La légende de 13 Block ne se serait pas écrite sans Triple S. Pour son troisième projet, le groupe sevranais a trouvé une formule unique à l’époque. Brutale et chargée à leurs débuts, leur trap est devenue plus minimaliste et surtout plus mélodieuse sans pour autant perdre son essence. Derrière ces toplines nouvelles, une voix mène alors le groupe : celle de Zed. “Somme”, “Mood”, “Vide”… Les refrains et les mélodies de celui qui deviendra le leader naturel de 13 Block laissaient déjà entrevoir à l’époque tout le potentiel du groupe.
Six ans et deux albums plus tard, 13 Block a assis son statut d’icône et c’est maintenant au tour de Zed. Après un premier projet, SOIXVNT3, sas d’expérimentation et surtout après avoir pris le temps de se découvrir seul, le Sevrannais sort un premier album solo que son public espère depuis 2018. Un projet dans lequel le “gangstérisme” se mêle aux toplines mélancoliques, où les influences trap se mélange à celles du rap west coast, celui que les “anciens” de Zed lui ont fait découvrir.
Stylisme : Finesse Mentality
Ca fait très longtemps que le public attend un premier album. Pourquoi nous avoir fait attendre autant avant de le sortir ?
J’avais besoin de me découvrir, déjà parce qu’il y a eu beaucoup de changements pour moi. Je suis passé en solo alors que j’ai toujours rappé en groupe, j’ai une nouvelle équipe, j’ai signé dans une nouvelle structure… J’avais besoin de retrouver des repères et de me familiariser à ma nouvelle équipe. J’ai aussi connu des hauts et des bas que ce soit dans le domaine de la musique ou dans ma vie personnelle. J’avais besoin de ce temps pour être au top de moi-même.
C’est comme un nouveau départ finalement, le début de carrière d’un rookie ?
De fou ! j’ai l’impression que je n’ai jamais été là. Et pour la sortie de l’album, il y a une montée d’adrénaline, ce petit truc que je n’avais pas ressenti aussi fort depuis longtemps.
Sur SOIXVNT3, j’ai l’impression que tu as testé beaucoup de choses, de sonorités différentes. Ce projet, c’était une sorte de test en vue de l’album ?
Totalement, c’était une pré-saison comme pour les footballeurs. C’était aussi pour savoir ce que le public attendait de moi. Ça m’a beaucoup aidé et en même temps, ça m’a permis d’alimenter les auditeurs, de consolider une fan base, de familiariser le public et de leur “donner à manger”.
Toi, à la suite de 13 Block, qu’est-ce que tu as changé dans ta façon de travailler ?
Je prends vraiment mon temps. Avant, je ne revenais pas sur les morceaux une fois enregistrés, maintenant beaucoup plus. La technique d’écriture a changé aussi, ce n’est plus comme avant, on n’est plus en 2010 à l’époque où on était obligé de faire un texte bien construit. Là, je fais deux mesures par deux mesures, un peu comme un puzzle. Tu peux commencer par la fin du morceau, par le refrain, par le pont… Je structure ça comme je veux et surtout, je prends le temps de revenir dessus. Je fais beaucoup de yaourts, de toplines et j’écris par-dessus en marmonnant. Ça m’arrive même souvent d’aller en cabine et d’enregistrer directement selon ce qui vient au feeling, ce qui me passe par la tête au moment T selon mon mood.
Je n’ai jamais aimé le rap trop bien fait, trop carré. Le premier jet, ce que tu sors directement, c’est peut-être moins clean mais c’est plus pur.
J’ai vu une interview dans laquelle tu racontais que tu écrivais certains sons en jouant à FIFA en même temps. Ça m’a interpellé, comment c’est possible d’écrire et de jouer en même temps ?
