À 39 ans, le quarterback des New England Patriots s’apprête à disputer son septième Super Bowl. Personnalité médiatique de premier ordre aux Etats-Unis, Tom Brady divise l’opinion comme personne avant lui. Décryptage du sportif le plus polarisant du sport américain.
Tom Brady est-il le plus grand quarterback de tout les temps ? Le Super Bowl 51 permettra de donner une réponse claire à la question qui est sur les lèvres de tous les journalistes américains depuis plusieurs semaines. Avec pour l’instant 4 bagues de champion (seul les légendes Joe Montana et Terry Bradshaw en comptent autant), Tom Brady a l’occasion cette nuit de devenir le QB le plus titré de l’histoire du jeu. Un exploit qui inscrirait encore plus Brady dans la légende de la NFL. Après 16 ans de carrière faite de multiples hauts sur les terrains, mais également de multiples bas en coulisse, Tom Brady est une figure populaire qui déchaîne les passions aux Etats-Unis. Le golden boy sorti de nul part qui rafle tout en NFL et qui épouse l’une des mannequins les plus célèbres au monde doit composer avec une image trouble de tricheur, au sein de l’équipe la plus honnie des Etats-Unis.
Une success story perpétuelle
Arrivé en NFL après 4 années à cravacher en NCAA (le championnat universitaire) à la mythique université de Michigan, Tom Brady commence par faire ricaner de nombreux observateurs. Trop lent, trop limité, pas assez puissant, pas assez précis, il ne convainc pas lors des tests physiques d’avant Draft de l’année 2000. Il est sélectionné par la franchise des New England Patriots en 199ème position (!), et devient le 4ème choix dans la hiérarchie des QB de l’équipe.
Un concours de circonstance fera de Brady le titulaire dès la deuxième journée de sa deuxième saison professionnelle, en 2001. Six mois plus tard, il emmène les Patriots au Super Bowl face à l’équipe qui terrorise la ligue à l’époque, les Rams de Saint-Louis. Pas impressionné, le gamin de San Mateo livre un match proche de la perfection et offre le premier titre de l’histoire à la franchise du Massachusetts, qu’il assortira d’un titre de MVP de la rencontre. La première pierre de la dynastie de New England est posée, suivront trois autres titres (en 2003, 2004 et 2014), ainsi que deux autres apparitions au Super Bowl, soldées par des défaites (2007 et 2011, à chaque fois face au New York Giants).
Détenteur d’un nombre de records statistique hallucinants, Tom Brady s’est imposé au fil du temps comme l’un des meilleurs quarterback de tout les temps. Son style de jeu se rapproche plus d’un métronome que d’un showman, Brady faisant très rapidement la passe pour ses receveurs, tout en restant confortablement dans sa poche. Extrêmement costaud mentalement, son intelligence de jeu défit l’entendement (il était surnommé «IBM» par son ancien coordinateur offensif) et lui permet d’avoir un taux de passe complété ahurissant. Pas spécialement monstrueux d’un point de vue athlétique, Brady compense ce déficit par une précision millimétrée et une vison de jeu stratosphérique.
Bluffant de longévité, les New England Patriots doivent avant tout leur réussite au duo Belichik-Brady. Le head coach et le quarterback collaborent depuis seize années, une longévité jamais vue dans l’histoire de la NFL. Ce tandem a contribué à placer New England sur la carte du football américain, et à faire des Patriots l’une des franchises les plus médiatiques du pays. Et qui dit succès et célébrité, dit jalousie. Tom Brady est en effet le sportif américain qui cristallise le plus de tensions, et ce, pour de nombreuses raisons.
Une image de plus en plus ternie
Beau gosse millionnaire, marié à la mondialement connue Gisele Bündchen, père de beaux enfants : Trop lisse, trop gendre idéal, trop « parfait », Tom Brady agace une grande partie des fans de la NFL. Le joueur a récemment réussit l’exploit d’être élu joueur le plus aimé ET joueur le plus détesté de la ligue dans le même sondage ! Le quarterback agace autant qu’il fascine. Sur le plan sportif le désamour dont souffre Brady peut facilement s’expliquer. Tout simplement trop fort, le QB de New England écoeure les autres franchises de par sa maestria et sa domination. Sa fâcheuse tendance à beaucoup discuter avec l’arbitre ne joue également pas en sa faveur…
Au moment d’évoquer Tom Brady, un mot suffit à cristalliser les violentes tensions dont il est l’objet : « Deflategate ». En 2015, New England est en finale de conférence (le vainqueur du match va au Super Bowl) face aux Indianapolis Colts. Brady et les Pats marchent sur leur adversaire (45-7) et filent vers un nouveau sacre deux semaines plus tard face aux Seahawks de Seattle. Toutefois, cette démonstration de force interroge. Accusés d’avoir dégonflé les ballons lancés par Brady afin de les rendre plus faciles à capter pour les receveurs, les Patriots seront finalement reconnus coupables par la ligue le 25 avril dernier. Ecopant de seulement quatre matchs de suspensions, Brady se retrouve malgré tout au cœur d’un scandale national. C’est bien simple, tout le pays a une opinion sur ce « Deflategate ». Deux ans après les faits, Brady continue de nier qu’il ait été au courant de cette tricherie. Son image, ainsi que celle des Patriots, en furent définitivement écornées.
Plus récemment, c’est son amitié avec le nouveau président des Etats-Unis qui fait polémique. La veille de sa victoire lors de l’élection présidentielle, Donal Trump raconte qu’il a reçu un coup de téléphone de Tom Brady au cours duquel le quarterback lui annonçait fièrement qu’il avait voté pour lui. Il est vrai que les deux hommes se connaissent depuis très longtemps, ce que Brady a expliqué dans les médias il y a une dizaine de jours : « Je l’ai déjà appelé, oui, par le passé. Je le connais. Il m’a toujours soutenu, depuis longtemps. C’est juste une histoire d’amitié. J’ai beaucoup d’amis et je parle à beaucoup de gens. Pourquoi tout le monde en fait une telle affaire ? Je ne comprends pas ». Un soutien bien malvenu étant donné le contexte actuel.
Ce Superbowl 51 marquera l’opposition entre deux Amériques, celle des WASP (White Anglo-Saxon Protestant) de la bourgeoise Boston, contre celle de la « Black Mecca » d’Atlanta. En cas de victoire cette nuit à Houston, Tom Brady aura l’occasion de devenir le G.O.A.T, the Greatest Of All Time. L’occasion de dépasser sportivement la légende Tony Montana et de définitivement inscrire son nom au panthéon du sport américain. Cela suffira-t-il à effacer la haine, la rancœur et la controverse qui flotte autour de sa personne ? Rien n’est moins sûr.