Axel Toupane : “Quand tu as fini de jouer, à moins que tu ne sois Tony Parker ou Zidane, on t’oublie un peu”

La curiosité est l’adjectif qui définit le mieux Axel Toupane. Le basketteur champion NBA et ailier des Metropolitans 92 est un touche-à-tout. Entrepreneur, passionné de mode, de golf et engagé, avec “Les prochains leaders”, son programme d’empowerment pour jeunes filles. Athlète ambitieux, Axel Toupane a travaillé dur pour réaliser ses rêves et a su surmonter les échecs grâce à son optimisme sans faille.

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Tu es basketteur professionnel depuis treize ans, quel regard portes-tu sur ton parcours ? 

Le premier mot qui me vient à l’esprit, c’est fier. Fier parce que j’étais un petit jeune plus que normal. Je n’étais pas du tout dans les tops joueurs de ma génération. J’ai éclos, je suis arrivé un peu tard et moi, j’ai toujours eu ce rêve de jouer au plus haut niveau et notamment en NBA. Et j’ai réussi à le faire à ma manière, avec beaucoup beaucoup de travail.

Il y a quelques années, je suis retourné dans mon centre de formation et j’en ai parlé à l’un de mes anciens coachs. Il m’a dit que même eux ne prévoyaient pas cette trajectoire et cette carrière. Et ça, c’était déjà quand j’avais 17/18 ans donc c’est relativement tard. Donc ouais très fier, très content et ce n’est pas fini. 

Le basketball, c’est une histoire de famille pour toi, car ton père était un ancien joueur pro et aujourd’hui, c’est le sélectionneur de l’équipe féminine de France. Comment tu décrirais votre relation ?  

Très bonne ! Mon père n’a pas voulu me mettre de pression quand j’étais jeune. Il y a un peu ce cliché des parents qui viennent aux matchs, qui crient, qui disent à leur enfant ce qu’ils doivent faire. Moi, c’était plutôt l’opposé en fait, il m’a vraiment laissé tomber amoureux du basket. Il voulait que ça vienne de moi avant que lui ne soit impliqué. Du coup ça m’a donné envie, ça m’a aussi permis de prendre mes propres décisions, chose qui est importante quand tu es jeune. Et quand il a vu que ça commençait à être sérieux, là il s’est impliqué de plus en plus. Aujourd’hui, on a une très bonne relation, on parle très souvent de basket. C’est super de l’avoir et de partager tout ça avec lui. Il était là pour mon premier match NBA, il a vu des matchs en Euroligue, un peu partout donc c’est très cool.

Qu’est-ce qu’il te donne comme conseil ? 

Souvent les discussions qu’on a, portent surtout sur l’aspect mental : comment appréhender, gérer les situations plutôt que “quand tu tires il faut mettre la main comme ça.” Il sait que je bosse beaucoup donc ouais c’est plus un support mental, quelqu’un avec qui je peux parler. C’est important aujourd’hui de ne pas garder trop de trucs négatifs en soi et de les évacuer. Je le fais avec mon père, je peux lui parler (rires).

Je voulais discuter avec toi de la cote qu’ont les prospects français et même dans la NBA en ce moment. Cette année, on a le phénomène Victor Wembanyama On voit aussi que les Européens comme Giannis Antetokounmpo, Nikola Jokić ou Luka Dončić dominent la ligue. Tu penses qu’aujourd’hui il y a plus de respect sur le basket européen qu’à une certaine époque ? 

Je pense que de manière générale, le basket devient plus international. Aujourd’hui, on voit lors des compétitions mondiales que les équipes sud-américaines, africaines, asiatiques, sont de plus en plus fortes, les matchs sont de plus en plus serrés. Il y a des joueurs de partout qui arrivent à jouer au plus haut niveau. Et ça, je pense que c’est dû au fait qu’aujourd’hui, les informations se diffusent plus facilement, avec les réseaux sociaux, surtout YouTube. La formation basket est un peu pareille partout dans le monde maintenant et on le voit en NBA. Les tops joueurs ce ne sont que des internationaux. C’est un mouvement qui est assez cool, je trouve. Et nous, la France, on a toujours été un très bon pays formateur. On a toujours eu des joueurs à fort potentiel et maintenant ça se voit encore plus. C’est une super évolution, que ce soit pour les jeunes, pour le basket français et pour le basket international.

