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Breaking Bad, la recette du succès

Il y a 10 ans, jour pour jour, le public américain adressait ses aurevoirs à Walter White, Jesse Pinkman et les autres. Encore aujourd’hui, Breaking Bad occupe une place de choix dans le cœur de ses fans, figurant à la première place des meilleures séries sur IMDb et Rotten Tomatoes. Zoom sur quelques éléments qui ont contribué au succès de la série AMC.

En 2005, Vince Gilligan planche sur une série qu’il veut différente de ce qu’il a l’habitude de voir. L’ex-scénariste de X-Files vise le réel et la complexité sur petit écran. Hors de question de miser sur le statu quo. Tout l’inverse, Breaking Bad étudie le mouvement. 

Breaking Bad est sincère, honnête avec son public. À commencer par son titre, qui plante d’emblée le décor, dont la traduction signifie “mal tourner” ou “partir en vrille”. C’est l’histoire principale que raconte la série diffusée par la chaîne américaine AMC. Celle de la chute d’un monsieur tout le monde qui finira par cuisiner la blue meth la plus pure du marché.

Un début, une fin

Vince Gilligan avait un point de départ, une ligne d’arrivée : “J’ai tenu bon, pendant plus de six ans, autour de l’idée centrale de la série, qui est de prendre le “gentil” et de le transformer en “méchant”. Walter White a 50 ans quand il apprend qu’il va mourir d’un cancer des poumons. 5 saisons plus tard, le baron de la drogue aura commis les pires atrocités jusqu’à devenir l’un des anti-héros les plus impitoyables de l’histoire des séries. 

La chimie ou l’étude du changement

Le temps, le rythme sont des éléments clefs dans la série. Walter White sait qu’il va mourir, c’est inévitable. Ses jours sont comptés. C’est ce qui justifie qu’il bascule dans l’illicite. Mais un simple prof de chimie ne devient pas baron de la drogue en un claquement de doigt. 

Alors, pour nous faire avaler la pilule, Vince Gilligan joue avec le rythme. Il filme des scènes lentes, voire statiques, attire l’attention sur un élément du décor. Sans que jamais ça ne sonne creux. Les longueurs, les instants contemplatifs préparent en réalité le terrain pour la suite. Le sang, les larmes, les détonations. Jusqu’à la descente aux enfers. Pas question de transiger, de laisser un public ou un studio choisir à la place de ses personnages la route qu’ils emprunteraient. C’est là que réside la force de Breaking Bad. Une série qui a su, avec brio, faire reposer l’entièreté d’une intrigue sur l’évolution de ses personnages. 

Pendant six ans, Vince Gilligan a tout fait pour maintenir son cap et rester hermétique aux attentes extérieures. Impossible pour lui de ménager le spectateur, de lui montrer ce qu’il veut voir. C’est tout le contraire. Le showrunner était obsédé par le souci du réalisme, qui résidait pour lui dans la manière dont les personnages se comportent. Alors, il se connecte à eux, les interroge jusqu’au tréfonds de leurs êtres. Si un personnage doit mourir, il mourra. Pas de baguette magique, pas de retour en arrière.

Le duo Walter White et Jessie Pinkman

Le succès de la série repose sans nul doute sur l’incroyable, pas si improbable, duo formé par Walter White/Bryan Cranston et Jesse Pinkman/Aaron Paul. Ils sont drôles, complémentaires, attachants et on a mal de les voir se déchirer. Leur relation est belle mais tragique.

Bryan Cranston a réussi à crever l’écran, jusqu’à faire oublier aux téléspectateurs son rôle de père maladroit et irresponsable dans Malcolm. Aaron Paul est lui aussi bluffant. À tel point que Vince Gilligan, qui souhaitait pourtant en finir avec Jessie Pinkman à l’issue de la saison 1, a décidé de prolonger l’expérience. 

Merci Netflix

Breaking Bad doit aussi beaucoup de sa popularité à Netflix. À l’issue de la saison 4, la plateforme de streaming achète les droits et intègre le programme à son catalogue. La série sort de la niche et devient la plus binge-watchée de la plateforme. Vince Gilligan remercie le géant américain : “Netflix nous a permis de rester à l’antenne”. 

10 ans après un finale des plus majestueux, Breaking Bad existe encore dans l’esprit de ses fans. La raison est simple : la série a su s’arrêter au bon moment. À l’issue de 62 épisodes magistralement menés, elleaccouche de sa petite sœur Better Call Saul, unanimement saluée par la critique et du film El Camino. L’héritage est assuré.