Depuis plus d’un an, tous les joueurs de l’équipe de la sélection anglaise mettent un genou à terre avant leur match. Une décision prise pour dénoncer les violences racistes à l’encontre des personnes noires, dont de nombreux joueurs anglais sont victimes. Lors de l’un des matchs les plus importants de l’Histoire de la sélection anglaise, la finale de l’Euro 2020, Marcus Rashford, Jadon Sancho et Bukayo Saka ratent les tirs au but. Ces trois joueurs noirs deviennent rapidement la cible d’insultes et la peinture murale à l’effigie de Marcus Rashford à Withington est vandalisée. Une peinture aujourd’hui symbole d’une fracture nationale.
Une fresque en l’honneur d’un héros
La peinture murale se base sur une photographie prise par Daniel Cheetham. C’est le street artist français Akse qui l’a réalisée à Withington en collaboration avec le projet communautaire Withington Walls. La fresque se trouve dans le quartier dans lequel Rashford a grandi et rêvé d’un avenir de footballeur professionnel. Cette œuvre rend hommage à son combat pour les plus démunis. Aujourd’hui, il est l’une des personnalités les plus influentes de son pays.
Au cours de l’année écoulée, l’attaquant de Manchester United s’est battu pour la distribution de repas gratuits pour les enfants. La détermination du footballeur a permis de nourrir plus de 2,8 millions de jeunes anglais issus de milieux défavorisés. Il a convaincu le gouvernement de Boris Johnson de prolonger ce programme de distribution. Le Mancunien mobilise des fabricants de produits alimentaires tels qu’Aldie, Tesco et Kellogg’s.
La liste de ses accomplissements ne s’arrête pas là, puisqu’il a créé un club de lecture pour inciter les enfants à lire davantage. Simultanément, Rashford a sorti un livre pour enfants intitulé « How to be the best you can be » pour les encourager à croire en eux et en leurs capacités.
Le pénalty, épée de Damoclès pour les joueurs noirs
« Le fait de mettre le genou à terre a été ridiculisé par notre gouvernement. Donc, quand on a des abus racistes après un match de football et à la fin d’un tournoi, je ne suis pas surpris. (…) J’ai su dès que Rashford, Sancho et Saka ont manqué leur tir au but hier soir, que nous nous réveillerions ce matin avec des histoires d’abus racistes. » Ces mots de l’ex-international anglais, Gary Neville, en disent long sur la pression qui pèse sur les joueurs noirs anglais. Dans un pays post-Brexit, les joueurs non-blancs n’ont pas le droit à l’erreur.
Et même si Rashford s’illustre par son engagement citoyen exceptionnel, pour une partie raciste de son pays, dès lors qu’il fait une erreur sur le terrain, cela ne compte plus. “Je suis immédiatement sorti pour couvrir ce je pouvais sur la fresque“, a déclaré Ed Wellard, cofondateur de Withington Walls. Tout comme lui, de nombreux anglais ont tenté de dissimuler les messages racistes. Sur la fresque, des mots positifs et des cœurs ont été collés sur les graffitis haineux.
De son côté, le footballeur s’est exprimé à travers un message publié sur ses réseaux sociaux. “Je m’appelle Marcus Rashford, j’ai 23 ans, je suis Noir et je viens de Withington. Si je n’ai rien d’autre, j’ai ça“. Rashford ne s’excusera jamais d’être qui il est. Et il le promet, il reviendra plus fort.
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