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Revenons sur ta carrière en NBA. Tu as connu plusieurs équipes, en G League, l’antichambre de la NBA. Et ton parcours montre à quel point il est difficile de s’imposer dans la grande ligue. Quel regard portes-tu portes sur ton aventure en NBA ?  

Franchement, c’était incroyable et pas forcément juste la NBA. La G League m’a énormément apporté, surtout dans mon style de jeu. Avant d’arriver là-bas, j’étais beaucoup plutôt un role player défensif qui jouait en fonction des autres. Et là-bas, j’ai eu l’opportunité de pouvoir m’exprimer beaucoup plus, d’avoir la balle en main et de montrer d’autres facettes de mon jeu, des facettes que je n’avais pas eu la chance de développer en Europe. Quand je suis rentré en Europe quelques années après, ça m’a permis de revenir avec un meilleur statut, un plus gros rôle. Donc cette expérience aux États-Unis, ça a été la meilleure de ma vie sur et en dehors des terrains. J’ai énormément appris. 

C’est aussi là aux US que j’ai découvert ce qu’était le monde de l’entrepreneuriat. J’aurais aimé y rester plus longtemps mais souvent ce que je dis, c’est que la NBA c’est 450 places parce que de l’extérieur les gens pensent que si tu n’es pas en NBA, c’est que tu n’es pas bon. En réalité, il y a peut-être plus de mille joueurs qui peuvent prétendre y jouer, c’est juste qu’il n’y a pas assez de places donc il faut faire des choix. Généralement ce n’est pas parce que tu n’es pas assez bon mais plutôt parce qu’on veut essayer quelque chose d’autre avec un autre profil. C’est un vrai business, une vraie machine mais je suis très content d’avoir pu y jouer. 

Qu’est-ce que tu penses du fait que des joueurs ayant eu un impact important dans la NBA comme Dwight Howard, Kemba Walker ou Serge Ibaka, sont dénigrés parce qu’ils évoluent maintenant en Asie ou en Europe ? 

C’est un peu dommage. Après, on ne peut pas empêcher les gens de penser ce qu’ils veulent et c’est aussi en quelque sorte la rançon de la gloire. Quand tu es au top niveau, forcément tu as plus de gens qui regardent, plus de critiques, plus de tout en fait. Ça fait partie du job. Après, parmi les joueurs que tu as cités, ce ne sont que des “vétérans” et c’est vrai qu’en NBA, les équipes veulent de moins en moins prendre ce genre de profil : des joueurs qui vont encadrer le vestiaire monter aux jeunes les tenants et les aboutissants de ce qu’est la NBA et même de la vie en général. Je trouve que c’est un peu dommage car il y a des équipes dans lesquelles tu n’as que des jeunes qui sont un peu livrés à eux-mêmes. Et je pense qu’avoir des joueurs qui sont passés par là, qui ont peu tout connu, c’est un très bon moyen d’apprendre. Après, les vétérans dont tu parles, ils vivent quand même très bien malgré ce que les gens disent d’eux. 

Qu’est ce qui t’a le plus marqué quand tu es arrivé en NBA et plus généralement aux États-Unis en tant que Français et jeune joueur ?

C’est que tout le monde est beaucoup plus enclin à prendre des risques. Ils ont moins peur, les décisions se prennent beaucoup plus facilement. En Europe, on a souvent tendance à tourner autour du pot alors qu’aux États-Unis je trouve que la prise de décision, de risque est beaucoup plus directe. Même si tu échoues, plus tu tombes rapidement, plus tu apprends, mieux tu peux te remettre en selle, gagner du temps et progresser.   

Quel conseil donnerais-tu aux jeunes qui ambitionnent de jouer en NBA ou qui plus généralement rêvent d’être athlète professionnel.le ? 

La première chose que je dirais, c’est n’ayez pas peur d’échouer et surtout n’ayez pas peur de vous confronter à vos faiblesses. Souvent, quand on a une faiblesse, on essaye un peu de la cacher et de faire sans. Mais je pense que c’est mieux d’aller directement dans le vif du sujet, de prendre le taureau par les cornes (rires) pour progresser. 

