Amnesty International épingle la France pour inaction face aux discriminations

Photographie par Cédrine Scheidig

Mardi 28 mars, Amnesty International a dévoilé son Rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde.

Pendant un an, Amnesty International a analysé la situation dans 156 pays. Bilan, PONG internationale fait état de crimes de guerre et crimes contre l’humanité dans près de 20 pays en 2022. Malgré certaines avancées concrètes, le droit de manifester et les droits des femmes continuent d’être attaqués, voire de reculer. Côté France, c’est notamment l’inaction du gouvernement face aux discriminations qui est pointée du doigt.

La discrimination raciale et religieuse persistait, en particulier à l’égard des personnes et associations musulmanes. Cette année encore, la police a eu recours à la force de manière excessive, sans avoir à rendre compte de ses actes.


Extrait du rapport annuel d’Amnesty International, partie consacrée à la France.

Les droits des femmes musulmanes sont menacés

Mercredi 9 février 2022. Le collectif de footballeuses des Hijabeuses prévoie une mobilisation devant l’Assemblée nationale pour protester contre un amendement visant à interdire le port de tout élément vestimentaire religieux dans les compétitions sportives. La préfecture de Paris les en a empêchées. Le motif avancé; les “risques de trouble à l’ordre public“.

Les arguments avancés par le préfet sont scandaleux et ne reposent sur rien d’autre que des préjugés racistes et une confusion politique délibérément entretenue. (.) Il y a quelque chose de franchement ironique et hypocrite à prétendre défendre “lémancipation” de certaines femmes… tout en restreignant leurs libertés, y compris celle de manifester.

Communiqué des Hijabeuses

Finalement, les footballeuses obtiennent gain de cause puisque l’amendement n’est pas adopté. Amnesty regrette néanmoins que “les débats parlementaires auxquels il a donné lieu ont été entachés par des propos discriminatoires“.

Antisémitisme

Une peinture murale utilisant une imagerie, un symbolisme et des tropes ouvertement antisémites a été peinte en juin à Avignon.”

La fresque représente Emmanuel Macron attaché à des ficelles manipulées par l’écrivain Jacques Attali. Après avoir résisté à retirer la peinture au nom de la liberté d’expression, la préfecture en exige le retrait. Le graffeur Lekto est poursuivi par Jacques Attali, soutenu par la LICRA, pour “provocation à la discrimination, à la haine par un propos à caractère antisémite“.
Les stéréotypes antisémites continuent d’infuser en France. En juillet 2022, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) a dévoilé son rapport annuel sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie. On y apprend notamment que 37% des Françaises pensent que “les Juifs ont un rapport particulier à l’argent“.

Les discours racistes des politiques et des médias sont de plus en plus décomplexés

En décembre 2022, l’ONU se disait préoccupée “par le discours politique raciste tenu par des responsables politiques à l’égard de certaines minorités ethniques” La France était appelée à “redoubler d’efforts pour prévenir et combattre efficacement les discours de haine raciale“.

Amnesty pointe notamment du doigt le double discours tenu par les autorités concernant les exilé es d’Ukraine et d’Afghanistan.

Les contrôles ou faciès restent des pratiques ancrées au sein des forces de l’ordre

En France, les hommes perçus comme arabes, maghrébins ou noirs ont deux fois plus de chance de faire l’objet d’un contrôle d’identité.

Amnesty identifie ces pratiques comme les “principales manifestations du racisme systémique” En 2021, un recours collectif est porté devant le Conseil d’Etat, accusant le gouvernement de faire preuve d’inaction face à ces contrôles discriminatoires.