Entretien avec David Surace, Senior Designer Manager d’adidas : “La Predator a su s’adapter aux évolutions du football”

Les crampons mythiques se réinventent une fois de plus.

adidas football crampon predator

Depuis son apparition en 1994, la adidas Predator n’a cessé de se transformer au point d’être considérée, aux côtés de la mythique Copa, comme l’une des paires de crampons les plus emblématiques au monde. L’année dernière, la marque aux trois bandes avait dévoilé une Predator Mutator composée d’une toute nouvelle technologie, le Demonskin. Une innovation qui se distingue par la présence des petites écailles sur la tige, à des points de contact stratégiques avec la balle, afin d’en assurer un meilleur contrôle.

La Predator Freak, déclinaison 2021 de la Predator, bénéficie d’une couverture à 360° de la technologie Demonskin, réalisée à l’aide d’un algorithme informatique. Suite aux retours de l’élite des joueurs, l’équipe de création produits d’adidas a étendu la surface du revêtement d’écailles, les positionnant de manière à conférer un contrôle accru du ballon et de ses effets.

À l’occasion de la sortie de la Predator 21, le designer de la paire David Surace nous a accordé un entretien dans lequel il nous livre plus de détails sur ce nouveau modèle.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le processus de création, plus précisément sur la manière dont la technologie Demonskin a été améliorée ?

Le processus de création est un projet continu. Depuis l’apparition de la Predator en 1994 et jusqu’à aujourd’hui, l’objectif a toujours été d’améliorer le contrôle de la balle. Il y a beaucoup de progrès sur le plan technologique, mais également en matière de recherche et d’investissements pour les matériaux innovants. Nous avons lancé la Predator Mutator l’an dernier avec une toute nouvelle technologie. Cette année, avec la Predator 21, nous avons examiné attentivement la distribution et la densité des écailles sur la tige. Nous avons essayé d’optimiser cela à l’aide d’un algorithme qui nous a permis de redistribuer les écailles de caoutchouc sur une plus grande surface.

Avez-vous travaillé avec des joueurs professionnels durant la phase de conception ?

Nous avons travaillé avec les joueurs professionnels que nous avons, des ambassadeurs d’adidas. Ils sont un élément clé pour une validation au plus haut niveau. En même temps, nous avons également fait appel à un très large éventail de joueurs de deuxième division, et même à des clubs locaux en Allemagne, afin que le produit puisse être adapté à tous. On s’appuie sur l’aide des footballeurs pros, mais en réalité, ils ne constituent qu’une partie de notre système et d’un processus de création très complexe.

Pour quel type de joueur cette chaussure est-elle faite ? Avez-vous en tête le portrait robot du joueur qui joue en Predator ?

La philosophie d’adidas est de ne désigner aucun joueur type. Nous ne devrions pas dicter à qui est destiné un produit. Peut-être que d’autres marques vendent leurs produits en disant : “ce sont des crampons de défenseurs” ou bien : “c’est une paire d’avant-centre”, mais nous avons une toute autre approche. Nous essayons de répondre aux besoins des joueurs. Vous voulez améliorer les contrôles de votre balle ? Achetez une Predator. adidas possède des styles de crampons très différents, certains plus sobres et d’autres très extravagants, comme la Predator Freak. Nous voulons apporter une personnalité à nos chaussures. C’est au joueur de décider en fonction de ses goûts et de ses besoins, mais également de voir en fonction de ses exigences techniques.

Des joueurs comme Zidane et Beckham disent que la Predator est leur chaussure de football préférée. Comment expliquez-vous un tel succès auprès des joueurs ?

Je pense que c’est parce que nous les avons écoutés depuis le début, ce dont ils avaient besoin. Nous avons perfectionné la chaussure en fonction de leurs recommandations et en examinant leur style de jeu. Je pense également que le football de la fin des années 1990 et du début des années 2000 est vraiment différent du football d’aujourd’hui en termes de vitesse et d’intensité sur le terrain. La Predator a réussi à s’adapter à ces différentes évolutions.

La Copa Mundial reste l’un des modèles les plus cultes du football. Pensez-vous aujourd’hui qu’une paire puisse devenir aussi mythique que celle-ci ?

C’est une question à un million de dollars ! (rires) Je pense qu’une icône se crée le plus souvent par accident. Mais je pense également que lorsque vous créez un modèle aussi iconique et mythique que la Copa Mundial, une partie du succès se construit dès la conception, comme cela a été le cas pour ce modèle. Parfois ça arrive tout seul, parfois c’est en résonance avec un évènement historique. Quoiqu’il arrive, à chaque fois que nous fabriquons une Predator, nous (ndlr : les concepteurs, les développeurs) avons également en tête l’idée que ce sera la paire de crampons préférée de quelqu’un. Il y a probablement un adolescent quelque part dans le monde qui va se procurer ces chaussures. Ce seront peut-être ses premiers crampons acquis à un prix élevé et il s’en souviendra. Et dans 15-20 ans, il demandera à ce que ces chaussures soient rééditées. C’est également ce qui nous motive quand on doit concevoir un produit, son héritage.

Par le passé, vous avez également travaillé dans le domaine de la course à pied et de l’athlétisme. Comment examinez-vous les influences extérieures au monde du football afin d’innover ?

C’est absolument nécessaire. Je pense que si vous ne travaillez que dans un seul domaine du sport, vous en avez une vision très étroite et à terme, votre travail sera prévisible. La force d’une marque comme adidas, c’est qu’elle dispose de beaucoup de technologies issues de divers sports, et de ce fait les designers ont la possibilité de piocher dans les différentes catégories de sport. Selon moi, c’est mon expérience dans l’athlétisme la course qui a convaincu la marque à me faire travailler dans le football. Je dirais que la créativité engendre la créativité, et cela est vrai pas seulement dans une entreprise comme adidas, mais dans la vie en général.

D’un point de vue plus global, quel impact la pandémie de Covid-19 a-t-elle eu sur le processus de création ? Avez-vous du penser différemment? Adapter votre méthode de travail ?

Selon moi, la pandémie a eu un impact sur toutes les personnes, c’est une douleur que nous partageons tous. Et pour une marque mondiale comme adidas, qui dispose d’un réseau international de fournisseurs, cela a évidemment ralenti les choses. Mais nous avons du trouver des moyens de compenser ce manque à gagner. En ce qui concerne le football, il a aussi du s’adapter à la situation. Malgré la pandémie, les gens n’ont pas cessé de jouer, ils ont simplement trouvé de nouvelles façons de le faire.

La Predator Freak est disponible dès à présent sur le site d’adidas au prix de 280 euros.