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Nassourdine Imavov : “Je suis certain que je serai le prochain à combattre pour le titre”

Je préfère véhiculer de bonnes valeurs et montrer qu’on peut réussir sans avoir besoin de faire du bruit ou d’insulter.” Du bruit, Nassourdine Imavov en fait pourtant beaucoup depuis quelques semaines, après avoir mis K.O. la légende de l’UFC, Israel Adesanya. Il a suffi d’un direct du droit pour que le “Sniper” soit propulsé en tête du classement des poids moyens de l’UFC.

Ce nouveau statut, le natif du Daghestan n’a aucun mal à s’y adapter, car c’est ce qu’il a du faire toute sa vie. Arrivé à l’âge de 9 ans en France et issu d’une famille de combattants, Nassourdine a suivi les traces de son grand frère Dagir avant de tracer son propre chemin. Potentiel prétendant au prochain combat pour le titre, le sniper a désormais la ceinture en plein milieu de sa cible.

Manteau et pantalon : Songzio / Costume : Nathan Vandenberghe


Il y a de plus en plus de monde qui commence à te connaître. Tu as fait quelques plateaux tv et interviews. Si tu devais te présenter en quelques mots, comment te décrirais-tu ?
Je m’appelle Nassourdine Imavov. Je suis combattant de MMA et, actuellement, je suis sous contrat avec l’UFC.


Pour revenir en arrière, comment as-tu découvert les sports de combat et le MMA ? Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer dans ce milieu ?
Je viens d’une famille de combattants. Mon père faisait de la boxe anglaise et mes frères aussi. Naturellement, j’ai suivi le même chemin.


À quel âge as-tu eu tes premiers contacts avec les sports de combat ?
J’ai commencé la boxe à Salon-de-Provence quand j’avais environ 12 ans, dès que ma famille s’est installée en France.


Tu n’as pas grandi en France, c’est bien ça ?
Exactement, j’ai grandi au Daghestan avant de venir en France.


Comment as-tu vécu la transition à ton arrivée à Paris, notamment au moment où tu découvrais ce nouveau milieu et que tout te semblait différent ? Est-ce que tu parlais français à ton arrivée ?
Non, je ne parlais pas du tout français, je ne connaissais rien. La culture, l’ambiance, tout était différent. J’ai découvert un monde nouveau, et ça n’a pas été simple, mais j’ai pu compter sur un accueil chaleureux qui m’a beaucoup aidé à m’adapter.


Quel souvenir marquant gardes-tu de cette période d’adaptation ?
Ce qui m’a le plus marqué, c’est l’accueil que j’ai reçu. Les personnes qui m’ont entouré, notamment à l’école, m’ont mis très vite à l’aise, ce qui est essentiel quand on arrive dans un environnement inconnu.


Cette expérience d’adaptation t’a-t-elle aidé par la suite, que ce soit dans ta vie personnelle ou dans ta carrière de combattant ?
Absolument. Déménager d’un pays à l’autre, c’est un défi qui te forge. Cela m’a appris à m’adapter, à relever des défis et à rester concentré, autant dans la vie de tous les jours que dans ma carrière.


Tu as débuté par la boxe à Salon-de-Provence. Et ensuite, comment es-tu passé au MMA ?
C’est grâce à mon frère aîné, Dagir, qui m’a toujours accompagné. À 19 ans, il m’a convaincu de découvrir le MMA, et nous avons déménagé ensemble à Paris pour rejoindre la MMA Factory et progresser dans ce milieu.


Tu parles souvent de ta famille, et notamment de ton frère. Quelle place la famille occupe-t-elle dans ta vie ?
La famille, c’est tout pour moi. Dans les moments difficiles, ils sont toujours là. Avec Dagir, on partage le même rêve, et même si lui a tracé le chemin au début, aujourd’hui, je suis fier de pouvoir le soutenir et l’aider à aller encore plus haut.

Chemise : LGN Louis Gabriel Nouchi / Pantalon : Loewe / Chaussures : Paraboot


2023 a été une année compliquée pour toi. Comment fais-tu pour rebondir après les difficultés et revenir sur le devant de la scène ?
Je ne me perds pas dans les chiffres ou les défaites. Mon parcours m’a forgé mentalement : j’apprends à accepter la défaite, à comprendre que c’est une partie du jeu, et je travaille sur mes faiblesses pour revenir plus fort.


On te surnomme “The Sniper”. Tu peux nous expliquer d’où vient ce surnom ?
Ce surnom m’a été donné par mon premier entraîneur, Fernand Lopez, quand j’ai déménagé à Paris. On m’a souvent dit que j’avais des frappes rapides et précises. C’est devenu naturellement “The Sniper”.