En fait, j’ai capté un truc. Quand ton cerveau est occupé, c’est là que tu bosses le mieux. C’est trop bizarre, mais c’est vrai pour moi. En studio, je n’aime pas trop le silence, quand on est trop focus sur le morceau etc. Je préfère qu’on parle de tout et de rien, qu’on soit posés avec les gars ou même qu’on joue à la play pendant que la prod tourne en fond. Ça me permet de jouer avec mon imagination, ça me crée des inspirations. Je vais parler avec un pote et les idées vont venir d’un coup. Bam ! Tu vois Phénomène Raven ? Quand elle voit le futur ? C’est la même chose (Il imite le bruit de Phénomène Raven quand elle a une vision) ça vient comme ça. Je vais avoir deux mesures qui arrivent, je les note, je vais en cabine, puis 3 ou 4 mesures et ainsi de suite. Mais je ne peux pas me focus sur une prod, l’écouter des heures et ne faire que ça, c’est impossible. Encore une fois, il me faut la vibe, il faut que je sente le truc. Il faut limite que ce ne soit pas trop écrit. Je n’ai jamais aimé le rap trop bien fait, trop carré. Le premier jet, ce que tu sors directement, c’est peut-être moins clean mais c’est plus pur.
Ce truc de mood, on le ressent beaucoup sur l’album. C’est peut-être le plus mélodique que j’ai entendu dans l’écosystème 13 Block. Et ce côté mélo, correspond aussi à tes références west coast, que tu as déjà évoquées dans les médias. C’est pour cette mélodie que tu aimes autant la west coast ?
Oui de fou ! C’est très mélodique mais il y a ce “gangstérisme”, la street cred, les histoires de gangs, les histoires de OG. C’est ce mélange-là qui m’a plu. Tout ce qui est Tupac, Snoop, Nate Dogg… Dès que je les voyais, j’étais fan même de leur esthétique, leur façon de s’habiller, les bandanas etc. C’est une grande source d’inspiration, je voulais mettre ça en avant. Et puis c’est aussi un hommage à mes grands frères. Ils étaient matrixés par la west coast, c’est surtout grâce à eux que je me suis mis à écouter ce rap-là. Je ne l’aurais pas connu sans eux.
Il y a cette notion de respect des anciens dans tes morceaux, tu en parles beaucoup. Toi-même, tu me dis que tu as pris du recul sur toi-même, que tu prends ton temps. Tu te considères comme un ancien ?
Bien sûr, je suis là depuis ! Mais en même temps ça ne date pas tant que ça et je commence un nouveau chapitre. Je suis une sorte d’ancien nouveau ou de nouvel ancien. J’ai déjà traversé pas mal de chose avec 13 Block. On est arrivé tôt, on a rappé tôt donc on fait figure d’ancien. Mais en âge, dans ce que j’aime etc, je suis encore jeune ! Du coup, j’ai la hargne d’un petit mais j’ai aussi le recul maintenant. J’ai comme une double casquette jeune et ancien.
Tu as fait beaucoup de feats depuis le début de ta carrière solo et tu as toujours rappé en groupe même avant 13 Block. J’ai l’impression que tu aimes rapper avec les autres. Pourquoi avoir décidé de te lancer seul ?
(Il réfléchit longuement) Déjà parce que les gens me l’ont demandé. Parce que maintenant dans ma vie, je suis bien plus solitaire et aussi parce que je voulais prouver ce que je sais faire tout seul aussi. Et puis, il y a des morceaux pour lesquels tu as besoin d’être seul si tu veux raconter ta vie, ton parcours, te raconter toi et c’est ce dont j’avais besoin quand je suis parti en solo : tu ne peux pas tout raconter dans un groupe. Il faut laisser de la place à tout le monde. Cet album Malcom, c’est celui où je me raconte, j’en avais besoin, c’est pour ça qu’il porte mon prénom. Ce sera peut-être le seul album comme ça où je raconte mon histoire, on ne sait pas ! J’aurais peut-être d’autres choses à dire plus tard. Ça va aussi dépendre des retours que ce soient ceux de mes proches ou ceux du public.