L’autre conseil que je donnerais c’est de beaucoup jouer pendant l’été, faire des oppositions et s’entraîner. Et la dernière chose, c’est un des meilleurs conseils qu’on ne m’ait jamais donné. C’est David Blatt, ancien coach NBA qui me l’a donné quand j’étais à l’Olympiakos : « Axel, dans la vie tu peux avoir raison ou tu peux être intelligent ». Trop souvent, on perd de l’énergie à vouloir prouver qu’on a raison alors qu’en fait, il y a juste à être intelligent. Si tu sais que tu as raison, c’est l’essentiel. Pas besoin de perdre de l’énergie. Moi, je suis passé par là et je vois beaucoup de jeunes le faire. Ils ont une conviction, ils pensent que quelque chose doit être fait comme ça et ils perdent du temps à vouloir prouver à tout le monde, au coach, à leur agent, à leur coéquipier que ça doit être fait comme ça. Alors qu’en vrai, il y a plus important.  

Les gens de l’extérieur pensent que si tu n’es pas en NBA, c’est que tu n’es pas bon. En réalité, il y a peut-être plus de mille joueurs qui peuvent prétendre y jouer, c’est juste qu’il n’y a pas assez de places

Axel Toupane

En NBA, tu as évolué avec deux MVP : Giannis Antetokounmpo à Milwaukee et Nikola Jokic à Denver. Tu as des anecdotes sur eux à nous raconter ? 

Avec Giannis et son frère Thanásis, on parle souvent de montres. Ce sont des grands fans de montres. Et une anecdote marrante sur Nikola ? Ses deux frères sont comment dire…imposants (rires). Dès que quelqu’un fait une grosse faute sur lui, ils se lèvent et se rapprochent du terrain (rires) mais ce sont des crèmes ! Moi, je connais quelques mots en serbe, donc j’avais une super relation avec eux. 

Dans tes interviews, tu parles pas mal de Kevin Durant. Qu’est-ce qu’il représente pour toi ? 

Quand je parle de lui c’est lorsqu’on me demande quel joueur m’a le plus impressionné et c’est vrai que quand j’étais à Denver, le voir sur le terrain rien qu’avec sa taille, c’était incroyable. En matière de technique, de talent et de skills purs, c’est l’un des joueurs les plus beaux, les plus efficaces. Tu sens vraiment qu’il a le souci du détail que c’est un acharné de travail. On appelle ça un pur “hooper”. C’est un mec à qui tu peux donner un ballon n’importe où dans le monde sur n’importe quel terrain, il va toujours performer. C’est un bel exemple en matière de développement technique. 

Les Jeux Olympiques sont dans quelques mois et dans quelques jours, tu vas tester pour la première fois le basket 3×3. Est-ce que tu peux m’expliquer pourquoi tu as fait ce choix ? J’imagine que c’est parce que tu as plus de chance d’aller aux JO en jouant en 3×3 qu’en 5×5 ?

Oui clairement. C’est le coach de l’équipe de France qui m’en a parlé l’année dernière parce que j’ai un profil qui colle parfaitement au 3×3. Depuis qu’on a eu cette discussion, j’ai bien fait mes devoirs (rires). J’ai vu pas mal de matchs, j’ai posé pas mal de questions à des amis qui jouent en 3×3. Je trouve que c’est un sport qui est cool et qui s’inscrit un peu dans une nouvelle façon de consommer le sport. 

Aujourd’hui, c’est difficile pour les gens de regarder un match de foot de 90 minutes ou un match de basket de 2 heures. Souvent ce qu’ils font, c’est regarder les highlights en condensé de sept-huit minutes et le 3×3 s’inscrit exactement dans ce format.

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Il y a des gens qui ont besoin de parler à quelqu’un. Moi aussi mais ce que je préfère c’est jouer au golf parce que ça me permet de m’évader

Axel Toupane

Tu fais du golf depuis longtemps et j’ai lu dans des articles que tu aurais même pu être golfeur professionnel, c’est vrai ? 

Je pense que j’aurais pu, après on ne saura jamais. Mais quand j’étais petit j’étais assez doué. J’ai laissé ça de côté pendant longtemps et maintenant je m’y suis remis depuis quelques années. C’est un bon exutoire pour ne penser à rien ou pour me concentrer sur quelque chose à l’inverse. Des fois, tu es limite en état de méditation, c’est un moyen d’évasion. C’est un sport que j’adore, qui permet de voyager, de voir des endroits magnifiques, de rencontrer des gens cools. 

Beaucoup de joueurs NBA jouent au golf. Parmi les plus connus il y a Michael Jordan, Steph Curry et Jayson Tatum qui en font régulièrement. Pourquoi les basketteurs aiment autant le golf ?  

