Alors que la Fashion Week Homme a déjà cédé sa place aux défilés haute-couture, nous vous proposons de revenir sur les marques ayant attiré notre attention cette année à Paris. Entre un calendrier officiel bien garni et des défilés off de marques émergentes, voire confirmées, cette semaine de la mode s’est montrée très riche. Les grands attendus (Hedi Slimane, Virgil Abloh ou encore Matthew Williams) n’ont pas déçu, tandis que d’autres marques ont réussi à se démarquer, malgré l’engouement autour des principales maisons.
Louis Vuitton et Virgil Abloh rendent hommage au Roi de la Pop
Avec un gant strassé en guise d’invitation, Virgil Abloh, le gourou du streetwear, avait décidé de rendre hommage à Michael Jackson.“Un symbole d’unité et d’inclusion” pour son deuxième show à la tête de Louis Vuitton. Le public est installé dans une tente sombre dans le jardin des Tuileries, où la marque avait recréé une intersection de rues de Manhattan plongée dans la nuit, transportant ainsi l’audience dans l’univers de “Billie Jean.” On peut par ailleurs lire l’inscription “Copier c’est voler” sur un mur – un message sans aucun doute destiné à ceux qui accusent Abloh de copier les idées d’autres designers.
Sur le podium, nous découvrons, au rythme d’une performance musicale composée et interprétée en live par Dev Hynes, alias Blood Orange, un streetwear élégant, des costumes classiques, revisités en mode oversized. Le drapeau de l’état de l’Indiana figurant sur l’une des pièces plissées fait subtilement référence au origines de MJ, tout en apportant une touche de couleur à cette collection, dominée par des teintes majoritairement grises.
Avec du cachemire, de la laine ou encore du cuir d’agneau, les pièces se superposent dans des matières nobles et enveloppantes. Les doudounes matelassées monogrammées et les détails de construction apportent un vrai relief à cette collection, dans laquelle nous retrouvons les influences urbaines du designer, entre les différents graffitis et autres imprimés.
L’essence de la célèbre griffe est néanmoins bien présente à travers le style Abloh. Conformément à l’ADN de la maison, les sacs sont omniprésents. Ils sont géants, en cuir noir comme en fluo. On notera également des choix de chaussures surprenants, venant d’un amoureux de la sneaker culture. Le designer était attendu au tournant pour sa deuxième collection à la tête de Louis Vuitton et il n’a pas déçu.
Celine reprend les basiques de l’homme
C’est dans un espace installé sur la place de la Concorde, offrant une vue imprenable sur la tour Eiffel, l’obélisque de Louxor et l’Arc de Triomphe, qu’Hedi Slimane a dévoilé la première collection Homme de Celine depuis la création de la marque. Après une première collection mitigée, inspirée par la jeunesse parisienne, le créateur était doublement attendu sur cette Fashion Week. Ces nouvelles pièces rendent cette-fois ci hommage à la vague new wave qui s’était emparée de Londres aux cours des années 70.
Tandis que l’espace s’illuminait, les silhouettes filiformes se mettent à défiler. Les modèles arborent, par-dessus leurs costumes, des trenchs et des blousons en cuir, des manteaux en cachemire ou en laine, des perfectos ou encore des bombers ; le tout dans des couleurs sombres. Un vestiaire qui résonne comme un répertoire des essentiels de l’homme selon Celine. Alors que l’influence de la street culture était cette année encore bien présente, Hedi Slimane, fidèle à lui-même, a préféré mettre le tailoring traditionnel à l’honneur.
OAMC sublime le grunge
Si le grunge est devenu un thème majeur cette saison, on peut dire que Luke Meier, directeur artistique d’OAMC, se l’est bien approprié. “Peut-être même inconsciemment, je voulais le rendre plus récent, plus propre” confiait-il en coulisse. Luke Meier s’est inspiré de Seattle et New-York, où il vivait au début des années 90, pour créer cette collection très personnelle, dans laquelle la musique et l’esthétique de cette époque ont joué un rôle clé.
Une fois de plus, l’oversized est à l’honneur. Disproportionné tout en restant élégant, OAMC présente une collection à la fois expressive et sobre, dans des tons épurés. Les tenues sont déconstruites, les chemises, les pulls et les manteaux se superposent dans des couleurs assorties. Le designer introduit également le latex dans une œuvre dominée par des motifs tartan en laine.
On remarque sur chaque pièce des finitions pleines de maîtrise, tandis que les accessoires (gants, casquettes, sacs et bijoux) se veulent simples et discrets, tout en sublimant les looks. Enfin, OAMC nous présente des sneakers pâles, vertes et roses, développées en collaboration avec adidas Originals. Une collection grunge et élégante, réussie sous tous les angles pour Luke Meier.
1017 Alyx 9SM, une meilleure version d’elle même
C’est au septième étage de l’ancien siège du journal Libération que Matthew Williams présentait son travail pour 1017 Alyx 9SM. La collection était sombre – la moitié des silhouettes étaient entièrement noires – avant de laisser apparaitre des pièces rouges ou kakis, attirant l’œil sur les détails conçus par le designer. Dans un univers majoritairement technique, les looks plus élégants et classiques revisités façon Williams ne passent pas inaperçus. Une combinaison de style et de matières qui fonctionne très bien. “Je ne conçois pas vraiment de thèmes, c’est donc une évolution de l’esthétique d’Alyx et des différents tissus et matériaux que nous avons utilisés dans le passé”, a expliqué Matthew Williams en marge de ce défilé.
Coté accessoires, les modèles défilent équipés de casquettes de baseball ou de bandeaux en chaine avec à leur main, une gamme de sacs connotée Alyx : sacs fourre-tout en cuir, mini-sacoches, pochettes bandoulière et sacs polochons volumineux. La durabilité reste une préoccupation majeure pour la marque, qui introduit ici des vêtements faits à partir de textiles et bouteilles en plastique recyclées.
Arthur Avellano démocratise le Latex
Lancé en 2016, Arthur Avellano a décidé de centrer son travail sur le latex. Un travail innovant qu’il présentait cette année au restaurent Laurent, au pied des Champs-Elysées. Arthur Avellano a ainsi développé un brevet afin d’obtenir un latex plus résistant, d’origine naturelle, qu’il démocratise dans pièces marquantes et colorées. Le designer réinvente des classiques qu’il taille avec talent, pour donner naissance à des silhouettes à mi-chemin entre sport et couture, aux volumes amples et fluides.
Dans sa dernière collection, le designer nous dévoile donc un panel de vêtements en latex (manteaux, blousons, survêtements, sweats…), combiné à des ensembles en maille et à motifs tartan. Sneakers Rombaut aux pieds, les modèles défilent dans des looks haut en couleurs, allant de l’orange vif au kaki, en passant par le rose pâle. Passé par l’atelier Chardon Savard, Arthur Avellano continue son ascension avec un travail très abouti. Un vestiaire presque unisexe, laissant entrevoir de la place pour des pièces plus féminine dans le futur.