j’ai commencé à me poser des questions du style “comment ça se passerait si je n’étais pas avec mes reufs ?”. C’est vraiment un plaisir. Le fait de voyager chaque week-end, on va dans des endroits, on se retrouve ensemble, ça nous rapproche. On fait de la musique ensemble, du business ensemble et c’est trop lourd.
C’est ça qui fait que tu ne ressens pas de pression dans ton travail et dans tes choix artistiques ?
Ouais de ouf. J’ai vraiment beaucoup de chance parce que je ne pense pas que ça se passe comme ça pour tous les artistes. Nous, avec A.W.A, on a ouvert notre label en licence chez Sony. Mais on reste très libre avec l’avance qu’ils nous filent, du moment qu’on fait fructifier l’argent.
C’est quelque chose qui te motive les chiffres ?
Pas forcément. Moi, c’est surtout la manière dont les gens vont ressentir et recevoir le truc. Si j’envoie de la musique et qu’on m’envoie grave de l’amour et du positif, ça va me pousser à continuer ce que je fais, à faire mieux.
La musique est devenue vitale pour toi ?
Non, je n’irais pas jusque-là. Par contre, c’est ma passion, ça, c’est sûr. Plus que ça, c’est mon taf. Quand j’étais petit, je voulais être pilote de chasse. Au final, j’ai fait un bac L.
Tu penses à l’après parfois ou à la peur de l’échec ?
Non parce que je ne me pose pas de question. C’est toi qui les pose [Rires]
T’as aussi la réputation d’être le rappeur français le plus américain. D’où sort cet engouement pour les States ?
Ça n’a pas de rapport avec le rap, j’ai toujours kiffé le basket, les casquettes plates, les Nike, les maillots de basket, la musique, leurs sports. Ce n’est pas une fois que je suis devenu rappeur que je me suis dit qu’il fallait que je pompe leur modèle. Quand je retrouve des photos de moi au collège, avant tout ça, j’étais déjà dans ce délire cainri. J’aimais trop ça. Et puis au-delà de ça, le rap, ça vient des States. Donc comment tu veux que je me mette à la hauteur de ce qu’il se fait si je ne regarde pas un peu ce qui se fait là-bas. Il faut avoir un œil sur ce qu’ils créent outre-Atlantique pour être au niveau.
Tu écoutes plus de rap US que de rap français du coup ?
J’écoute que ça. Plus petit, j’écoutais aussi du rap français. Sexion d’Assaut, Booba, Nessbeal, La Fouine, tout ce qui se faisait.
Tu devais être heureux de faire la half-time du NBA Paris Game.
J’étais trop content et j’étais encore plus heureux qu’ils me laissent la place. Il y avait beaucoup de gens qui voulaient assurer le show. J’étais en béquilles ce jour-là, en douleur, sans plâtre, mais je voulais absolument le faire.
Veste et pantalon Jean Paul Gaultier x Supreme
Tu as dit que c’était un honneur pour toi de recevoir des personnes que tu admirais sur tes albums, notamment Ateyaba et Damso. Il y a d’autres personnes avec qui tu aimerais collaborer ?
Pas vraiment. Pour l’instant en France, je n’ai plus d’idées. Après, il y a des personnes avec qui je serai ouvert aux propositions, comme Booba par exemple. Les feats, je les vois comme une fusion de deux univers. J’ai toujours été Joke et à l’époque, quand j’écoutais ses sons en vacances, je lui ai envoyé une vidéo sur un de ses titres. Il a répondu donc les DMs étaient ouverts. Quelques années plus tard, je lui ai proposé de collaborer. On s’est échangé nos numéros et on s’est rendu compte qu’on consommait le même genre de musique. Les délires Lil Uzi Vert, Playboi Carti, Kankan etc.
Et puis vous êtes tous les deux dans la rareté.
Lui encore plus ! Et c’est ça qui crée le mystère autour de lui. S’il avait été là toute l’année à parler, à se montrer et à s’exprimer, il n’y aurait jamais eu tout ce mythe autour de lui. Quand tu donnes tout, les gens n’ont pas envie de creuser. Le fait qu’il soit rare, c’est ça qui suscite l’intérêt du public.
Comme PNL. Tu les écoutes ?
J’écoutais à fond, j’avais carrément une photo de profil QLF à l’époque [Rires]. Vu qu’ils ne sortent plus rien, je n’écoute plus parce que je ne peux pas poncer des sons pendant des années. Mais il y en a encore dans ma playlist oui.
Pour feater tu as besoin d’appartenir au même univers ?
J’ai surtout besoin de m’entendre humainement avec la personne. Si on n’est pas du même univers, je pense qu’au contraire ça peut être encore plus intéressant de fusionner parce que ça va apporter un mélange de sonorités et d’ambiances qui peut être très cool.