Déjà, je pense que c’est un sport d’adresse comme le basket. Le golf est un sport extrêmement compétitif parce que tu te challenges toi-même sur chaque coup. Tu es en compétition avec ton score final et avec des adversaires. Mais c’est vrai qu’il y a toujours eu une sorte de mode entre golf et basket et c’est cool. Je pense que c’est un sport qui devrait être accessible à plus de gens parce qu’il a beaucoup de vertus. 

J’aimerais qu’on aborde la santé mentale. Tu fais partie des sportifs qui parlent le plus de leur santé mentale en France. Pourquoi c’est important pour toi ? 

Je ne me placerai pas comme un représentant de la santé mentale. J’estime que j’ai de la chance d’être bien entouré, j’ai rarement eu de moments critiques mentalement. Après, je trouve que c’est important aussi pour optimiser tes performances et éviter l’état dépressif. Dans les deux cas, le dénominateur commun, c’est de parler, de s’ouvrir et ce n’est pas toujours facile. En plus, en tant que sportif, on n’est pas toujours encouragé à le faire. Il y a un travail de formation et de normalisation de cette prise de parole qui doit être mis en place parce qu’aujourd’hui tout le monde se rend compte que si tu n’es pas au top mentalement, c’est compliqué de performer.  

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Qu’est-ce qui a été le plus dur pour toi mentalement dans ta carrière ? 

C’est l’incertitude, surtout quand j’étais en G-League ou en NBA avec des contrats de courte durée. Ne pas savoir ce que tu vas faire dans les mois à venir, ce n’est pas évident pour construire ta vie, surtout quand tu bouges de ville en ville dans un autre pays. Mais j’ai toujours essayé de me focus sur le positif donc aujourd’hui, je le vois plus comme une force même si c’était difficile sur le moment.  

Quand tu décides de retourner en France et d’aller au Paris Basketball après les États-Unis, quel est le déclic, le moment où tu te dis “j’ai fait le tour, j’ai tout donné, j’ai essayé malheureusement ça n’a pas marché” ? 

J’étais vraiment allé au bout du truc, et c’est pour ça que ça ne m’a pas affecté. D’ailleurs, c’est peut-être un autre conseil que je donnerais aux jeunes : aller au bout des choses et s’écouter soi-même. En ayant cette mentalité, tu sais s’il faut passer à autre chose ou pas. C’est différent quand tu écoutes quelqu’un qui te dit « il faut aller là ». Donc à mon retour en France, j’étais super excité par ce que je pouvais potentiellement faire à Paris mais pas affecté du tout.  

Qu’est-ce que tu fais pour préserver ta santé mentale ? 

Jouer au golf (rires), vraiment je l’utilise comme ça. Il y a des gens qui ont besoin de parler à quelqu’un ou autre. Ça m’arrive aussi mais ce que je préfère, c’est jouer au golf. 

Donc tu n’as pas de psy ? 

Non je n’ai pas de psy. Quand j’étais jeune j’ai travaillé avec un coach mental. Et il y a quelques années j’ai essayé de faire des rendez-vous avec des psys mais je n’ai pas trouvé la personne qui me fallait, alors après, j’ai continué avec mon père et le golf (rires). 

Tu es très investi dans l’entrepreneuriat : tu investis dans des start-up, tu as créé “Les prochains leaders”, ton programme d’empowerment à travers l’entrepreneuriat et le sport destiné aux jeunes filles. Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer dans cette initiative ? 
Après mon aventure aux États-Unis, c’est là que j’ai commencé à investir dans des start-up. J’ai rencontré des top founders avec qui j’ai eu des discussions et qui m’ont ouvert des perspectives. Je me sentais beaucoup plus accompli, beaucoup plus smart, avec une meilleure vision. Et ça, c’est un feeling que je voulais redonner à des jeunes. L’élément déclencheur c’est tout le mouvement de justice sociale de 2020, post covid. C’est là que je me suis dit qu’il faut vraiment faire quelque chose et j’ai décidé de lancer le programme et d’ouvrir mon réseau à ces jeunes filles : leur faire rencontrer des entrepreneurs, des fondateurs de start-up, des athlètes, des médias. Et en parallèle de ça qu’elles développent toutes leur projet et qu’elles viennent le pitcher en fin d’année.

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Pourquoi ça a une dimension particulière pour toi de mettre en valeur des jeunes filles ? 

