Disparu le mercredi 29 novembre à l’âge de 95 ans, Elliott Erwitt était ce qu’on appelle un artiste pluridisciplinaire. À la fois photojournaliste, photographe publicitaire, reporter de guerre et portraitiste de star, son regard teinté d’humour a marqué l’univers de la photographie.
La naissance d’un prodige
Né en 1928 à Paris de parents russes, Elliott Erwitt grandit en Italie, avant d’immigrer définitivement aux États-Unis, à l’âge de onze ans, fuyant l’Europe et la guerre. Étudiant la photographie et le cinéma au Los Angeles City College, le futur prodige commence son apprentissage en travaillant dans un laboratoire de photo hollywoodien, spécialisé dans les portraits de stars. Après la guerre, il est engagé comme assistant photographe dans l’armée américaine et dévoile ses mythiques clichés au lendemain du conflit, en France et en Allemagne. À son retour à New-York, sa carrière bascule lorsqu’il rencontre Robert Capa, grâce auquel il intègre en 1953 la prestigieuse agence de presse photographique, Magnum Photos.
Une légende de la photographie
Au cours d’une carrière qui s’étale sur près de 70 ans, Elliott Erwitt ne cesse de dépeindre son époque à travers ses œuvres personnelles, toujours réalisées en noir et blanc, et ses commandes, toujours réalisées en couleur. « Je ne mets pas de couleur dans mon travail personnel. La couleur, c’est du domaine professionnel », explique-t-il. Curieux et observateur, il parcourt le monde pour immortaliser des icônes telles que Marylin Monroe et Grace Kelly, capturer des moments historiques comme l’échange tendu entre Nikita Khrouchtchev et Richard Nixon, ou encore retranscrire la dure réalité des pays de l’Est dans les années 60. Il aimait aussi photographier les chiens, qu’il plaçait au même niveau que les humains. Véritables modèles pour lui, Elliott Erwitt s’amusait à positionner l’objectif à hauteur de leurs yeux, transformant presque le regard du spectateur à égal, face à ses sujets.
À travers ses clichés, Elliot Erwitt révèle les émotions des sujets d’une manière qui n’appartient qu’à lui, mélangeant humour, réalisme et empathie. Un cocktail de spontanéité et de fraicheur, qui lui fait saisir des moments de vie drôles et insolites, mais toujours avec un profond humanisme. « Je veux que les gens réagissent émotionnellement à mes photos, pas avec le cerveau », confie-t-il. « Vous pouvez ressentir l’impact d’une bonne image sans savoir de quoi il s’agit ».
Une exposition retraçant le parcours riche et varié du photographe se tient actuellement à la Sucrière à Lyon jusqu’au 17 mars 2024.
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