Parce que ça tacle la gauche, même si c’est aujourd’hui assez mainstream
Dès le départ, Fillon attaque Hollande sur la divulgation de secrets défenses aux journalistes du Monde Davet et Lhomme. Et bam la gauche, ça c’est fait. Il envoie un nouveau tacle à Hollande quand on lui demande s’il devait avoir à choisir entre Le Pen et Hollande : « je ne voterai pas non plus pour Hollande parce qu’il est disqualifié ». En même temps, ça nous aurait étonné. Même son de cloche chez Juppé qui dit se présenter contre le FN et Hollande. Copé de son côté, toujours remonté contre le vilain Nicolas Sarkozy, le place sur le même plan que Hollande pour mieux le descendre, en disant que « ce n’est plus possible d’avoir [ un Président ] comme ça ».
Copé s’est quand même un peu perdu en route, annonçant qu’il veut des ministres de gauche… Ce n’était qu’un lapsus mais si cet homme ne peut même plus faire confiance à sa propre langue, on ne sait plus trop sur qui il peut compter. Pour bien finir, le pianiste de Meaux (regardez cette vidéo) nous a assuré qu’on ne devait pas avoir peur de la gauche caviar. Merci Jean-François, nous voilà rassurés.
À partir de 1:27, le génie s’exprime
Parce qu’ils veulent une police armée partout et tout le temps, et mettre les délinquants et les peut-être-futurs-terroristes en prison
Là dessus encore un consensus. C’est beau la politique quand tout le monde est d’accord. Tout le monde ? Non, un candidat résiste encore et toujours à la tentation sécuritaire. Perché dans ses propres sourcils, François Fillon refuse d’augmenter franchement le nombre de policiers, mais il propose une police municipale à Paris. Ah, enfin une proposition novatrice et une vraie solution sécuritaire. Bruno Le Maire, ce « jeune » déjà vieux va de son côté retrouver les propositions qui ont contribué à sa popularité lors du débat sur la déchéance de nationalité, à savoir la mise en détention de toute personne suspecte grâce à une justice d’exception. Les droits de l’homme, toutes ces conneries, rien à foutre, Bruno, c’est le renouveau !
Et le mieux dans tout ça, c’est qu’il est rejoint par Nicolas « Papa sécurité » Sarkozy, le même qui voulait passer les banlieues au karcher (oui, oui, sa carrière politique a survécue à cette virulente punchline lâchée il y a 10 ans), ça nous fait donc là une belle équipe de justiciers. Plus détendu, Jean-Frédéric Poisson tente de faire glouglou de la concurrence, préférant s’attaquer aux problèmes de sécurité dans la ruralité. Michel, habitant de Bort-les-Orgues lui doit une fière chandelle. Encore plus modéré, Juppé se borne à déclarer que la présomption de légitime défense n’est pas souhaitable. Bon, heureusement qu’il dit ça quand même sinon bientôt les flics pourraient tuer quelqu’un et auraient juste à dire que c’est de la légitime défense, ce qui est quand même plutôt limite.
Parce qu’ils ont bien galéré sur les questions de politique internationale
Cette fois-ci, Bruno Le Maire sonne la charge. Et bim l’intervention libyenne de Sarkozy et Juppé, c’est un peu de votre faute si aujourd’hui il y a Daesh. Et eux n’ont même pas sourcillé, préférant à raison esquiver la pique. Sarkozy était quand même touché, et plutôt que de répliquer il a choisi de donner un cours magistral de politique international. Mal placé, l’ancien Président, pour ce genre de leçons ? S’il veut se donner la stature de l’ancien connaissant son sujet, son bilan en la matière parle quand même pour lui et on est doucement tentés de pleurer en se remémorant le combo j’invite-Khadafi-à-installer-sa-tente-dans-les-jardins-de-l’-Élysée et je-vais-buter-Khadafi-chez-lui, réalisé en 4 ans, ce qui était à l’époque un nouveau record. Pour défendre l’alliance avec l’Arabie Saoudite, il nous rappelle quand même que Daesh, acculé à Mossoul, prépare une série d’attentants chez les saoudiens, instaurant la nouvelle règle du s’ils se font autant buter que nous on peut être alliés. Au final, on ne sait toujours pas trop ce qu’il faut changer dans nos alliances.
