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Victor Martins : “Je veux aller en F1 avec Alpine et connaître de grands succès”

Champion de F3 en 2022 et meilleur débutant en F2 en 2023, le Français Victor Martins gravit peu à peu les échelons du sport automobile qui l’obsède depuis sa jeunesse. Désormais conscient de ses chances de goûter au plus haut niveau, Victor Martins n’a plus qu’un seul rêve en tête : glaner des victoires en F1 avec son écurie Alpine.

À l’occasion de la sortie de la nouvelle collection Kappa Ski, le pilote français était présent à Val Thorens. Views a pu échanger avec lui sur son expérience dans sa discipline, son lien à Alpine ou encore ses immenses ambitions pour le futur.

Quels sont les défis majeurs et les moments les plus significatifs que tu as vécus en passant du karting à la F4, puis à la Formule Renault ?

Le souvenir le plus marquant pour moi, c’est sans aucun doute ma victoire au championnat du monde. Cette victoire a été un véritable tremplin vers la monoplace. Elle m’a permis de rencontrer des personnalités influentes dans le milieu. C’était un moment très émouvant, notamment parce que c’était l’objectif principal de la saison 2016. Je savais qu’en remportant ce championnat, je pourrais faire des rencontres décisives pour mon passage à la monoplace. C’était le véritable début de ma carrière de pilote. Le karting, bien qu’il soit professionnel, n’était que le prélude.

Rencontrer Frédéric Vasseur chez Renault fut également un moment clé ?

C’était très émouvant et symbolisait le début d’un parcours où mon rêve devenait un objectif tangible : tout mettre en œuvre pour atteindre la Formule 1, passer en Formule 4 avec le soutien de la FFSA. Je me souviens aussi des moments où je devais jongler entre l’école et l’intégration à la FFSA Academy. C’était une période compliquée, surtout mentalement, de quitter ma maison pour me consacrer entièrement à ma passion.

Donc, dès le début, tu rêvais de F1. C’était ton objectif ultime ?

Absolument. Depuis mes premiers pas en karting, mon but est la F1. Même si l’incertitude était toujours présente, il fallait obtenir des résultats, rencontrer les bonnes personnes, et espérer que tout s’aligne parfaitement. Rencontrer ces individus clés, comme le soutien de la FFSA et mon management actuel, a renforcé ma détermination. Ils m’ont pris sous leur aile et m’accompagnent encore aujourd’hui, veillant à ce que tout se passe parfaitement dans ma carrière, pour que mon projet devienne de plus en plus solide.

Tu es membre du programme Alpine. Comment ce programme a-t-il influencé ton développement et quelles perspectives envisages-tu au sein de l’équipe ?

Je suis associé à Alpine, auparavant Renault, depuis 2018. Ils m’ont accueilli alors que j’étais encore très jeune, juste après ma deuxième place et mon titre de champion de France Junior en F4. Leur soutien précoce a été crucial pour ma carrière, tant sur le plan sportif que pour ma confiance et mon soutien financier, un aspect vital dans le sport automobile. J’ai appris énormément grâce à eux, que ce soit sur le plan physique, mental ou technique. Les séances régulières au simulateur m’ont permis d’améliorer mes capacités de pilote et de me donner un aperçu de ce qui m’attend en F1. De plus, échanger avec les ingénieurs et les pilotes comme Pierre et Esteban m’a apporté de précieuses leçons. Sur le plan de l’image aussi, c’est significatif. Ayant Renault et maintenant Alpine, deux marques françaises, comme soutien, cela correspond à mon désir de représenter les couleurs de la France. Mon objectif est d’atteindre la F1, mais pas seulement ; je veux y parvenir avec Alpine et connaître de grands succès ensemble.

Tu es donc profondément attaché à cette collaboration ?

Absolument. Même si, enfant, on peut rêver de différentes écuries, le fait qu’Alpine m’ait intégré si jeune et m’ait constamment soutenu, malgré les hauts et les bas de ma carrière, a renforcé ce lien. Ils ont toujours eu confiance en moi, et je ressens encore plus leur soutien depuis 2-3 ans. Ils ont un projet solide : m’emmener en F1 et gagner ensemble.

J’aime prendre des risques, sachant qu’ils peuvent conduire au succès. C’est ce dépassement de soi qui est gratifiant.

Parlons maintenant de ta dernière saison. En tant que meilleur rookie de cette saison F2, quels sont les moments clés qui ont contribué à ce succès ?