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“Je ne sais pas si notre amitié est rationnelle, donc j’ai toujours l’opinel”, cette phrase correspond à la thématique prégnante de ton album : la trahison. À quel moment tu sais que tu peux faire confiance à quelqu’un, à quel moment tu ranges l’opinel ?
Jamais ! Tu ne sais pas d’où peut venir la balle, la déception. Ça peut venir de ta meuf, ça peut venir d’un ami, il faut toujours se méfier. On vit à une époque où tout le monde se méfie. D’ailleurs tout le monde parle de trahison, même des petits de 17 ans qui n’ont pas le vécu pour parler de ça, ils en parlent quand même ! C’est un sujet qui affecte tout le monde parce qu’on a tous vécu des déceptions comme ça, c’est même devenu mon inspiration principale.
C’est un sujet qui est devenu très récurrent chez toi à partir de BLO II. J’ai aussi l’impression que c’est en corrélation avec le statut que toi et 13 Block avez pris suite à BLO. Après cet album tu as senti l’écart et les changements de considération qui vont avec ?
C’est vrai que j’ai beaucoup été sollicité, il y a eu beaucoup de demandes de feats. Et plus largement, le groupe entier l’a vécu. Mais c’est normal. Quand tu commences, tu es le groupe du peuple, vous êtes les rappeurs du peuple. Et puis si tu montes, ça évolue, ton public s’élargit et les problèmes aussi. C’est comme ce proverbe “pas de roses sans épines”, je n’ai jamais vu quelqu’un monter sans accrocs, c’est même ce qui montre que tu avances.
Quand j’ai compris ce qu’on pouvait faire avec l’autotune, ça a poussé le reste du groupe à explorer d’autres univers.
J’ai le sentiment qu’il y a un moment où tu as vraiment pris de l’ampleur en tant qu’individu au sein du groupe : c’est Triple S. À ce moment-là, vous avez trouvé une formule entre la trap/drill très dure que vous proposiez mais avec un côté un peu plus mélo, plus accessible, plus minimaliste dont tu es le symbole. Il y a eu un déclic chez toi à cette époque ?
C’est à ce moment-là, sur Triple S que j’ai découvert l’autotune. À l’époque, dans mes influences, j’avais un peu lâché Chief Keef. J’étais dans Migos, j’aimais beaucoup Quavo et Offset et il y avait Travis Scott aussi ! Il avait des toplines et des mélodies de fou. Et puis je me cherchais beaucoup aussi à ce moment-là. Il y avait des fois, je rappais mais je ne kiffais même pas. C’est justement avec l’autotune que je me suis trouvé, que j’ai vu ce que je pouvais faire niveau mélodie. Une fois que j’ai trouvé ça ? Non laisse tomber, je ne pouvais plus faire autre chose, c’était fini (rires). Je me souviens les premières fois que j’ai capté ce que ça me permettait de faire, c’était quand on a enregistré “Somme” et “Mood”, l’interlude de Triple S. J’ai vraiment compris la mélodie à ce moment-là. Ça nous a permis de faire évoluer notre son, ça a poussé les autres à explorer d’autres univers et ça nous a fait monter de fou !
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Tu évoques Mood qui est un interlude marquant sur Triple S. Sur Malcom ton dernier album, l’interlude a retenu mon attention aussi et il détonne un peu avec la mélancolie du projet. C’est très hargneux et ça kicke, comme le Zed du début de 13 Block justement.
C’est exactement ça.
Pourquoi tu l’as appelé par ton nom et pourquoi c’était important qu’on ressente ce côté-là de toi ?
Parce que c’est comme ça que j’ai commencé à rapper. Comme on l’a dit, je ne suis pas rentré directement en mélo. J’ai rappé boom bap en mode Prodigy, Mobb Deep, tout ça ! Là, c’est vraiment moi qu’on entend. Quand mes gars m’écoutent, c’est ce qu’ils ressentent, ils me disent sans arrêt que je rappe comme à l’ancienne sur le morceau. Ça me représente trop bien donc j’étais obligé de le placer sur l’album.