Parce que même à un débat de la droite, il y a la gauche qui vient faire chier
Et à droite, la gauche s’appelle Nathalie Kosciusko-Morizet. D’abord parce que son premier réflexe c’est d’attaquer Sarkozy, affirmant « qu’être Présidente ce n’est pas gesticuler avec l’actualité », enchaînant sur la nécessaire consultation populaire. La Constitution doit être réformée, les institutions sont trop pyramidales, il faut une Chambre des Citoyens : ce soir, Nathalie était bien présente au débat de la droite mais dans sa tête c’était la Fête de l’Huma. Comme quand elle rappelle qu’un million de personnes avaient signé la pétition change.org contre la Loi Travail mais que personne ne les a écouté, Valls préférant utiliser le 49.3. Elle a même carrément balancé qu’elle était humaniste, de droite certes, mais humaniste quand même. On entend pas ça souvent, peut être à cause de l’oxymore, mais laissons lui le bénéfice du doute. Bon, l’affiliation gauchiste s’arrête tout de même là, même si elle glisse une petite dédicace au gouvernement pour avoir mis fin à l’expérience de déradicalisation en prison.
Parce qu’ils sont encore tous dégoûtés contre Sarkozy
Dans cette catégorie, la palme revient nécessairement à Jean-François Copé. Remonté comme un taureau, le maire de Meaux, ville de toutes ses souffrances, a déjà perdu la primaire et est arrivé Salle Wagram avec un seul objectif : casser du Sarkozy. Un peu plus loin, en banlieue parisienne, on appellerait ça de la délinquance aggravée, ici, ce n’est rien de plus qu’une formalité. L’erreur folle de Sarkozy ? Réduire les effectifs de police. L’éventualité d’avoir de nouveau Sarkozy au pouvoir ? Ce n’est plus possible. L’ouverture du gouvernement à la gauche en 2008 ? Bizarre. NKM était dans le même mood assassin : sous Sarkozy, elle a pu mené une « grande politique » mais depuis, l’ancien Président n’a cessé de gesticuler. Elle l’attaque aussi sur son changement de position sur le ni FN ni PS, l’air de dire « bon allé Nico, avoue que tu m’as pomper mon idée ». M. Sarkozy est donc un peu remonté contre l’élue parisienne et ne peut s’empêcher de sourire quand Me. Kosciusko-Morizet s’énerve quant au financement de l’islam en France, cela lui rappelant sans doute le débat de 2007 contre Ségolène Royal : en politique, tout au moins en France, une femme ne peut pas s’énerver sans être déconsidérée. Pays de macho donc, fièrement représenté par le sourire de l’ancien Président ce soir.
La pire insulte pour Sarkozy ? Ni Juppé, ni Fillon, ni Poisson, ni même au final Le Maire n’ont vraiment cherché à l’attaquer ce soir, le reléguant loin du centre des attentions. Loin des yeux loin du coeur.
Parce qu’on a quand même eut droit à de sacrées sorties conservatrices
Fillon, le moderniste. Interrogé sur sa volonté de réinstaurer l’uniforme à l’école, il déclare dans les plus grand des calmes que « l’uniforme, [ il ] trouve ça moderne ». Bah oui François. Et le Minitel, c’est l’avant-garde !
Toujours de la part de l’ancien Premier ministre de M. Sarkozy, on a eu le droit à « l’école des fondamentaux et de l’autorité », ou encore au fait qu’il n’y as pas de « financement public des religions…sauf des Églises ». Ce genre de sucreries oubliées, quelques jours après Halloween.
Bruno Le Maire, comme toujours lorsqu’il s’agit d’être conservateur, n’est pas en reste. D’après lui il faut « permettre aux policiers de faire usage, après sommation, de leur arme ». On imagine facilement la scène : « -Attention je vais tirer ! » et le coup de feu partant dans l’instant. Romantique. Plus classique, il en appelle, comme Poisson et Juppé, au rétablissement de l’autorité des professeurs et des directeurs. Prend ça, le laxisme de gauche.
Pour finir ce petit best of, Copé, encore, toujours, affirme qu’il faut « repenser l’appareil sécuritaire de l’État », et souhaite la réinstauration des drapeaux français à l’école, ainsi que de l’uniforme, du bonnet d’âne et d’une performance quotidienne de La Marseillaise. Il surnomme cela le « rendez-vous républicain », un titre qui pourrait quand même un peu faire penser à une mauvaise émission de seconde partie de soirée sur France 5.
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