Si une place à bord d’un van rempli de jeunes fêtards prêts à tout mettre en oeuvre pour vendre des magazines sur les routes d’Amérique vous intrigue, ce long-métrage est fait pour vous.
Dans son film sorti le 8 février 2016, la réalisatrice britannique Andrea Arnold nous offre une production américaine. American Honey, road-movie flamboyant tourné au format 4:3 dans le Sud des États-Unis, nous présente l’échappée de Star (jouée par Sascha Lane), une adolescente issue d’une famille que l’on peut qualifier de « white trash » avec un père pédophile et une mère alcoolique. Tous les deux semblent avoir oublié leur rôle de parents, ce qui contraint Star à s’occuper de ses cadets. Un jour, un garçon nommé Jake, incarné par Shia LaBeouf, l’aborde dans un supermarché où elle venai faire les poubelles et lui propose de rejoindre la bande de jeunes marginaux avec laquelle il sillonne les routes pour vendre des abonnements de magazines. Elle voit là l’occasion de s’arracher à l’enfer familial.
Pendant près de deux heures et quarante cinq minutes nous accompagnons donc ce groupe de marginaux : des histoires d’amour flambées, des rivalités, des nuits de défonce et d’autodestruction, autant dire autant de vieux codes d’une adolescence rebelle sur les chemins d’une liberté illusoire. Avec une troupe toute en bizarrerie dirigée par Shia LaBoeuf dans un rôle prodigieux, la cinéaste souhaitait mettre en scène une jeunesse hébétée, flottante, loin des rêves anticonformiste et de la colère punk ; “une jeunesse sans promesse”, disait-elle.
Caméra à l’épaule, le choix de la réalisation nous fait prendre part au road trip en nous plongeant dans le récit d’une génération précaire attirée par la vente de magazines, une histoire inspirée par un article du New York Times, qui racontait l’émergence d’une nouvelle jeunesse précaire attirée par le commerce des magazine Crews. Le choix de musiques hip-hip et R’nB avec Big Sean, IloveMakonnen, OG Maco, Juicy J, Rihanna, Madeintyo jouées sur les lourdes basses du van nous donne l’impression de rouler à vive allure pendant l’ensemble du film, aux côtés de cette troupe de fêtards se confrontant à des cow-boys vaguement racistes, des mères de familles réacs et des petits employés tristes qui constitueraient la majorité silencieuse américaine, le cœur mou d’un pays qui a voté Trump et dont la réalisatrice avait anticipé l’état de désarroi.
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