La La Land, un chef d’œuvre poétique et mélancolique

La comédie musicale de Damien Chazelle sort en France cette semaine, l’occasion pour Views de vous livrer sa critique.

Nominé 14 fois aux Oscars, vainqueur de 7 Golden Globes et acclamé dans le monde entier, La La Land est-il digne de tout ce battage médiatique ? N’y allons pas par quatre chemins, la réponse est cent fois oui. Le prodige Damien Chazelle, dont nous vous dressions récemment le portrait, offre aux spectateurs un conte musical d’une beauté rare.

Véritable coup de poing artistique, La La Land est une œuvre parfaitement maîtrisée. Un sans faute de l’extinction des lumières jusqu’au moment où le public se lève en souriant à pleine dent et sort dans la rue avec une furieuse envie de danser et de chanter. Les aventures musicales de Sebastian et de Mia dans un Los Angeles féérique et intemporel sont d’ores et déjà l’un des grands temps forts cinématographiques de 2017.

L’amour de l’art

Assez classique en apparence, la narration de La La Land ne se résume évidemment pas qu’à la romance entre Mia (Emma Stone), serveuse au studio Universal rêvant d’une carrière d’actrice, et Sebastian (Ryan Gosling), pianiste de jazz ô combien talentueux et nostalgique. Le long-métrage de Damien Chazelle est avant tout une réflexion sur l’art et le rêve.

L’art d’abord, en nous interrogeant sur l’identité artistique, le succès et la postérité. Le rêve ensuite, au travers d’une magnifique histoire d’amour qui nous transporte dans une cité des anges fantasmée, à la fois ancrée dans notre époque technologique mais profondément marquée par l’âge d’or hollywoodien du siècle dernier.

La présence des iPhone tout au long du film paraît tellement anachronique tant l’atmosphère générale est délicieusement rétro. Du Rialto Theatre au Griffith Observatory en passant par une jetée de bord de mer, Mia et Sebastian nous font vivre leur romance dans une myriade de lieux plus magiques les uns que les autres.

“Oh, regarde nos futures Oscars !”

Deux acteurs au sommet

Justement, que dire de la prestation d’Emma Stone et de Ryan Gosling, si ce n’est qu’elle est éblouissante ? L’alchimie du duo est palpable, conférant une force émotionnelle de premier ordre à la relation entre Sebastian et Mia. Leur première rencontre à base de doigts d’honneur, leurs chamailleries en plein flirt et leur amour éclatant sont autant de scènes qui séduisent grâce à leur candeur et leur poésie.

Ryan Gosling et Emma Stone n’ont pas volé leurs Golden Globes de meilleur acteur et de meilleure actrice tant ils impressionnent lors des scènes de danse et de chant. Drôles ou romantiques, les duo entre les deux acteurs sont indéniablement des temps forts du film. A noter également que c’est réellement Ryan Gosling qui joue du piano sur de nombreux morceaux. De son côté, Emma Stone mérite une mention spéciale pour sa voix enjouée et délicate, ainsi que pour ses talents de danseuse.

Une odyssée musicale et visuelle

Peu importe le talent des acteurs et de la réalisation, une grande comédie musicale ne serait rien sans une bande originale mémorable. Et nous n’avons pas été déçu. En choisissant Justin Hurwitz, son ancien colocataire à Harvard et qui était déjà l’auteur de BO assourdissante de Whiplash, Damien Chazelle a visé juste. S’affirmant de plus en plus comme un véritable virtuose, Hurwitz signe ici une B.O parfaite.

Que ce soit l’ébouriffant Another Day of Sun, le nostalgique City of Stars ou encore le jazzy Lovely Night, les morceaux chantés de La La Land sont d’une qualité incroyable. Et que dire du sublime thème d’amour Mia & Sebastian ? Si le film vous plaît, il y a fort à parier que sa bande-originale résonnera dans vos écouteurs pendant de longues semaines.

Enivrantes et pleines de grâce, les compositions musicales ne pouvaient pas mieux coller à la photographie du long métrage. Claque visuelle tournée en CinemaScope, La La Land en met plein les yeux. Entre le foisonnement de couleurs digne d’un feu d’artifice et des jeux de lumière permanents, la rétine du spectateur est gâtée. Le Los Angeles de Chazelle oscille entre une douce lumière estivale, inflexible au rythme des saisons, un crépuscule violet et une nuit bleutée. Comme dans un rêve, c’est tout simplement superbe.

La photographie est sublime

L’art de rêver

Vous l’aurez compris, La La Land est un coup de maître. Bien plus fort qu’un simple feel good movie, ce film est un hommage à la machine à rêves qu’est le cinéma. Bourré de références aux comédies musicales qui ont fait la légende du 7ème art, La La Land rend ses lettres de noblesse au divertissement grand public.

En proposant un show à la fois démesuré et intimiste, onirique et cruel, optimiste et réaliste, joyeux et amère, Damien Chazelle confirme qu’il n’est plus un espoir du cinéma mondial. Il est désormais un grand. Véritable invitation à vivre son existence comme dans un rêve, La La Land propulse le spectateurs tout en haut, vers les étoiles.