Quand il jouait ou qu’il coachait, mon père était très occupé. Du coup, j’ai passé énormément de temps avec ma mère, ma cousine et ma tante. J’ai vu la force et la facilité qu’elles avaient à faire en sorte que tout se passe bien. Souvent, je trouve que les hommes prennent des décisions un peu trop rapidement, qui ont souvent des conséquences un peu plus… funky, on va dire. Si les femmes pouvaient prendre plus de décisions, je pense qu’il y a beaucoup de choses qui se passeraient mieux. 

Tu fais partie de ces athlètes qui pendant leur carrière professionnelle étendent leurs activités dans différents domaines comme un LeBron James par exemple. C’est une manière pour toi d’assurer ton après-carrière ? ou alors de profiter d’opportunités pendant que tu es dans ton prime, que tu n’aurais pas eu sans ta carrière ? 

C’est plutôt la deuxième option. Pendant nos carrières, on a beaucoup plus de chances d’être aidés, les gens à qui on envoie des messages nous répondent. Quand tu as fini de jouer le train est passé et généralement, à moins que tu ne sois Tony Parker ou Zidane, on t’oublie un peu. Pour quelqu’un comme moi, il fallait vraiment battre le fer tant qu’il est encore chaud et je pense même que c’est positif pour ma carrière. Pour moi c’est un no brainer, c’est la chose à faire. 

Après c’est vrai qu’il y a des étapes, je pense qu’il faut d’abord s’affirmer dans son sport avant de pouvoir commencer à investir. Aujourd’hui il y a des jeunes qui commencent à faire ça avant d’être établi dans leur sport et c’est un peu problématique.

Est-ce qu’après ta carrière, tu envisages de plus investir dans l’entrepreneuriat ou de rester dans ton sport en coachant ou en manageant des joueurs ? 

Non, coacher non (rires). Avec mon père qui est coach j’ai vu à quel point c’est dur et ingrat comme métier. Donc coacher non mais je pense continuer les activités dans lesquelles je suis, c’est-à-dire investir et m’entourer des jeunes. 

Tu partages beaucoup sur tes réseaux sociaux, tu documentes ta vie. Pourquoi c’est important de partager tout ça ? 

Je ne trouve pas que je la documente tant que ça mais c’est vrai que je pousse beaucoup les projets dans lesquels je suis impliqué. C’est important pour les gens de voir ce que les sportifs arrivent à faire parce qu’on n’avaient pas forcément la cote et là c’est clairement en train de changer. 

C’est aussi important d’inspirer les jeunes qui ont les mêmes envies, de leur montrer que c’est possible de les mettre en place. Je veux aussi montrer aux gens qu’on a aussi la tête bien faite, qu’on est capable de monter des projets et prendre des décisions. 

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Trop souvent on perd de l’énergie à vouloir prouver qu’on a raison alors qu’en fait il y a juste à être intelligent.

Axel Toupane

Tu es passionnée de mode, sur les réseaux sociaux tu fais des posts sur tes outfits, quand tu participes à la Fashion Week et tu es ambassadeur pour Puma. Qu’est-ce qui te plaît dans ce milieu ? 

Le storytelling. J’adore raconter des histoires à travers des vêtements, je trouve ça super cool. Tout ce qui est branding, storytelling c’est ce qui me plaît le plus.

Tu as déjà envisagé de lancer ta marque ? 

Ouais au tout début et après avoir passé un peu de temps dans le milieu, je me suis dit que je ne ferais jamais ça (rires). Je ne suis pas assez passionné pour imaginer faire trois-quatre collections par an, pour passer mes journées à penser à ça. 

Par contre, pouvoir faire du merch pour des projets qui me tiennent à cœur ça je trouve que c’est top ! 

En faisant mes recherches, j’ai découvert que tu avais fait deux stages chez Louis Vuitton et Givenchy. Tu peux nous raconter comment ça c’est passé ? 

Le premier c’était en 2016, en sortant de chez Denver. J’avais envoyé une lettre manuscrite à Bernard Arnault et aux dix personnes en dessous de lui, pour demander un stage dans l’une de ses maisons, n’importe laquelle et ils m’ont laissé choisir. À l’époque, j’étais fan de Riccardo Tisci donc j’ai choisi Givenchy. Mais pas de chance, c’est l’été où il est parti (rires) et où Clare Waight Keller est arrivée. Mais c’était quand même cool.Chez Vuitton c’était deux ans après, j’avais passé un peu plus de temps là bas, j’avais fait une semaine et c’était aussi une superbe expérience.