On sent sur ce morceau en particulier que tu as toujours la hargne du début. Et on le sent de manière générale sur l’album entier, notamment en ce qui concerne l’argent : il y a pas mal de comparaisons entre en gagner et manger sur ce projet. À quel moment tu estimeras que tu seras rassasié ?
Peut-être quand je n’aurai plus besoin de faire d’albums ? Je trouve que lorsque tu n’as plus besoin de ça, que tu sors des singles et des feats, que tu es dans les projets des autres, que tu n’as plus besoin d’annoncer ou de faire une grosse promo, c’est que déjà musicalement tu es tellement en place que tu peux faire ce que tu veux. Tu n’es plus dans le calcul du tout et si tu as ce statut-là, c’est que tu es bien installé. Mais je ne sais même pas si tu auras assez graille, tu peux être reconnu mais est-ce que tu fais assez d’argent ? On n’est jamais vraiment rassasié. Même Elon Musk, il a peut-être 200 milliards, mais il veut 201. L’humain est gourmand.
Il y a un feat que tu as beaucoup teasé sur l’album, c’est “Shaggy” avec Nekfeu. Comment s’est faite la connexion avec lui ?
Je faisais le morceau en studio, et pour rire, j’ai dis à mon ingé son. “Nekfeu, je le verrais bien là-dessus, j’aimerais bien qu’il pose sur le morceau. Si tu le vois dis lui qu’il pose”. L’ingé connaissait Nekfeu mais moi, je disais vraiment ça pour rire. Deux jours après, on était en studio ensemble et il a posé un couplet. On s’est vu plusieurs fois et on a fait de longues séances studios, des 17h-5h ! On parlait, on rigolait, il y avait son équipe, mon équipe… C’était très bon délire. J’aime la musique de Nekfeu, je le trouve super fort mais je n’avais pas conscience de la notoriété qu’il a. Il est big de dingue ! Pour te dire, le teasing du morceau n’était même pas volontaire. À la base, c’est un pote qui a teasé ça sur Instagram en m’identifiant. Je n’ai fait que reposter et ça a cassé internet. En voyant ça, j’ai capté que Nekfeu c’était un grand monsieur.
C’est quelqu’un que tu as beaucoup écouté ?
Il était en groupe et entre groupes à l’époque, on s’écoutait beaucoup pour voir ce que faisaient les autres. Mais j’ai vraiment kiffé sur le projet d’Alpha Wann, la Don Dada Mixtape. Déjà Alpha Wann, je trouve qu’il est super chaud. Mais quand j’ai écouté les couplets de Nekfeu, je suis devenu fou. Mais j’ai beaucoup aimé tout l’album, la Don Dada Mixtape, j’étais dedans de dingue !
Pour le coup, c’est un projet dans lequel Alpha Wann a pas mal “trappisé” sa musique, donc ça se rapproche un peu de ce par quoi tu as commencé.
Exactement. Il est revenu méchant, j’aime beaucoup. Et la trajectoire de sa carrière, ça fait plaisir à voir. Il a eu du succès d’estime, mais il a réussi à dépasser ça et à tout arracher. C’est très fort d’avoir réussi ça. Ce genre de rappeurs, ce sont des mecs qui adaptent leur son et le plus important : ils kiffent la musique. Des mecs comme Nekfeu, Laylow, Josman… Ils ne se limitent pas, ils veulent s’essayer à plein de choses, se tester sur pleins de prods différentes. Ils sont comme moi et ils ont tous leur univers bien à eux.
Ce qui m’a frappé sur le feat avec Nekfeu, c’est qu’il reprend un peu ton flow, on voit qu’il t’a écouté ! Quand tu collabores avec des rappeurs hors de 13 Block, tu sens l’impact, l’influence que vous avez pu avoir sur les autres ?
