Mythe incontesté et l’un des artistes les plus précieux du marché de l’art, Pablo Picasso a traversé sa vie avec la toute puissance du génie qu’il incarnait. Pourtant ces dernières années, à l’aube du 50ème anniversaire de sa mort, le mythe de Pablo Picasso s’est effondré grâce à la mise en lumière de ses comportements toxiques, violents et criminels.
Dans son podcast “Vénus s’épilait-elle la chatte ?”, Julie Beauzac s’appuie sur les témoignages de Françoise Gilot, l’ex-compagne de l’artiste, et Marina Picasso, sa petite-fille, pour mettre en lumière les vices et les agressions répétées du peintre espagnol.
Grâce aux écrits de Sophie Chauveau (autrice de Picasso, le Minotaure) et d’Arianna Huffington (autrice de Picasso: créateur et destructeur), l’icône intouchable, mystifiée, laisse la place à l’homme violent et misogyne qu’était Pablo Picasso.
Chaque fois que je change de femme, je devrais brûler la précédente. Comme cela, j’en serais débarrassé. Elles ne seraient pas toutes là à compliquer ma vie.
Pablo Picasso
Le Minotaure
Pablo Picasso développe sa personnalité sur le mythe grec du Minotaure. Le monstre à tête de taureau vient incarner sa toute-puissance sexuelle et sa domination des femmes qu’il fréquente. Plus jeunes, et sur qui il a un ascendant.
Picasso brise la carrière de mannequin de Fernande Olivier, et plonge Olga Khokhlova dans la dépression. Plus tard, Marie-Thérèse Walter dira notamment que le peintre la violait avant chaque séance de travail. Picasso illustrera le mythe de Minos en train de s’accoupler à Dora Maar, sa compagne qu’il frappera à plusieurs reprises.
Françoise Gilot, qu’il rencontre à 62 ans quand elle en a 21, souffre aussi de sa relation toxique avec l’artiste, qu’elle réussit finalement à quitter. À son départ, le peintre fera tout pour saboter la carrière qu’elle avait commencée. Son livre, Vivre avec Picasso (1964), sera précurseur dans la cancellisation annoncée du peintre.
Il s’est toujours plaint de ne pas me connaître, mais c’était à dessein de ma part. Dans le cas contraire, il en aurait profité pour me détruire.
Françoise Gilot, sur Pablo Picasso
Un héritage morbide
Mort le 8 avril 1973 à Mougins, Pablo Picasso repose dans la quiétude provençale du Château de Vauvenargues pendant que sa famille continue de souffrir des tourments qu’il a causés. Hantée par la fortune laissée et l’héritage douloureux qu’il a façonné, sa famille subit le poids de sa postérité : “Quand je mourrai, ce sera un naufrage. Quand un navire sombre, bien des gens sont aspirés par le tourbillon. Ce sera pire que ce qu’on imagine”, disait-il de son choix de ne pas faire de testament.
Les femmes qu’il a brisées subiront, elles aussi, sa postérité. En 1977, Marie-Thérèse Walter mettra fin à ses jours, la corde au cou. Neuf ans plus tard, sa dernière compagne Jacqueline Rocque s’enlèvera la vie avec une arme à feu.
Sa petite-fille, Marina dira de lui : “Il les soumettait à sa sexualité animale, les apprivoisait, les ensorcelait, les ingérait et les détruisait sur ses toiles. Après avoir passé de nombreuses nuits à extraire leur essence, une fois qu’elles étaient asséchées, il les délaissait.”
50 ans plus tard, l’œuvre de Picasso montre l’impossibilité d’une séparation fantasmée entre l’homme et l’artiste. Elle permet d’ancrer dans l’histoire l’image qu’il méritait : celle d’un prédateur machiavélique.