Qu’est ce que tu cherchais à découvrir en faisant ces stages ? 

Un peu tout, j’étais assez ouvert et je voulais juste voir comment une maison fonctionnait de l’intérieur. Tu vois chez Vuitton par exemple j’étais partout : à la presse, au développement, supply chain… Toutes les demi-journées que j’avais, j’allais dans un département différent. Et franchement c’était une super expérience, je suis toujours en contact avec des gens que j’ai rencontré là-bas.

La mode s’intéresse de plus en plus aux sportifs. Louis Vuitton a nommé beaucoup d’athlètes ambassadeurs à l’approche des JO comme Antoine Dupont, Victor Wembanyama. Et LeBron James est l’égérie d’une des dernières campagnes LV. Qu’est-ce que tu penses de cette tendance ?

Je trouve que c’est top et ça rejoint ce que je disais avant, nous les sportifs aujourd’hui on a beaucoup plus la cote. Les gens comprennent qu’on a la tête bien faite, qu’on défend des valeurs qui sont vraiment nobles et authentiques. Et aujourd’hui c’est ce qu’ils veulent. Ils veulent être en phase et alignés avec nous les sportifs plutôt que comme il y a quelques années avec des influenceurs qui n’avaient pas forcément ces valeurs, sans dénigrer leur travail. Nous on fait quand même une activité qui est dure, où il y a peu de gens qui réussissent et qui inspirent pas mal de monde. C’est une aubaine pour les marques de s’associer à nous pour justement pousser ce message et pousser leurs contenus et créations. 

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Tu dirais que c’est une forme de légitimation pour vous les sportifs ? 

Ouais, après je pense que c’est aussi vrai dans l’autre sens (rires). Les marques veulent toujours pousser des messages qui sont vrais, authentiques. Et aujourd’hui je pense qu’elles ont trouvé les personnes parfaites pour ça, qui sont les sportifs. On a une bonne hygiène de vie, on est obligé de beaucoup travailler, de faire attention à nos corps, on a le respect du sport, l’esprit d’équipe…  

La situation avec ton équipe, les Metropolitans 92 est difficile. Comment tu le vis ? [Le club est dernier du championnat, plusieurs joueurs sont partis en cours de saison]

Comment je le vis ? C’est comme je te disais tout à l’heure, je joue au golf (rires). C’est important pour moi pour m’évader, pour pouvoir aller au boulot tous les jours en étant positif et pas démoralisé, parce que la situation est un peu chaotique. Après c’est comme ça, ça fait partie de la vie, d’une carrière. Moi c’est la première fois que je vis ce genre de situation. Donc je pense que j’ai de la chance mais c’est clair que ce n’est pas une situation facile à gérer. Mais il faut quand même le faire d’une manière professionnelle et du mieux possible.  

Tu es d’origine sénégalaise, ton père est Sénégalais et sur Instagram tu as fait un post sur les joueurs Sénégalais pendant la CAN. Est-ce que tu as gardé un lien fort avec ton pays d’origine ? 

Oui ! J’ai encore beaucoup de famille là-bas, quand j’étais plus jeune on y allait un été sur deux. Après quand j’ai grandi c’était un peu plus compliqué parce que tous les étés il y avait les stages en équipe nationale, aux États-Unis. Mais je suis encore en contact quotidien avec ma famille là-bas : cousins, oncles, tantes. C’est un pays que j’adore. 

Ce qui est incroyable avec l’Afrique c’est que quand tu y passes quelques jours, quand tu rentres chez toi tu n’as plus aucun problème. Nous en occident on a souvent tendance à se créer des problèmes et eux pour le coup ils ont vraiment des problèmes et t’as l’impression qu’ils n’en ont pas. C’est quelque chose d’assez magique.

Pas trop déçu du résultat à la CAN ? [Le Sénégal a été éliminé par la Côte d’Ivoire en 8ème de finale?]

Si si si… (rires) Mais bon on l’a gagné il n’y a pas si longtemps [en 2022] donc c’est déjà très très cool.  

Interview : Jessie Nganga
Photographe : Felix Devaux
Assistant photo : Alex Mouchet
Direction Artistique : Naël Gadacha
Coordination Artistique : Iris Gonzales
Production : Alice Poireau-Metge & Nicolas Pruvost
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