Oui, c’est en studio que je vois ça. Par exemple, si je fais un couplet et que j’oublie une piste d’ambiances ou qu’il y a certains flows auxquels je ne pense pas, les autres rappeurs viennent me dire “Mais pourquoi tu ne fais pas comme dans tel morceau ? Mais pourquoi tu ne dis pas ça ? Eh mais tu as vu si tu fais comme ça là, ça va rendre super bien ! ”. Ça me choque à chaque fois. Les gars connaissent tellement bien ma musique qu’ils pensent à des choses auxquelles moi-même, je ne pense pas. C’est là que je vois à quel point ils ont dû m’écouter. Ils m’apprennent limite à me connaître moi-même.
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Il y a une autre phase qui m’a marqué sur Malcom, “Cest pas une série là, c’est la réalité”. C’est une idée qui revient plusieurs fois dans l’album. Parfois, tu as peur qu’une partie du public puisse fantasmer sur ce quotidien, celui des quartiers et des cités de France ?
Non, c’est l’inverse : j’ai peur d’en dire trop. Parce que j’ai l’impression que ceux qui sont trop vrais, le public ne les valide pas. Et puis je viens de Sevran, il y a juste à regarder les journaux pour comprendre comment on vit et il n’y a plus besoin d’être Terminator comme à une certaine époque, pour que les gens écoutent ta musique. Que ce que tu racontes soit vrai ou faux, les gens écoutent.
On sent quand même que pour certains rappeurs, il y a cette authenticité. Quand j’entends un Stavo dire presque la même phrase que toi sur “FEDERER” (“C’est le ghetto pas une série”), on sent que vous avez grandi aux mêmes endroits même si votre musique ne va pas dans la même direction.
Et il n’y a pas que lui, on est plusieurs comme ça, on défend notre culture aussi. C’est comme si on était une équipe nationale, mais qu’en même temps, on avait notre propre club à nous. Par exemple, Stavo fait partie de mon équipe, celle de la trap. Dans cette équipe, tu vas retrouver un gars comme Niska aussi, comme Koba… On a tous nos délires, nos univers mais on est d’accord sur notre culture.
Avec 13 Block en studio, c’était au feeling. Celui qui sentait le truc se levait et guidait le morceau.
Chez 13 Block, vous aviez un univers très fort, ça se sentait jusque dans votre jargon, vos références, vos expressions un peu cryptiques, comme un langage codé entre vous. C’était fait consciemment ces codes-là ?
Même pas, on a toujours utilisé toutes ces expressions. À la base, on rappait pour représenter nos potes, nos quartiers, nos blocks, pour dédicacer nos équipes, comme à l’ancienne finalement ! Percer ce n’était pas dans nos têtes donc on a toujours rappé comme ça avec nos propres codes. Il n’y a pas vraiment d’explication, ce sont vraiment les mots de chez nous, nos délires avec nos gars, des expressions qu’on utilise depuis petit et qui nous lient. En studio, c’était vraiment au feeling plus que dans l’écriture. Celui qui sentait le truc se levait et guidait le morceau, il marmonnait quelques phases, une topline ou quelque chose et tout se faisait très naturellement ensuite. Si ça parlait à quelqu’un il se levait pour aller poser.
C’est aussi ce qui a fait la force du groupe finalement, les morceaux n’avaient pas de structures prédéfinies.
Oui, moi je faisais pas mal de refrains par exemple, mais c’est parce que je me sentais toujours chaud ! Mais je n’étais pas obligé par une règle quelconque, personne ne me mettait de pression. J’y allais tout seul. En plus moi, je n’aime pas écrire. Donc si je pouvais faire le refrain et me barrer ? Frérot, directement, hop refrain, deux phases et on vesqui (rires).
Les refrains les plus emblématiques chez 13 Block, c’étaient les tiens justement, des sons comme “Vide“, “Somme“, “Amis d’Avant“. Pour ce dernier, on sent déjà beaucoup cette thématique de trahison...
