À quelques jours de l’ouverture de la Fashion Week homme de Milan, Ferrari fait la course en tête. Grâce à un éminent premier tour dans une branche du design qui semblait pour l’heure lui échapper, la marque italienne lance un sérieux avertissement à ses concurrents. Il faut dire que depuis la nomination en 2019 de Rocco Iannone à la tête de la section “Brand Diversification”, Ferrari n’avait que peu communiqué sur les projets annexes dirigés par le créatif passé notamment par Emporio Armani ou Dolce & Gabbana. Il aura fallu attendre presque deux ans pour voir émerger son premier projet parallèle : un compte Instagram nommé @ferraristyle et quelques visuels d’archives triés sur le volet, qui laissaient présager l’arrivée imminente d’une toute nouvelle gamme de produits liée au textile et à ses mouvances les plus actuelles.
Ce à quoi l’on ne s’attendait pas forcément, c’était peut-être les moyens et l’énergie mis au service de ce secteur qui devrait encore largement s’expandre dans les dix prochaines années. À l’occasion du lancement définitif de Ferrari Style, Iannone et son équipe ont marqué un grand coup. Pas de temps pour une énième collaboration avec une marque déjà implantée du milieu ou pour une collection capsule légère, la nouvelle scuderia a proposé sans tour de chauffe un show-défilé digne des plus grandes maisons de couture, dans la ville natale de la marque et avec pas moins de 52 looks complets. Le décor était posé, d’autant plus que de magnifiques créations industrielles toutes droit sorties des usines automobiles ont plongé les invités dans une ambiance très chaude probablement comparable à certaines courses de F1 ayant marqué l’histoire.
Dans sa quête de symbiose et d’un mélange naturel de deux domaines aux racines si différentes, Ferrari et son directeur créatif se sont donné les moyens de leur unique ambition, le luxe. Pas question de proposer un produit basique, Ferrari impose des standars et chaque pièce doit véhiculer les valeurs de l’historique maison installée depuis 1947 à Maranello. Tailoring coloré, patterns à base de 812 GTS, branding imposant et autre outerwear aux influences motorisées évidentes, l’idée est exploitée à 300km/h, au risque de se rapprocher un peu trop de certaines marques engagées du côté d’une couleur jaune récemment très présente, de la vague motorsports de 2017-2018 et finalement de la hype au sens large de ces dernières années. Reste que la marque nous a offert hier le fruit d’un travail colossal de création, bien loin des propositions marketing externalisées devenues monnaie courante dans la course au “global brand awareness”.
Encore loin de Mercedes-Benz et de son engagement total dans le milieu de la mode – on parle de parrainages de Fashion Weeks en 1996 déjà, bien avant l’arrivée de leurs pages Instagram puis web dédiées – ou encore de Porsche et de son implication dans l’horlogerie et dans la mode par le biais de collaborations très fournies avec Aimé Leon Dore, Ferrari se positionne avec son nouveau pôle, comme un sérieux candidat à la conquête de nouveaux marchés rentables, émergents, sur lesquels de plus en plus de marques ont choisi de se lancer et de se diversifier.
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