Le président des Etats-Unis interdit actuellement aux ressortissants de sept pays du Moyen-Orient d’entrer sur le territoire américain. Le point commun de ces états ? L’Islam y est la religion dominante. Retour sur l’ordre exécutif qui déchire l’Amérique.
« You’re fired ». Voilà ce qu’a du entendre la ministre de la Justice, Sally Yates, démis de ses fonctions par Donald Trump ce lundi soir. Accusée par le président de « trahison », Yates avait rédigé un mémo à l’intention des procureurs du pays en leur conseillant de ne pas soutenir l’ordre exécutif signé la semaine dernière par Donald Trump. Une démonstration de force de la part du 45ème président des Etats-Unis qui ressemble surtout à une mise en garde : Marchez-dans mon sens ou dégagez.
Alors que les contestations entamées par des milliers de personnes à JFK se sont propagées à l’ensemble du pays en quelques jours, Donald Trump demeure inflexible. Prétextant défendre les Etats-Unis de la menace terroriste que représenteraient les ressortissants des pays visés par le Muslim Ban, le milliardaire ne fait que diviser un pays qui l’était déjà bien assez.
L’Iran, la Syrie, le Yémen, la Lybie, le Soudan, la Somalie et l’Irak sont les pays visés par le Muslim Ban. Les citoyens originaires de ces états sont pour le moment interdits d’entrée sur le territoire américain, pour une durée de 90 jours. Pour la question syrienne, les mesures sont encore plus strictes. Les réfugiés syriens n’ont plus le droit d’entrer aux Etats-Unis jusqu’à nouvel ordre.
On notera toutefois que des pays de la région, eux aussi majoritairement musulmans, n’ont pas été visés par cet ordre exécutif : La Turquie, l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis ainsi que l’Egypte. En y regardant d’un peu plus près, de nombreux journalistes américains ont découvert que la Trump Organization a, ou a eu, des accords commerciaux d’envergure avec ces pays. Niant toute velléité commerciale, le président américain brandit haut et fort l’argument sécuritaire. Une aberration totale.
L’édition américaine du Huffington Post avance les chiffres : Depuis 1975, aucun attentat n’a été commis par un citoyen des sept pays visés par le Muslim Ban. Comment alors justifier une mesure aussi radicale ? Promesse de campagne du républicain, l’interdiction d’entrée sur le pays aux musulmans commence à se concrétiser. Profondément islamophobe, cette mesure inquiète également les spécialistes du terrorisme djihadiste.
Niant totalement le fait que la menace n’est plus d’ordre extérieure comme lors du 11 septembre 2001, mais qu’elle vient désormais de l’intérieur, Donald Trump fait fausse route. Certains vont même à dire qu’il donne du grain à moudre aux recruteurs de l’Etat Islamique, pour qui ce Muslim Ban pourrait devenir un fabuleux argument de recrutement.
À la fois dangereux et xénophobe, cet ordre exécutif est durement critiqué par des millions de citoyens américains. En criant à tors et à travers qu’il cherche à protéger les valeurs de l’Amérique, Donald Trump oublie l’identité première du pays qu’il est censé diriger : Les Etats-Unis se sont construits par l’immigration.
Par Julien Perocheau