Le candidat de En Marche! était à New York en début de semaine afin d’aller à la rencontre des français de l’étranger. Au programme : Des conférences à Columbia et NYU, des rencontres avec le futur secrétaire général de l’ONU et avec le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, ainsi qu’une levée de fonds. Views s’est rendu au rassemblement de Macron à NYU et on le débriefe pour vous.
En Marche New York avait prévenu, il fallait arriver tôt au Kimmel Center de NYU ce lundi soir : La salle réservée par les équipes de campagne de Macron est dotée de 400 places, pour un rassemblement qui enregistre plus de 1000 réservations. Arrivés vingt-cinq minutes avant le début annoncé de la conférence, nous sommes dans les tout derniers à se voir accorder le droit d’entrée. Derrière nous s’étend une file d’une centaine de personnes, qui seront malheureusement obligées de suivre le discours d’Emmanuel Macron en live stream sur Facebook. Petit couac dans une organisation qui avait vu trop petit, et coup de gueules de la part des déçus. Oui, nous sommes bien dans un rassemblement de français.
L’attente pour pénétrer dans le Rosenthal Pavilion est l’occasion de discuter avec Sébastien, Directeur Artistique d’une trentaine d’année : « J’aime bien Macron, il est différent ! Après, ici à New York, il est en terrain conquis. Il est venu convaincre des gens qui le sont déjà. Maintenant il doit convaincre les masses qu’il est un candidat crédible avec un vrai programme ». Même son de cloche chez Sandra, stagiaire chez un créateur de mode à Brooklyn: « Je le trouve vraiment bon. J’ai juste été un peu dérangée par l’utilisation du 49.3 pour faire passer la loi Macron. En plus d’être ultra libérale, la loi est passé d’une manière pas terrible d’un point de vue démocratique… ». L’assemblée rassemble des expatriés de tout âge et de tout horizons, de l’étudiant aux grands-parents, en passant par des loups de Wall Street plus ou moins jeunes et quelques hipsters. A l’inverse, l’équipe de campagne de Macron se distingue de par sa jeunesse, étant majoritairement composée de jeunes premiers qui découvrent la vie d’une campagne en même temps que leur candidat.
Transformation et innovation
Il est 18h50 quand Emmanuel Macron arrive au pupitre, sous de longs applaudissements. L’ancien ministre de l’économie remercie son auditoire new-yorkais. L’heure est venue d’attaquer un exposé (et des questions) divisé en trois volets: L’économie, le social et l’international. Sur le plan éco, Macron reconnaît que le capitalisme tel qu’il est actuellement pratiqué fracture le pays: « Le socle social de nos sociétés est fragilisé », abordant son désir de pacifier « les différentes France qui ne se parlent plus ». Fervent défenseur de l’innovation, notamment numérique, il reconnaît volontiers qu’une large partie de la population se sent larguée par un monde qui évolue trop vite. Emmanuel Macron insiste toutefois sur la nécessité de croire en l’innovation et à la prise de risque. Il veut « revisiter des équilibres vieux de 60 ans » dans le but « d’attirer et aussi de garder les talents ».
« Le socle social de nos sociétés est fragilisé »
L’un des piliers de la pensée politique de Macron est la réhabilitation du citoyen comme acteur du changement : « Je crois sincèrement que je peux tout changer. Mais je ne peux pas le faire tout seul » déclare-t-il avant d’ajouter « Être président de la République c’est remettre les gens en capacité de changer les choses ». Il critique les deux tabous de la psychologie sociale française, tapant à la fois sur les mentalités de droite et de gauche : « La France est schizophrène. On déteste échouer, mais c’est mal vu de trop réussir ». Sur la même longueur d’onde que son public du soir, il rajoute « Si on empêche les gens de réussir trop bien, ils font comme vous : ils vont réussir ailleurs ». Macron captive la salle, qui l’écoute religieusement. On le sent, le leader d’En Marche maîtrise les sujets économiques sur le bout des doigts. Il livre malgré tout un diagnostic de l’état de la France plus qu’un programme concret.
Une volonté d’Europe forte
Sur le plan international, Macron souhaite une Europe pilotée par le couple franco-allemand, ce qui est loin d’être le cas actuellement: « Nous avons une énorme responsabilité car il n’y a que nous pour redonner confiance en l’Europe aux allemands ». Là encore, Macron convainc et exprime une vision séduisante pour son électorat expatrié. Souhaitant instaurer une véritable gouvernance européenne capable de fédérer tout les pays membres autour d’un projet clair et défini, il prévient qu’il ne fera aucun cadeau aux britanniques lors de la mise en application du Brexit. Il insiste également sur le besoin de réinvestir dans la politique des frontières, afin de gérer au mieux la crise des migrants et de garantir la sécurité des pays de l’Union.
Interrogé par nos soins sur ses relations potentielles avec Donald Trump, Macron semble vouloir adopter la stratégie du wait and see. Il ne manque toutefois pas d’égratigner le populiste américain en l’accusant « d’aller à l’encontre de l’histoire ». Soucieux des problématiques climatiques, Macron explique que Trump emmènerait les Etats-Unis dans un chemin sans issue s’il se retirait des accords de la COP 21. Sur la question syrienne, il explique que la priorité absolue est de détruire l’Etat Islamique. Très convaincant sur l’Europe, se mouillant un peu moins sur les problématiques internationales, Macron devra plus se livrer dans les semaines à venir.
La réussite par l’éducation
Emmanuel Macron l’annonce : Les citoyens doivent provoquer leurs réussites. Mais pour cela, la France doit leur en donner les moyens. Souhaitant investir beaucoup plus dans l’éducation, et ce dès la petite enfance, l’ancien ministre est pour le renforcement des responsabilités du pouvoir local sur la question de la scolarité : « J’estime que les acteurs de terrain sont plus qualifiés que le Président de la République pour comprendre les enjeux de leurs établissements, à condition qu’ils aient des directives claires ». Particulièrement populaire chez 18-35 ans, le candidat Macron n’échappe pas à la question du taux de chômage affolant chez les jeunes. Il annonce que ce problème fait partie de ses priorités absolues. Les nombreux étudiants présents apprécient.
Sur la question du terrorisme et de la sécurité, il se fait bref, se prononçant en faveur du maintien de l’Etat d’Urgence tant que la menace djihadiste sera présente et d’un investissement européen massif sur la sécurité aux frontières. En aucun cas favorable à une modification de la constitution ou de l’Etat de Droit, il affirme vouloir lutter contre le communautarisme en intégrant au mieux toutes les populations à la société française. Macron s’arrêtera là. Chaleureusement applaudi par les français de New York, il vient serrer des mains et prendre quelques photos. Un imprévu pour son service de l’ordre, qui lui laisse les coudées franches : « On le laisse faire ok ? Il aime bien ça » peut-on entendre en tendant l’oreille. Tandis que le candidat se prête au jeu des mondanités, ses sympathisants s’emmitouflent pour braver le froid, sourire aux lèvres. Et c’est Isabelle, gérante d’une agence de RP, qui résume le mieux l’état d’esprit général à la sortie de NYU : « Le chemin est encore très très long pour Macron, c’est sur. Mais bon vu les derniers mois, on est plus à une surprise près non ? ».
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