On te voit toujours très calme, sans le trash talk que certains combattants utilisent pour se faire remarquer. Comment abordes-tu la communication et les prises de parole dans ce milieu ?
Je reste moi-même. Pour moi, il n’y a pas de différence entre qui je suis dans la vie et ce que je fais sur le ring. Je préfère véhiculer de bonnes valeurs et montrer qu’on peut réussir sans avoir besoin de faire du bruit ou d’insulter.

Manteau et pantalon : Songzio / Gants : Prada


Après ta dernière victoire face à Israel Adesanya, tu as pris la parole pour représenter ceux qu’on oublie : les banlieusards, les zones rurales, les personnes négligées par la société. Pourquoi ce message était-il important pour toi ?
Parce que ces personnes-là, on n’en parle pas assez. Je voulais partager ma victoire avec tous ceux qui se battent chaque jour, avec les parents, avec ceux qui donnent tout pour que leurs enfants réussissent. C’était important de leur montrer que leur combat compte aussi.


Suite à cette victoire, as-tu senti que le regard des gens sur toi avait changé ?
Oui, évidemment. Les médias, le public… On me reconnaît beaucoup plus. Mais malgré tout ce qui change autour de moi, je reste fidèle à moi-même.


Tu as disputé beaucoup de combats ces derniers mois. Comment fais-tu pour rester régulier et toujours prêt à te battre ?
C’est simple : j’aime ça. J’aime être en préparation, avoir constamment un objectif. Même si parfois c’est intense, quand je ne m’entraîne pas, je m’ennuie. Cette envie d’être actif et de progresser est ce qui me motive à toujours retourner sur le ring.


Le MMA est encore très récent en France. J’étais à ta dernière victoire à Paris et j’ai vu l’engouement du public français pour ce sport. Quel est ton regard sur le MMA français aujourd’hui ?
Ça évolue à une vitesse incroyable. Le sport prend de l’ampleur. Il y a à peine cinq ans, il n’était même pas légalisé. Aujourd’hui, c’est fou. Et il y a différentes organisations, même pour les amateurs, super bien organisées, qui offrent de la visibilité aux combattants, même amateurs. Ça montre que le niveau monte très rapidement. Je pense que la nouvelle génération sera encore plus déterminée.


C’est quelque chose qui t’intéresse ? Même si je sais que tu es concentré sur ta carrière, tu pourrais donner un coup de main aux jeunes combattants ?
Bien sûr, effectivement. Je ne suis pas égoïste. J’ai envie de réussir, et ensuite, je veux que les autres réussissent aussi. Je vois souvent des jeunes amateurs qui s’entraînent dur, et tout ce qu’ils veulent, c’est réussir comme moi. Du coup, j’essaie de leur filer un coup de main, de leur parler de mon expérience. Et après ma carrière, je me focaliserai sur ça, j’aiderai ceux qui veulent réussir.


Sur Twitter, il y a pas mal de discussions en ce moment, notamment autour du title shot, avec des extraits de Du Plessis qui donnent leur avis. Toi, quel est ton regard, ton avis sur ce genre de choses ?
Tout d’abord, tout ce qu’on dit de Du Plessis, on s’en fout complètement. Mon avis, c’est que ceux qui décident ne doivent pas se laisser influencer. Pour ma part, je suis certain que je serai le prochain pour le title shot. Je le mérite, j’en suis convaincu.


Toi, tu te tiens prêt. Tu m’as dit que tu étais toujours partant pour combattre.
Je suis toujours prêt. Je le suis à n’importe quel moment.


Quelles sont les prochaines étapes ? Que prévois-tu pour les semaines à venir ?
Je vais aller retrouver ma famille dans le Sud. D’habitude, je rentre directement après un combat, mais là, j’ai pris le temps de me reposer, de retrouver mes amis et de profiter du mois de Ramadan avec eux.

Veste : Loewe


Si tu devais donner un conseil à un jeune combattant qui veut faire du MMA sa vie, ce serait quoi ?
Le premier conseil, c’est de ne pas écouter ceux qui te disent que ce n’est pas pour toi. Entoure-toi de personnes positives, de ta famille, de gens de confiance qui te soutiendront toujours. Concentre-toi sur ton entraînement et avance droit devant.

Photographe : @zamilso

Direction Artistique : @ngd______

Stylisme : @irisgzs

Interview : @sachetttttt

Production : @ilona_zooey, @mariesautreuil

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