Jeudi soir dernier a pris une tournure complètement inattendue lorsque les deux stars d’Atlanta que sont Future et Young Thug ont annoncé, par surprise, la sortie d’une mixtape intitulée SUPER SLIMEY.
Alors que de nombreux projets communs sont annoncés et teasés régulièrement, allant de Kendrick/J.Cole depuis 2013 à plus récemment Travis Scott/Quavo et A$AP Rocky/Tyler, The Creator, Young Thug et Future n’avaient quant à eux que faire des teasings interminables : une annonce dans l’après-midi et le projet était disponible dès minuit aux États-Unis. L’absence de promotion permet deux choses quand de telles stars sortent une mixtape. Tout d’abord, de créer un buzz instantané puisque toute la planète n’avait que SUPER SLIMMEY à la bouche au moment de son annonce. Ensuite, cela évite de grandes déceptions. Le projet n’étant pas attendu, difficile de le juger avec une sévérité égale à un album annoncé depuis des mois voire des années.
À ce petit jeu, les deux rappeurs s’en tirent très bien puisque le projet ne souffre d’aucun défaut majeur. Sur un projet bien produit, bien que les instrumentales puissent parfois manquer de diversité ou de relief, Future et Young Thug se livrent à une bataille de flows, de gimmicks, d’adlibs… Tout y passe et le rendu est particulièrement plaisant sur certains morceaux à l’image de “Patek Water,” “All da Smoke,” “Feed Me Dope,” ou encore “4 da Gang.” On se retrouve parfois très surpris dans la forme, à l’image de “Group Home” où Future rappe avec la voix d’un homme sur son lit de mort en pleine agonie. Une performance à la fois inattendue et remarquable.
L’un des élements les plus frappant du projet est sa direction artistique, qui semble totalement calibrée pour les qualités de Future, avec des productions qui sont régulièrement en écho à ce que l’on avait pu retrouver sur FUTURE ou DS2. En dehors du morceau “Killed Before” (produit par London On Da Track et où Future n’est pas présent) qui ressemble à un morceau qui aurait pu avoir sa place sur Beautiful Thugger Girls, il y a très peu de passages chantés sur la mixtape, l’exercice où Young Thug se montre le plus distinctement supérieur à Future. Entre des flows agressifs et dynamiques, des productions puissantes et des basses assourdissantes, SUPER SLIMEY s’assure d’ores et déjà une présence dans tous les clubs de striptease du sud des États-Unis. Dans ce contexte clairement trap, l’aisance et la “domination” de Future est évidente tout au long du projet bien que cela n’empêche pas Young Thug de s’en sortir avec brio sur quelques morceaux tant ses flows et sa technique sont des atouts indéniables.
Coté lyrics, l’egotrip et les thèmes habituels de la trap sont de mise, entre argent (“This money turning me on, ayyy/This money turning me on“), drogues (“I put X in my codeine, but I’m putting nothing in my weed“, matérialisme “I got 20 closets, I could dress according to the wave“) et bien sûr de nombreuses références à la gente féminine de manière plus ou moins classe (ce qui est évidemment cocasse lorsque l’on repense à la semaine passée, quand Young Thug faisait des vidéos en pleurant pour récupérer son ex-petite amie.)
Enfin, on se doit aussi de retenir du projet qu’à aucun moment il n’y a de recherche forcée de single qui aurait pu dénaturer sa cohérence en y rajoutant des morceaux inadaptés. Là où beaucoup de fans auraient pu s’attendre à un titre du calibre de “Relationship,” il n’y ici aucun morceau destiné à réaliser une percée sur le Billboard Hot 100. C’est évidemment négatif pour l’exposition de la mixtape (une constante pour les projets de Young Thug), mais au final cela n’enlève en rien de sa qualité, bien que la présence d’un tube soit toujours agréable sur l’ensemble d’un album ou d’une mixtape.
Parfaitement amené, il faudra voir quel sera l’impact commercial de cette mixtape, mais dans tout les cas, il faut prendre SUPER SLIMEY pour ce qu’il est : un cadeau de Future et Young Thug à leurs fans, en attendant de nouveaux projets en solo, qui ne devraient pas trop tarder lorsque l’on sait la productivité des deux hommes.