Le génocide des Ouïghours ne peut plus être passé sous silence

Des millions de musulmans Ouïghours sont enfermés et torturés dans des camps de concentration en Chine.

Si ce lundi 1er octobre coïncide avec la fête nationale chinoise, c’est aussi et surtout le moment qui a été choisi par l’euro-député Raphaël Glucksmann pour organiser une semaine de sensibilisation sur la situation catastrophique des Ouïghours. Et pour cela, l’homme politique a notamment invité les gens à reposter une carré bleu sur les réseaux sociaux, accompagné de la caption suivante : “Des millions de musulmans Ouïghours sont enfermés et torturés dans des camps de concentration en Chine. Non pour ce qu’ils font, mais pour ce qu’ils sont. C’est le plus grand internement de masse du XXIe siècle. Il faut y mettre fin. #FreeUyghurs.” Un moyen de diffuser auprès du plus grand nombre l’importance d’une cause qui demeure bien trop sous-médiatisée.

Et si cette initiative a reçu autant d’écho aussi vite, c’est que la situation est l’une des plus graves au monde en matière de non-respect des droits de l’Homme en 2020. Les Ouïghours sont un peuple turcophone, de majorité musulmane, qui représente depuis près d’un millénaire le principal groupe ethnique du Xinjiang, une région de l’ouest de la Chine. Depuis plusieurs années maintenant, le gouvernement chinois a interné au total près d’un million de musulmans de cette région, dans ce qui s’apparente à des camps de travaux forcés. Les accusations font aussi état de castrations chimiques pour empêcher les Ouïghours de se reproduire. Une situation jugée critique par de nombreuses ONG, sans pour autant que la moindre mesure ne soit prise à l’encontre du gouvernement chinois jusqu’ici par la communauté internationale.

D’après la docteure en sociologie et présidente de l’Institut Ouïghour d’Europe, Dilnur Reyhan, il s’agit purement et simplement d’un génocide. “Le gouvernement chinois veut en finir avec cette population culturellement, linguistiquement, historiquement, très différente de la majorité de la Chine, c’est-à-dire les Chinois Han” a-t-elle récemment expliqué à 20 Minutes. De plus, cette initiative barbare du gouvernement chinois s’inscrit dans la continuité d’une politique locale complètement islamophobe. En effet, un rapport publié la semaine dernière par une association australienne a tout bonnement accusé la Chine d’avoir détruit ou endommagé environ 16 000 mosquées ces dernières années.

Si d’apparence la Chine revendique la lutte antiterroriste pour justifier cette politique, de nombreux experts en géopolitique soulèvent notamment l’importance commerciale de la région de Xinjiang où vivent les Ouïghours. Il s’agit en effet de “la nouvelle route de la soie“, un point majeur de la nouvelle stratégie d’échanges commerciaux de la Chine. Au-delà de l’Islamophobie dont est régulièrement accusée le gouvernement chinois, ce dernier aurait donc également un grand intérêt économique à déporter les Ouïghours de leurs terres historiques.

Même si cela ne pèse visiblement pas encore assez dans la balance, une pétition adressée à Emmanuel Macron intitulée “M. le Président, agissez pour protéger les Ouïghours” cumule aujourd’hui 144 000 signatures. Entre cette initiative et les mouvements de sensibilisations sur les réseaux sociaux ces dernières heures, les français sont en train de monter à quel point cette cause est importante à leurs yeux. Il faut désormais que nos leaders politiques montre à leur tour la même envie de voir la situation changer. La Chine étant un partenaire économique important pour la France, ne pas réagir serait plus que jamais un acte de complicité pour le gouvernement français. Et il en va de même pour nos voisins européens.

Pour signer la pétition “M. le Président, agissez pour protéger les Ouïghours“, rendez-vous ici.