Surfeur depuis l’âge de 4 ans, Kauli Vaast explore la vague emblématique de Teahupo’o à 8 ans. En décembre 2019, lorsque le Comité d’organisation des Jeux Olympiques de Paris officialise son île de Tahiti comme lieu des épreuves de surf des Jeux de la XXXIIIe olympiade, Kauli Vaast entérine son rendez-vous avec l’Histoire. Le 6 août dernier, l’enfant du pays se présente en finale contre l’Australien Jack Robinson.
Après un premier tube presque parfait qui lui permet d’obtenir la note de 9,50, Vaast voit Robinson répondre avec une note plus modeste (7,83), qui le laisse toutefois dans la course à l’or. Quelques minutes plus tard, Vaast reprend le large avec une autre note de 8,17, pour un total de 17,6.
Signe du destin, les vagues de toute sa vie se taisent soudainement, et Robinson perd l’espoir de pour réaliser l’exploit de rivaliser avec le score de son rival. À seulement 22 ans, Kauli Vaast devient dans ses vagues de Teahupo’o le premier champion olympique de surf de l’histoire, et s’offre devant son public le plus beau sacre de sa carrière, puisant dans la force sacrée polynésienne du Mana l’énergie nécessaire pour aller chercher l’or olympique.
Qu’est-ce que cette médaille représente pour toi ?
De gagner les Jeux Olympiques chez moi à Tahiti, c’est le Graal. Les Jeux Olympiques, c’est la compétition la plus importante pour un athlète, alors réussir à remporter l’or à la maison, c’est magnifique.
Le surf est un nouveau sport aux Jeux Olympiques, cela donne-t-il à ton sacre une saveur particulière ?
C’est un honneur de pouvoir être le premier à avoir gagné un titre olympique. Je suis hyper fier de cette victoire car elle permet aussi de montrer qu’on est des athlètes, que le surf est réellement un sport olympique, et pas seulement un loisir.
Quelle est la symbolique de remporter ce titre chez toi, à Tahiti ?
C’est ma force ! C’est ce qui m’a permis de me motiver encore plus, de donner encore plus de moi-même. J’ai pu passer du temps avec ma famille, d’être au contact de tout le monde, de ressentir toute cette énergie de malade qu’il y avait. Sans tout ça, ça n’aurait pas été la même chose. Je remercie encore toutes ces personnes qui nous ont fait vibrer. Ils m’ont fait vibrer en me soutenant et je leur ai rendu en passant mes séries.
Raconte-nous comment c’était là-bas ?
C’était génial ! Déjà, le village olympique était sur un bateau, c’était fou ! Quasiment toutes les équipes étaient dedans, sauf certaines qui logeaient dans des maisons. Ensuite, on se retrouvait pour les entraînements. C’était bien organisé et personnellement, j’avais assez de liberté pour aller chez moi, dans ma maison à côté. Passer du temps avec mon frère, aller pêcher. C’était vraiment bien !
Suivais-tu les compétitions qui se déroulaient à Paris ?
On suivait ça avec nos ordis tous les jours, tout le temps. Parfois, quelqu’un avait quatre téléphones, l’ordi et la télévision pour qu’on puisse suivre ça. Dès qu’il y avait des Français, on se regroupait pour les suivre. Ça nous a fait vibrer et ça nous a motivé de voir les quatre médailles d’or de Léon Marchand, les sacres de Teddy Riner. C’est des légendes, et de les voir faire ça, c’est encore plus motivant à l’approche de notre propre compétition.
Perçois-tu ton titre olympique comme une façon de mettre encore plus la lumière sur Tahiti ?
Complètement ! C’est énorme d’avoir gagné à Tahiti. C’était vraiment cette compétition qu’il fallait remporter, à domicile. Je pense que ça va apporter de belles choses à la Polynésie. On a des bons athlètes, on est doués. en étant de loin, d’une île, c’est assez difficile de performer dans le monde. J’espère avoir montré que des îliens peuvent être forts et avoir fait une belle promotion du surf.
Votre sport a la particularité d’offrir des images impressionnantes. Penses-tu que le surf à Tahiti a mis un beau coup de projecteur dur l’île ?
Teahupo’o, c’est la plus belle vague du monde. Elle attire beaucoup de surfers. La compétition olympique a aussi attiré beaucoup de public, des téléspectateurs aussi. Pleins de gens ont aimé, alors on s’en réjouit.
Comment gères-tu la préparation dans un environnement qui change constamment ? Et penses-tu que surfer à domicile t’a donné un avantage ?
Tout au long de la compétition, on a eu des conditions différentes. Il fallait constamment s’adapter. Je pense en effet que la connaissance du spot a joué un rôle important là-dessus. À chaque fois qu’on arrivait dans une session un peu différente, on avait déjà surfé ce type de vagues, ce qui nous a peut-être donné un coup d’avance.
Quels messages as-tu reçu depuis ton titre olympique ?
J’ai reçu des tonnes de messages. Plein de personnes qui ont été heureuses de regarder ça, qui ont été touchées. Je n’aurais jamais imaginé que ça puisse marquer autant de personnes. Ça me fait très chaud au cœur.
On se retrouve au sein du bunker Oakley, quelle est l’importance d’avoir un matériel aussi performant que possible dans la pratique du surf ?
J’ai de la chance d’avoir le soutien d’Oakley. Ils croient en moi et me soutiennent beaucoup. C’est une marque de malade qui a beaucoup d’avance sur la recherche technologique. Ils ont les meilleurs produits, sont très perfectionnistes, ce qui s’accorde avec les valeurs que nous sportifs avons aussi.
Échanges-tu avec eux sur la recherche et le développement des produits ?
En surf, on a une relation très spéciale avec le soleil, la mer et le sel. On a besoin d’une protection exigeante avec les verres, et c’est agréable de discuter avec eux pour savoir quel est le meilleur verre pour protéger les yeux. D’explorer tout cet aspect technologique.