A l’occasion de sa première conférence de presse en tant que président élu, Donald Trump a attaqué les médias américains avec violence. Thème phare de la campagne du républicain, le rejet du système médiatique semble encore avoir de beaux jours devant lui.
Au lendemain des révélations – pour le moment invérifiées – de Buzzfeed sur ses liens avec la Russie (entre jeu d’influence et golden shower sur des prostituées), Donald Trump a décidé de faire face aux questions des journalistes américains. Après une série de tweets délirants dont la conclusion fut de comparer les Etats Unis à l’Allemagne nazie, le futur président américain a offert un véritable show au peuple américain. On passera outre la traditionnelle mégalomanie du milliardaire avec des punchlines comme « Je vais devenir le plus grand producteur d’emplois jamais créé par Dieu » ou encore « Nous avons suscité un mouvement comme le monde n’en a jamais vu auparavant ». Ce qui ressort véritablement de cette conférence de presse est la violence des attaques de Trump à l’encontre des médias américains.
“En ce qui concerne Buzzfeed, qui est un tas d’ordures sur le déclin, ils vont en subir les conséquences, ils les subissent déjà”
CNN et Buzzfeed en première ligne
« Fake News » fut l’un des termes les plus entendus lors de la campagne présidentielle américaine. Figé dans une posture populiste basique, Donald Trump a sans cesse accusé les grands médias américains d’être en guerre contre lui, ces derniers abreuvant le peuple d’infamies à son égard. A l’image de l’analyste star de la CNN Anderson Cooper le soir de l’élection, de nombreux journalistes ont reconnu qu’ils avaient sous-estimé le pouvoir d’attraction exercé par Donald Trump sur de nombreuses franges de la population américaine.
Le président élu n’a eu cesse de répéter qu’il a été victime d’une campagne de désinformation menée par les plus grands médias américains, CNN et Buzzfeed en tête. Après avoir traité le site new-yorkais de « tas d’ordure sur le déclin » dès les premières minutes de la conférence de presse, Trump a refusé de répondre à un journaliste de CNN qui levait la main, rétorquant qu’ils étaient des pourvoyeurs de « Fake News » et un média « calamiteux ».
Même si l’on commence à connaître le personnage Trump, cette continuité dans les agressions à l’encontre des médias pose question. Considéré comme « Quatrième pouvoir » aux Etats-Unis, les médias jouent bien évidemment un rôle prépondérant dans la vie politique du pays. Inventeur de l’infotainment et de l’actualité en continue, le journalisme américain n’hésite pas à courir après le sensationnel coûte que coûte.
La publication par Buzzfeed du rapport rédigée par un ancien agent du contre-renseignement britannique en est l’exemple frappant. Mis en ligne malgré le manque total de vérification des informations, ce rapport a fait monter au créneau de nombreux journalistes affligés par le manque de déontologie du site. Malgré tout, une chose doit rester claire : que Donal Trump soit d’accord ou non avec les méthodes employées par Buzzfeed, son attitude envers les médias est intolérable depuis de trop longs mois.
La guerre est déclarée
Lors d’un meeting en Caroline du Sud en novembre 2015, Trump avait fait scandale en imitant Serge Kovalevski, un journaliste du New York Times souffrant d’arthrogrypose. Depuis, sa rancœur contre les médias n’a cessé de croître. A quelques jours de son investiture, le 45ème président des Etats-Unis est en train de s’enliser dans un conflit qu’il ne gagnera pas. Le très conservateur Fox News, soutien républicain avéré, a également condamné les dernières saillies de Trump. Une première. On le sait, et aux Etats-Unis plus que nul part ailleurs, les médias ont le pouvoir de faire tomber n’importe qui.
Avec ses attaques à répétition à l’encontre du journalisme, Donald Trump s’expose à un retour de bâton qui arrivera sûrement plus tôt que l’on ne le pense. Les premières semaines de sa présidence nous permettront d’y voir plus clair concernant ses intentions réelles pour le pays, ainsi que sur la relation qu’il souhaite entretenir avec les grands médias nationaux. Le cinglant édito du New York Times du 11 janvier résume parfaitement l’état d’esprit général à l’approche de l’investiture du Républicain « Si quelqu’un avait l’espoir que les responsabilités et la dignité de la présidence tempèrent ou rendent humble Donald Trump, la première conférence de presse du président élu a dû être un choc. Grandiloquent, vaniteux et fuyant, M. Trump a joué le même personnage qu’il propose au public depuis tant d’années ».