Une pluie de récompenses pour Whiplash, Coup de fouet en français, long-métrage sorti en 2014. Le petit prodige américain du cinéma, Damien Chazelle, revient en force en 2016 avec la réalisation ainsi que le scénario de La La Land en main. Celui qui a reçu le prix de la révélation de l’année en 2014 lors de la cérémonie des Detroit Films Critics Society nous donne l’impression qu’il doit confirmer cette distinction. Loin des préjugés, ce travailleur de l’ombre bosse « sa mise en lumière » sur les pas de ses aînés que sont Oliver Stone, Steven Spielberg ou encore Clint Eastwood.
L’avenir du cinéma portera certainement le nom du jeune trentenaire, Damien Chazelle.
Whiplash de Damien Chazelle, un film comme un déclic
L’histoire commence au festival de Sundance en 2013 lorsque Whiplash, alors un court-métrage, remporte le prix du Jury. L’année suivante, il revient avec ce même film mais dans une version de long-métrage. Résulat ? Le prix du Jury et le prix du public. C’est dès ce moment là qu’il commence à se faire un nom à Hollywood.
Avant Whiplash, le jeune réalisateur avait déjà sorti un premier long-métrage. Guy and Madelin on a Park Bench a été produit en 2009, écrit et réalisé par Chazelle qui était alors étudiant le cinéma dans la prestigieuse université d’Harvard. Ce film qui a été peu remarqué, nous permet déjà d’observer les traits marqués du cinéma du franco-américain, né à Providence dans l’Etat de Rhode Island : un cinéma poétique, autobiographique, étroitement lié à la musique mais aussi un cinéma d’étude sur les relations humaines.
Guy and Madelin on a Park Bench, c’est une romance sous un air de jazz à Boston. Ce film est considéré par certains comme étant un musical, à raison puisque que le cinéaste, lui-même musicien de jazz, le décrit comme étant une ode « aux musicals old fashion », style qui l’a fasciné notamment pour son énergie débordante.
Le talent de Damien Chazelle ne limite pas à la réalisation, il est aussi et surtout scénariste. Les exercices de style ne lui font pas peur. Il maîtrise le genre de l’horreur (il a co-écrit Le Dernier Exorcisme Part II en 2013, avec le succès qu’on lui connaît), celui de la science fiction (co-écriture de 10 Cloverfield Lane, sortie en 2016) et maîtrise à la perfection cette écriture qui lui est si propre avec le scénario de Grand Piano.
Mais le déclic s’appelle Whiplash et survient en 2014. 106 minutes qui ont réussies à décrocher pas moins de 3 Oscars, 2 prix au festival de Deauville et Sundance, 1 Golden Globe… et à être ovationnées durant la quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes en 2014, manifeste du talent de Chazelle.
Ce film est l’histoire de la relation entre un élève et son professeur aux allures de tyran. La recette : un enchaînement de scènes parfaites et de déballages techniques du scénariste-réalisateur (on remarquera notamment ses sublimes jeux de lumière). Ajoutez aussi un casting XXL, avec Miles Teller en premier et J.K. Simmons en second rôle. Pendant 1h40 de film, la tension monte crescendo, en même temps que les personnages. Le spectateur en arrive au point où il ne peut que se demander quand ils vont craquer.
Un réalisateur d’avenir
L’ascension n’est en effet pas près de s’arrêter puisque Damien Chazelle va sortir deux grands projets de sa casquette. First Man d’abord, en tant que réalisateur, puis La La Land, dans le rôle qu’il affectionne, celui de scénariste-réalisateur.
Le premier projet est un biopic sur Neil Armstrong où Chazelle sera en charge de réaliser le film, produit par Universal. Il racontera l’une des plus grandes avancées scientifiques, technologiques et symboliques de l’histoire : l’homme marchant sur la Lune. À noter que ce projet devait être, à l’origine, produit par Warner et réalisé par Clint Eastwood.
Le second projet est déjà abouti et se nomme La La Land, qui va sortir en salle en janvier 2017. La campagne de communication du film est en train de se mener, les premiers extraits ont été diffusés sur Internet et nous savons déjà que le film raconte la romance entre un modeste pianiste de jazz dans un bar, interprété par Ryan Gosling, et une serveuse jouée par Emma Stone. Rêvant d’une vie faîte de succès, les deux amants vont-ils réussir à surmonter les obstacles hollywoodiens ? Au programme pour cette nouvelle année : romance, comédie-musicale et poésie.
Finalement, Damien Chazelle incarne la fraicheur de la jeunesse, avec le plus indéniable qu’apporte le talent. À des années-lumière des cinéastes formatés et de la grande industrie hollywoodienne, Chazelle nous propose un cinéma personnel, musical, poétique et avant tout humain. Celui qui a toujours voulu être batteur de jazz et qui n’a jamais réussi à réaliser son rêve, sera sans doute une des figures du cinéma de demain.