Tant que le courant passe bien, je pourrais même travailler avec des personnes qui font de la variété. Avec des ricains aussi, je kifferais, même si je ne suis pas pressé de fou. J’ai déjà travaillé avec eux et ce n’est pas évident. Ils ne sont pas forcément cools et prennent de haut parfois. Et même moi, j’ai eu une mauvaise expérience avec un beatmaker américain. Une fois, on enregistrait avec Nosky, on rigolait, il nous regarde et là, il ferme son PC, le met dans sa sacoche et s’est tiré en pleine séance. Entre eux, ils ne se manquent pas de respect, mais dès qu’ils sont avec des Français, ce n’est pas terrible. Personnellement, on ne m’a rien fait, mais je sais que de bosser avec certains Américains, c’est parfois difficile. Inversement, j’ai déjà bossé avec des bêtes de gars. Ça dépend sûrement des gens. Et puis, quand ils viennent en France, c’est surtout pour les Fashion Weeks.
Ton rapport à la gent féminine n’a pas vraiment évolué non plus en deux ans. Dans “BRÛLURES INDIENNES” tu dis “On a grandi, maintenant, la fille de Michael Kyle, c’est devenue la pétasse de quelqu’un”. Pourquoi cette line ?
Caddie, c’était la petite mignonne de Ma Famille d’Abord. C’est histoire de dire que les choses ont changé et évolué par rapport à quand regardait la série. Même elle, qui était une petite innocente, regardez ce qu’elle est devenue. Ce n’est pas une manière de dire que toutes les meufs sont des bitchs. C’est surtout pour dire qu’on a grandi, que le temps passe. Ça n’a rien à voir avec les femmes de manière générale.
Tu te considères comme un artiste incompris parfois ?
Oui, et pas que dans la musique d’ailleurs. Même dans la vie de tous les jours. Avec mes reufs, on est les mêmes, mais il y a quelque chose qui fait que je me vois comme une tête de mule, un incompris. Depuis tout petit. Dès que je vais faire des choix, je demande l’avis des gens et je me rends compte qu’ils me conseillent des choses à l’opposé de ce que je comptais faire de mon côté. C’est à ces moments-là que je vois qu’il y a des différences.
Tu n’as jamais rencontré quelqu’un qui te comprenait à 100% ?
À la limite les ninjas avec qui je suis, sinon non. Avec ma famille, je ne suis pas le même Zola donc je ne sais pas. Par exemple, aux yeux de mon daron, je pense que je suis vraiment incompris. Et ma mère, à mon avis, elle ne sait même pas comment je pense.
Ils comprennent au moins le métier que tu fais?
Oui et ils kiffent.
Qu’est-ce-que tu tiens de ta mère ?
Ma daronne, c’était une lionne en mode archi débrouillarde et je pense que c’est ça qui a fait qu’aujourd’hui, j’ai pu avoir un bon tremplin et en arriver là. Parce que j’arrive de la campagne et là-bas, il n’y avait zéro moyen pour faire de la musique. Moi, je voulais vraiment en faire et j’ai réussi parce que j’ai la même niaque qu’elle. Sur le reste, le physique par exemple, je tiens surtout de mon père.
Elle t’a pris au sérieux aux débuts de ta carrière ?
Je suis assez renfermé en vrai, je n’ai jamais de discussion comme ça avec elle. On se kiffe, on a une relation normale fils mère, mais je garde beaucoup de choses pour moi.
Comment s’est passé ton voyage à Kinshasa pour le tournage de “TOUTE LA JOURNÉE” ?
J’y suis allé avec mon père, c’était une expérience de fou. Ça fait vraiment quelque chose. J’étais dépaysé, j’ai rencontré ma grand-mère pour la première fois. Ça m’a beaucoup ému sur le moment. C’est après coup que je me suis posé des questions.
Et mon père, toute sa vie, il est allé au bled incognito. Quand il y retourne maintenant, ça n’a rien à voir, il ramène son fils et là-bas, les gens me voient comme une star donc il est beaucoup plus exposé. Forcément, quand il voit une foule courir après la voiture, prendre des photos, ça lui fait plaisir. Je voyais le bien dans ses yeux et ça m’apaisait.
Ce voyage m’a ouvert les yeux sur beaucoup de choses. À tel point qu’à mon retour de Kinshasa, je tenais absolument à rendre hommage à toutes les personnes que j’ai vues là-bas. C’est pour ça que l’album s’appelle “DIAMANT DU BLED”.
Blouson Louis Vuitton
Maille Paco Rabanne
Pantalon P.O Views
Photographie : Moïse Luzolo
Assistant photographie : Félix Devaux
Direction artistique : Iris Gonzales & Naël Gadacha
Stylisme : Iris Gonzales et Luca Delombre
Head of production : Alice Poireau-Metge
Chargé de production : Nicolas Pruvost
Interview : Nouma Ben
Graphisme : Noémi Bonzi & Naël Gadacha