“Amis d’avant” à la base, c’était un morceau pour moi seul carrément ! Mais ça a tellement parlé à mes gars qu’ils sont rentrés sur le son. Là tu vois, cette mélancolie et la thématique de trahison, étaient déjà là depuis ! C’est le caractère même de ma musique.
Là, vous allez bientôt remonter sur scène ensemble avec 13 Block, pour Yardland, pour Les Ardentes aussi. On vous voit peu en concert en solo mais toujours en groupe donc. Quel effet ça te fait de remonter sur scène avec tout le groupe ? Je ne sais pas si vous vous en rendez compte, mais c’est un évènement pour votre public.
Je sais que les gens sont nostalgiques, ça leur fait plaisir. En même temps, c’est important de montrer que ce n’est pas parce qu’on est chacun parti en solo qu’on est en guerre, au contraire. Ce n’est même pas pour l’argent, c’est aussi et surtout pour montrer ce message-là. Chacun avait besoin de développer son univers, de faire sa propre musique et chacun fera ses dates et ses tournées. Le chemin individuel continue mais entre nous rien n’a changé. Il y a plein de groupe avec des membres partis en solo mais qui s’entendent encore très bien. Il faut qu’on montre ça au public, aux gens et même aux futurs groupes qui peuvent arriver.
Tu le dis d’ailleurs dans l’album, “il faut savoir que le groupe n’est pas fini”, sur le featuring avec Ziak. Vous bossez sur des projets ensemble ?
Non, on a pas encore prévu de faire quelque chose mais on verra, l’avenir nous dira. En attendant évidemment sur scène, on ramène les potes et on fait les classiques, obligé ! Mais pour un retour, le public est tellement nostalgique, on a tellement eu de bangers, c’est même pour ça qu’on a peur de refaire quelque chose. Est-ce qu’on pourra refaire un “Fuck le 17” ? “Un Petit Cœur” ? “Un Vide” ? Est-ce que ce sera pris de la même façon ? Parce que j’ai l’impression que maintenant, il n’y a plus beaucoup de groupe en plus. Les gens ont la flemme d’écouter quatre, cinq, six mecs qui rappent. Maintenant, c’est maximum deux rappeurs avec des morceaux très courts, deux couplets seulement, des sons d’1,30 min en ligne droite sans refrain ! J’ai l’impression aussi que parfois, le public ne veut écouter qu’un seul membre du groupe. Ça veut dire qu’il faut que les gens se réadaptent à écouter plusieurs personnes. Ça fait beaucoup de paramètres à prendre en compte pour un retour et c’est beaucoup de pression de remettre les groupes au goût du jour. En plus, il y a tellement d’autres rappeurs super chauds qui arrivent, des petits de 15, 16, 17 ans qui ont signés etc…
On était capable d’être en Quechua avec une grosse chaine de bâtard, avec une grosse Rolex.
Dans le créneau de la trap, vous les avez certainement beaucoup inspirés ces petits qui arrivent !
Bien sûr ! On a installé quelque chose pour la culture. Quand je vois un Gazo émerger par exemple… Ce n’est pas un petit et il a ramené son univers à lui, mais je pense que c’est aussi grâce au chemin qu’on a tracé avec 13 Block. C’est ce délire “d’américanitude”. On n’est pas les seuls, des rappeurs comme Hamza ou Niska ont aussi participé à créer cette route, ce chemin. On a vraiment réussi à assimiler la culture kainri et à la “franciser” sans la recopier bêtement, mais en y amenant notre truc à nous, en faisant notre musique à nous. Et avant dans le rap, on était pudiques, mais on a enlevé ça : on était capable d’être en quechua avec une grosse chaine de bâtard, avec une grosse Rolex. On a installé ça.
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Journaliste : Lucas Désirée
Photographie : Moïse Luzolo
Assistant photo : Tony Raveloarison
Retoucheur photo : Joshua Peronneau
Direction artistique et stylisme: Naël Gadacha
Production : Nicolas Pruvost, Léa Goux-Garcia, Alice Poireau-Metge