“The Wildest Story You’ll Never Believe.” Ces mots inscrits sur l’affiche promotionnelle de Tiger King résument parfaitement la nouvelle série-documentaire à succès de Netflix. Depuis plusieurs années, la plateforme américaine enchaîne les succès sur ce format, que ce soit avec Making a Murderer, Wild Wild Country, Don’t Fuck With Cats ou encore l’extraordinaire Grégory. Mis en ligne il y a deux semaines, Tiger King est le digne successeur de ces créations originales, en devenant très rapidement un véritable phénomène viral aux États-Unis. Et si Netflix nous a habitué à explorer les bas-fonds de l’Amérique White Trash, sa nouvelle série-documentaire explose tout ce qu’il s’est déjà fait en la matière. Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, à savoir la galerie de personnages surréalistes qui font le sel la série, attardons-nous sur ce le fil conducteur de Tiger King.
La série réalisée par Eric Goode et Rebecca Chaiklin s’intéresse à la descente aux enfers de Joe Exotic, un propriétaire d’un zoo miteux dans l’Oklahoma. Passionné de “big cats”, en l’occurence des tigres, Joe est gay, polygame, chanteur de country, passionné par les armes à feu et arbore un mulet en guise de coupe de cheveux. Personnage complètement décalé, aussi paranoïaque que flamboyant, Joe Exotic se retrouve accusé du meurtre de Carole Baskin, son ennemie jurée, qui dirige une association de défense de la cause animale. Cette dernière est par ailleurs soupçonnée d’avoir fait “disparaître” son mari millionnaire. Relatant des faits se déroulant au tournant des années 1990-2000, Tiger King est une plongée dans l’univers sordide et absurde des propriétaires de félins aux États-Unis, sur fond d’enquête criminelle et de disparitions étranges.
Si l’enquête autour de la culpabilité de Joe Exotic se révélé intéressante, la série Netflix offre ses plus grands moments grâce aux nombreux personnages qui semblent sortis de l’imagination des meilleurs scénaristes hollywoodiens. On croise ainsi des rednecks haut-en-couleur, comme un escroc échangiste, un propriétaire de boîte de nuit qui bosse pour le FBI, un dealer cubain propriétaire de tigres, un leader de secte polygame ou encore un dirigeant de zoo qui paye des implants mammaires à ses dresseuses obligatoirement vierges. Les différents protagonistes de Tiger King offrent ainsi une photographie brute de l’Amérique périphérique, oubliée des élites, qui a massivement voté pour Donald Trump lors des dernières élections.
Dans une interview accordée au New York Times, Eric Goode confie que le succès de sa série est pour le moins logique : “Comment ne pas être fasciné par la polygamie, les drogues, le culte de la personnalité, les tigres et un meurtre potentiel ?” Difficile de nier, tant les sept épisodes de Tiger King se dévorent intensément, encore plus en période de confinement. Si elle s’avère passionnante sur bien des points, cette nouvelle série-documentaire n’a pas manqué de faire réagir l’entertainement américain. Kanye West et Kim Kardashian ont par exemple demandé la libération de Joe Exotic, tandis que Cardi B a proposé de lancer une cagnotte pour libérer le fantasque propriétaire de zoo, toujours emprisonné aujourd’hui. Véritable phénomène culturel de l’autre côté de l’Atlantique, Tiger King est bien l’une des affaires judiciaires les plus improbables de l’histoire du petit écran.
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