Plusieurs éléments ont joué un rôle crucial. Tout d’abord, mon adaptation a été assez rapide, surtout lors des trois premiers jours à Abu Dhabi l’année dernière. Je me suis immédiatement très bien senti avec l’équipe d’Art Grand Prix, avec qui j’avais déjà remporté la Formule 3. C’était comme rentrer à la maison. Ils me connaissaient bien, tant sur le plan mental que technique, et savaient sur quels aspects je devais travailler et quels étaient mes points forts. Cette adaptation rapide m’a permis de me concentrer sur d’autres aspects, comme les formats de course, la préparation des qualifications et des courses, et l’attitude à adopter dans chaque situation. En qualifications, par exemple, il faut tout donner, se surpasser, alors qu’en course, il faut gérer différemment, pour éviter les petites erreurs, comme celles que j’ai commises en début d’année. Ces erreurs ont finalement contribué à mon succès, car j’ai beaucoup appris tout au long de la saison.

Comment tu sens avant une course ? Est-ce que tu ressens de la peur ou du stress ?

Je n’ai pas peur. Si c’était le cas, je ne prendrais pas certains risques nécessaires. C’est plutôt de l’excitation, avec une certaine appréhension et des doutes. Mais je me lance à fond, car c’est ma passion. J’aime prendre des risques, sachant qu’ils peuvent conduire au succès. C’est ce dépassement de soi qui est gratifiant. Avant une course, c’est un mélange de plaisir, passion, excitation et concentration.

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Pendant la course, tu es totalement concentré ou est-ce que les émotions interviennent ?

On passe par plusieurs états émotionnels. En tant que pilotes professionnels, nous conduisons en partie inconsciemment, ressentant les réactions de la voiture et la confiance que nous avons à ce moment-là. Parfois, la conscience intervient, avec une pointe de peur ou d’appréhension. Mais en général, il s’agit d’être pleinement dans l’instant, de ressentir les choses. L’expérience nous aide à gérer les situations différemment. En résumé, il y a une part d’inconscient qui devient naturelle avec le temps.

Crédit : @parcferme.co

Avec ton expérience, si l’opportunité de la F1 ne se présentait pas, envisages-tu d’autres voies ?

Je ne pense pas en termes de “si jamais”. Je me concentre sur l’idée que ça va arriver. J’ai l’intention de passer de nombreuses années en F1 et de remporter des succès. Bien sûr, la vie est imprévisible, mais je reste positif et déterminé. Je donne tout pour réaliser ce rêve, avec le soutien d’Alpine.

J’ai récemment rencontré Zidane, et discuter avec lui de sa vie et de sa carrière a été très instructif

As-tu des modèles dans le sport automobile ou ailleurs qui t’inspirent ?

En sport auto, j’ai toujours suivi Lewis Hamilton, mais il n’a jamais été une idole pour moi, plutôt une source d’inspiration. Dans d’autres sports, je regarde comment des athlètes comme Nadal ou Ronaldo gèrent leur carrière et leur vie en dehors de leur sport. J’ai récemment rencontré Zidane, et discuter avec lui de sa vie et de sa carrière a été très instructif, surtout pour comprendre comment gérer cette période de ma vie où je suis en chemin pour devenir quelqu’un en F1.

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En France, l’engouement pour le sport auto, notamment la F1, semble grandir, avec la perspective de voir davantage de pilotes français en F1. Quel est ton avis sur le GP Explorer, un événement bénéfique pour le sport auto selon toi ?

Le GP Explorer est un événement sans pression. Y être invité était un plaisir. C’est fascinant de voir ce qu’on peut créer autour du sport auto, même par des personnes extérieures au milieu. C’est formidable pour la famille Alpine et pour nous, pilotes français. Cela permet de promouvoir le sport et c’est bénéfique pour le sport automobile en général. C’est aussi une belle opportunité pour nous de participer à la création de tels événements, peut-être même dans d’autres sports.

Squeezie et d’autres créateurs internet ont contribué à cet événement. Consommes-tu ce type de contenu ?

Honnêtement, je ne suis pas un consommateur régulier de ces contenus, mais j’ai vu certaines de leurs vidéos importantes. Je m’intéresse et j’aimerais en savoir plus sur différentes plateformes. Ces YouTubeurs me permettent au public de découvrir de nouvelles choses. Les rencontrer et échanger avec eux sur un sport qu’ils découvrent a été une expérience enrichissante.

Photos & interview : Alexandre Mouchet